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Légalisation de la légitime défense en Italie

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  • Légalisation de la légitime défense en Italie

    La droite italienne a légalisé la légitime défense et désormais une victime pourra recourir à la force si elle estime que sa vie ou ses biens sont en danger. La gauche ainsi que les magistrats étaient opposés à cette loi estimant que c'était à l'Etat de se porter garant de la sécurité publique.

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    Luciano Toffanin est soulagé. Ce retraité de 66 ans comparaît en justice pour avoir blessé d'une décharge de chevrotines un cambrioleur surpris, en pleine nuit, à son domicile, dans une banlieue isolée de Padoue. En voyant le malfaiteur frapper sa femme, Luciano était remonté précipitamment dans la chambre à coucher pour prendre son fusil de chasse. Un bras déchiqueté par les plombs, le voleur l'a traîné en justice et lui réclame aujourd'hui d'importants dommages et intérêts.

    La nouvelle loi légalisant la légitime défense le mettrait à l'abri de poursuites judiciaires si les faits se passaient aujourd'hui. Luciano Toffanin sait qu'elle n'a aucune valeur rétroactive. Il espère toutefois que le tribunal se montrera compréhensif.

    Maria Rosa Barghazi (61 ans) n'est pas d'accord avec cette loi. Le 20 juillet 1999, son mari, Ezio Bartocci, était tué dans sa bijouterie de Milan par deux truands qui tentaient de le braquer : «Je suis certaine que mon mari n'aurait jamais voulu posséder une arme. Il me disait toujours : un bandit qui en voit une devient encore plus dangereux. Il tire, même s'il n'en avait pas l'intention.»

    2 millions d'armes à feu


    Par 244 voix contre 175, la Chambre des députés a définitivement approuvé mardi après-midi la loi autorisant la victime d'une agression à recourir à la force si elle estime que sa sécurité ou ses biens sont menacés. L'agression doit se dérouler à l'intérieur de son domicile ou encore dans son commerce, son bureau ou son studio professionnel. La loi reconnaît à l'agressé le droit de réagir en «état de nécessité», d'une manière «proportionnée au danger». S'il blesse ou tue son agresseur, il n'ira plus en prison, à condition toutefois que l'agression soit caractérisée et que son auteur ne se soit pas rendu entre-temps ou ne soit pas en train de fuir.

    Il s'agit d'un changement radical par rapport à la législation antérieure plaçant agresseur et agressé sur un pied d'égalité devant la loi et rendant passible de poursuites pénales quiconque s'opposait par la force à une effraction commise à main armée.

    La Ligue du Nord tenait beaucoup à ce nouveau texte. Devant la recrudescence d'attaques à main armée à l'issue sanglante dans les grandes métropoles du Nord, cette formation populiste en a fait le fer de lance de sa campagne sécuritaire. Le garde des Sceaux, Roberto Castelli, l'un de ses trois représentants dans le gouvernement Berlusconi, ne cachait pas sa satisfaction : «A partir d'aujourd'hui, les agresseurs devront avoir quelques craintes en plus et les personnes honnêtes quelques problèmes en moins. Les braves gens ne devront plus avoir peur de subir l'enfer de procès injustes parce qu'ils ont tenté de se défendre.»

    Le centre gauche, les syndicats de policiers et de magistrats sont, en revanche, hostiles à cette loi, estimant que l'Etat doit être le garant de la sécurité publique. «C'est la logique du Far West qui prévaut», affirment les partis de gauche. L'Italie compte 2 millions de détenteurs d'armes à feu, dont 800 000 chasseurs.

    Par Le Figaro
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