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Alzheimer: des médicaments contestés

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  • Alzheimer: des médicaments contestés

    En Grande Bretagne, il y a eu une polèmique concernant l'efficacité de médicaments employés pour la maladie d'Alzheimer. Le NICE qui est l'agence de surveillance des médicaments préconisent le non remboursements de médicaments tels que Le Donepezil, la Rivagstigmine, la Galantamine qui font partie de la classe des médicaments dits anticholinestérasiques. Elle argue le fait de l'efficacité jugée médiocre.

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    Le National Institute for Clinical Excellence (Nice), agence gouvernementale de surveillance des médicaments, a – indirectement – confirmé hier la médiocre efficacité des médicaments contre la maladie d'Alzheimer. Le sujet est délicat. En mars 2005, le Nice avait annoncé la couleur en suggérant au gouvernement de ne pas faire financer par le National Health Service, responsable de la politique de santé, l'achat de ces médicaments du fait de leur trop faible rapport coût-efficacité.

    Cette fois, Andrew Dillon, le patron du Nice, met son gouvernement au pied du mur, en proposant de refuser, au vu de nouvelles données récemment publiées, l'accès aux médicaments à de nombreux malades. La décision finale appartiendra au ministre de la Santé. Le Donepezil, la Rivagstigmine, la Galantamine font partie de la classe des médicaments dits anticholinestérasiques. Ils bloquent l'activité de l'enzyme qui dégrade naturellement, dans le cerveau, un neurotransmetteur, l'acétylcholine, très impliqué dans les processus d'apprentissage et de mémoire. En prolongeant la durée de vie de l'acétylcholine, on espère stabiliser ou augmenter les fonctions cognitives des malades. Ces médicaments, qui ont, lors d'essais cliniques, fait la preuve d'une efficacité modeste, pour un petit pourcentage de malades, et pendant une période courte comparativement à l'évolution longue de cette démence, sont autorisés à la prescription en France et au Royaume-Uni.

    La recommandation du Nice de ne pas rembourser les médicaments aux nouveaux malades récemment diagnostiqués, ni aux formes les plus sévères, a fait hurler les associations : «les malades ne seront éligibles pour les médicaments qu'à partir du moment où ils perdent leur autonomie, et cela mettra leurs médecins dans une situation intenable. Ils devront attendre que les malades aillent mal pour leur donner des médicaments censés justement retarder l'aggravation !» a estimé l'Alzheimer Society.

    La nouvelle proposition du Nice s'est fondée sur des données inédites des fabricants des médicaments, sur une étude coût-efficacité publiée récemment dans The Lancet et sur plusieurs méta-analyses combinées d'essais cliniques.

    En France, la Cour des comptes s'était déjà inquiétée en 2003 de l'usage de ces médicaments contre la maladie d'Alzheimer, qu'elle jugeait «onéreux» et «d'intérêt limité». La commission de transparence avait jugé alors qu'ils apportent une amélioration minime des tests psychométriques par rapport au placebo, et qu'il n'était pas démontré que leur administration stoppe ou ralentisse la progression de l'affection. L'an dernier, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) avait réévalué à la baisse l'un d'eux, la galantamine. Deux études menées sur 2 000 malades en Europe, en Australie et aux Etats-Unis montrent en effet que non seulement le produit ne retarde pas la survenue d'une démence, mais en plus, comme le rappelle dans son numéro de février 2006 (à paraître) la revue médicale indépendante Prescrire, «une surmortalité souvent de cause cardiovasculaire est apparue» avec ce produit. Quinze décès chez les malades traités ont été observés lors de ces études.

    Effets indésirables

    Pour Prescrire, «un essai comparatif d'une durée de trois ans, comparant le donepezil à un placebo, a montré que le donepezil ne retardait ni l'entrée en institution ni la perte d'autonomie chez les malades atteints d'une forme légère à modérée de maladie d'Alzheimer». Par ailleurs, ces trois médicaments sont entachés d'effets indésirables sévères, digestifs, neurologiques, cardiovasculaires. Plus grave, l'association d'anticholinestérasiques et de médicaments ralentisseurs du rythme cardiaque fait courir aux malades le risque de troubles du rythme et de la conduction cardiaque.

    En France, s'achemine-t-on vers un déremboursement ?

    Pour Bruno Dubois, directeur scientifique de France Alzheimer, ce serait un fantastique recul : «Ces médicaments ont eu un impact considérable pour médicaliser l'Alzheimer. Jusque-là, il n'y avait pas de démarche médicale, pas de filière de prise en charge des malades et des familles. La question que pose brutalement le Nice, c'est à partir de quand va-t-on laisser quelqu'un mourir de sa maladie ? Si on va vers le déremboursement, le risque est de détricoter tous les réseaux mis en place autour des malades.» Averti de cette actualité, le collège scientifique de la Haute Autorité de santé, qui se réunit ce matin, a mis à l'ordre du jour le sujet. Une décision de déremboursement ne pourrait être que politique.

    Par le Figaro
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