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Energies vertes : la Chine en passe de prendre le leadership

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  • Energies vertes : la Chine en passe de prendre le leadership

    13 janvier 2010
    En visite en Chine, l’éditorialiste du New York Times Thomas Friedman laisse percer sa stupéfaction devant l’ampleur et la rapidité de mise en œuvre des programmes d’énergie nouvelles. La Chine, indique-t-il, a fait un choix stratégique : pour répondre à ses immenses besoins énergétiques, elle veut passer directement aux technologies propres, prenant de vitesse le vieux monde et les USA, pour lesquels le problème se pose en termes de reconversion. En un an, le prix du kilowatt/heure solaire est passé de 59 à 16 centimes de dollars, note Friedman, qui rapporte également comment les autorités chinoises ont finalisé un contrat de construction de centrales solaires avec une startup californienne en moins de temps qu’il n’en fallait pour seulement déposer aux USA un dossier sur un projet 20 fois plus petit.
    Par Thomas Friedman, New York Times, 9 janvier 2010
    C. H. Tung, le premier gouverneur chinois de Hong Kong après la rétrocession en 1997, m’a résumé en trois phrases l’histoire économique moderne de la Chine : « La Chine était endormie pendant la révolution industrielle. Elle a commencé à se réveiller pendant la révolution des technologies de l’information. Elle a l’intention de participer pleinement à la révolution verte. »
    J’aurais dit la même chose. Voyageant en Chine en ce moment même, je suis plus convaincu que jamais que lorsque les historiens se pencheront sur la fin de la première décennie du 21ème siècle, ils affirmeront que l’évènement clé n’était pas la grande récession, mais le grand bond en avant écologique chinois. Les dirigeants du pays ont clairement compris que la révolution des Technologies de l’Energie (T.E) est à la fois une nécessité et une opportunité, et ils n’ont pas l’intention de la manquer.
    En revanche, nous nous apprêtons à reconstruire l’Afghanistan. Bonne chance.
    O.K., c’est un argument facile. Mais en voilà un qui ne l’est pas : Andy Grove, co-fondateur d’Intel, aime à dire que les entreprises arrivent à des « points stratégiques d’inflexions, » où les fondamentaux d’un business changent. Soit elles prennent la décision difficile d’investir alors que l’activité est ralentie et se placent sur une trajectoire plus prometteuse, soit elles ne font rien et vont péricliter. La même chose se vérifie avec les pays.
    Les Etats-Unis se retrouvent à un tel point d’inflexion. Soit nous instaurons une taxation sur le carbone et mettons en place de bonnes réglementations incitatives pour permettre à l’Amérique d’être le principal compétiteur/partenaire de la Chine dans la révolution des T.E., soit nous allons graduellement céder cette industrie à Pékin, tout comme les emplois et la sécurité énergétique qui vont avec.
    Le président Obama va-t-il mener à son terme la réforme de la sécurité sociale pour ensuite mettre de côté la législation sur l’énergie - ainsi que la taxation du carbone - que le Congrès a déjà votée afin d’affronter les élections de mi-mandat sans que les Républicains se mettent à hurler contre les « nouvelles taxes » ? Ou va-t-il mettre à profit cette période pré-électorale - sans doute sa dernière fenêtre de tir pour rassembler une majorité au Sénat, y compris certains Républicains - pour fixer un prix sur la tonne de carbone et mettre en place un véritable modèle américain pour la sécurité et l’innovation énergétique ?
    J’ai été stupéfait en apprenant le nombre de projets qui ont germé en Chine dans l’éolien, le solaire, les transports en commun, le nucléaire et les centrales à charbon encore plus efficaces, au cours de la seule année 2009.
    Voici un e-mail de Bill Gross, président d’eSolar, une prometteuse start-up californienne dans le domaine du solaire thermique : samedi, à Pékin, Gross a annoncé « le plus gros contrat dans le solaire thermique jamais signé. C’est un contrat de 5 milliards de dollars pour construire en Chine des centrales de 2 gigawatts avec notre technologie californienne. La Chine agit bien plus résolument que les Etats-Unis. Nous avions postulé pour un prêt [du département américain de l’énergie] pour un projet de 92 mégawatts dans le Nouveau-Mexique, et en moins de temps qu’il en fallait pour accomplir la première étape de cette demande, la Chine a signé, approuvé et était prête à commencer la construction cette année d’un projet 20 fois plus gros ! »
    Oui, le changement climatique est un problème pour Pékin, mais les dirigeants chinois savent dès maintenant que leur pays est en plein milieu de la plus grande vague de migration de population des campagnes vers les centres urbains de l’histoire de l’humanité. Cela entraine une augmentation de la demande énergétique que la Chine est déterminée à faire coïncider avec l’exploitation de sources plus propres et localisées sur son territoire de manière à ce que dans le futur son économie soit moins vulnérable aux chocs liés à l’approvisionnement et qu’elle ne se pollue pas elle-même jusqu’à la mort.
    Rien que l’année dernière, la Chine a vu naître tant de nouveaux fabricants de panneaux solaires que le prix de l’énergie solaire a chuté de près de 59 cents de dollars à 16 cents le kilowatt-heure, indique Keith Bradsher le responsable du bureau chinois du New York Times. Dans l’intervalle, la Chine a annoncé avoir testé le train le plus rapide du monde - 350 kilomètres à l’heure - de Wuhan à Guangzhou. Bradsher note que la Chine « a presque terminé la construction d’un tronçon de rails à grande vitesse de Pékin à Shanghai pour la somme de 23,5 milliards de dollars. Les trains couvriront ce tronçon de plus de 1100 kilomètres en 5 heures, contre 12 heures aujourd’hui. Par comparaison, les trains d’Amtrak mettent au moins 18 heures pour parcourir la même distance de New York à Chicago. »
    La Chine est aussi engagée dans le programme de construction de centrales nucléaires le plus rapide au monde. On s’attend à ce qu’elle installe près de 50 nouveaux réacteurs nucléaires d’ici 2020, alors que le total pour le reste du monde pourrait n’être que de 15.
    « A la fin de la décennie, la Chine sera la première au monde pour la fabrication d’équipements de production d’énergie, dans tous les domaines, » affirme Andrew Brandler, le président de CLP Group, l’entreprise de production d’énergie la plus importante de Hong Kong.
    La Chine va ainsi produire des technologies à énergie propre moins onéreuses, pour elle-même et pour tous les autres. Mais même les experts chinois vous diront que tout cela arrivera plus rapidement et plus efficacement si la Chine et l’Amérique travaillent ensemble. Les Etats-Unis se spécialisant dans la recherche et l’innovation, dans lesquelles la Chine a encore des faiblesses, ainsi que dans les investissements et la vente des nouvelles technologies propres, la Chine se spécialisant quant à elle dans la production en masse.
    Nous avons affaire à un point d’inflexion stratégique. Il est clair que si l’Amérique se préoccupe de sa sécurité énergétique, sa puissance économique et sa qualité environnementale, elle doit mettre en place sur le long terme une taxe sur le carbone qui stimule et récompense les innovations dans le domaine des énergies propres. Nous ne pouvons nous permettre d’être assoupi à côté d’une Chine revigorée et complètement réveillée.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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