Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Quand l'Opep courtise le premier producteur mondial

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Quand l'Opep courtise le premier producteur mondial

    Par Pierre Tenaud, 21 janvier 2010

    Cela fait déjà un an que la Russie et l'Opep se tournent autour. En décembre 2008, on sentait venir si ce n'est une adhésion russe à l'Opep, du moins un partenariat. Depuis, plus rien. Pourtant, l'enjeu de cette adhésion prend de plus en plus d'importance. La Russie est devenue le premier producteur mondial de pétrole. Exit les pays du Golfe ou le Venezuela.
    Ce n'est donc plus un des membres de l'Opep qui produit le plus de barils. L'Arabie saoudite, longtemps principal producteur, respecte les critères de l'Opep. Ce sont ces quotas qui lui ont coûté la position de premier producteur mondial d'or noir.
    Quel est l'intérêt de l'Opep ?
    Plus il y a de membres, plus l'Opep rit. L'objectif du cartel étant de maîtriser le niveau de production mondiale, plus il y a de partenaires qui respectent ses politiques, plus ses décisions ont d'impact. En jouant sur l'offre de pétrole, l'Opep joue naturellement sur les prix.
    C'est d'ailleurs là tout l'intérêt du cartel, qui se réunit pour fixer des quotas qui maximiseront son profit. Mais si un grand pays comme la Russie ne se plie pas à ces restrictions, la politique de l'Opep s'avère totalement inefficace, voire pénalisante. Ainsi, l'Opep a demandé à l'Arabie saoudite de réduire sa production.
    Dans le même temps, le géant russe a dopé la sienne et a quasiment compensé la baisse saoudienne. Bilan : un manque à gagner important pour l'Arabie saoudite tandis que l'effet sur les prix a été sabordé. Depuis quelques mois, l'Opep fait donc du pied à la Russie pour qu'elle se joigne à elle et l'aide dans son entreprise de contrôle du marché et des prix du pétrole.
    Pourquoi les Russes n'intègrent pas l'Opep ?
    La Russie aurait donc apparemment tout intérêt à rentrer dans l'Opep. Pour les producteurs, la cartellisation est synonyme de bénéfices maximisés. Mais l'Opep a perdu de sa splendeur. Dans les années 1970, l'organisation faisait la pluie et le beau temps sur le marché.
    Désormais, les pays membres ne représentent environ que 40% de la production mondiale de pétrole après l'émergence de nouveaux acteurs comme le Brésil ou la Chine et à la montée en puissance de la Russie. Trop peu pour maîtriser les prix. En revanche, l'action du cartel a un véritable impact. Les pays membres disposent de 75% des réserves mondiales. La faiblesse de leur production par rapport à leurs réserves montre à quel point ils ferment les vannes et restreignent l'offre.
    Cela pousse les prix à la hausse. La Russie, en restant à l'écart, peut donc profiter des effets des quotas sans en connaître les maux. En rejoignant l'Opep, la Russie devrait réduire sa production drastiquement et perdrait ainsi une manne financière qu'elle ne semble pas du tout prête à céder.
    La Russie profite des prix élevés
    En juin dernier, Vagit Alekperov, le président de Lukoil, première entreprise russe en terme de production pétrolière, se félicitait : "Les prix du pétrole ont grimpé grâce aux efforts de l'Opep. Nous sommes ravis", tout en précisant que la Russie n'intégrerait pas l'organisation dans un futur proche.
    Son vice-président, Leonid Fenud, se désolait d'ailleurs de cet état de fait : "Si la Russie rejoignait l'Opep, nous pourrions définir le prix du pétrole très précisément. Nous pourrions décider que demain le prix du baril sera de 100 $. Malheureusement, les leaders politiques russes n'empruntent pas cette route."
    Pour le consommateur, le refus de la Russie est un bon signe. En continuant à accroître sa production nationale, la Russie sape une partie du travail de l'Opep et contribue à réduire les risques de flambée du baril. Pour l'investisseur qui s'intéresse au marché du pétrole, il devient de moins en moins important de s'attacher à suivre les réunions et décisions de l'Opep maintenant, la Russie mène la danse.
    En revanche, une annonce surprise d'une adhésion de la Russie au cartel pétrolier serait un signe fort pour une remontée des prix du baril.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
Chargement...
X