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Le sang de cordon ombilical au coeur du débat

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  • Le sang de cordon ombilical au coeur du débat

    Considéré il y a peu de temps encore comme un «déchet hospitalier», le sang de cordon ombilical est aujourd'hui au centre d'un débat passionné en France. Ces quelques dizaines de millilitres de sang provenant du placenta, qui peuvent être récupérés juste après l'accouchement, contiennent en effet de précieuses cellules souches.

    L'une des questions épineuses est de savoir s'il faut stocker les échantillons uniquement dans des banques publiques, avec un fonctionnement gratuit et solidaire comme pour toutes les greffes d'organes. Ou si peut aussi se développer un système privé, payant, pour un usage plutôt personnel ou intrafamial.

    Dans le monde, de nombreuses banques privées proposent aux parents, moyennant une somme de l'ordre de 2 000 euros pour vingt ans, de conserver le sang de cordon de leur enfant, dans l'optique de pouvoir le soigner un jour avec ses propres cellules s'il devait déclarer une grave maladie. En France, où l'on considère que cette médecine régénérative n'a pas fait ses preuves, le système de stockage est uniquement public, pour pratiquer des greffes allogéniques - d'un individu à un autre -, dans le cadre de leucémies ou de maladies rares.

    Récemment, une proposition de loi du député Damien Meslot (Territoire de Belfort) a jeté un pavé dans la mare. Appuyé par plusieurs scientifiques de renom, le député a proposé d'autoriser la création de banques privées sur le territoire. Cosignée par 58 députés, cette initiative a mis vent debout des sociétés savantes de médecins et l'Agence de biomédecine, qui encadre les activités de greffe de France. «Ce n'est pas la peine de faire conserver, moyennant finance, le sang de votre bébé pour pouvoir le soigner dans l'avenir», a martelé la directrice générale de l'agence, Emmanuelle Prada-Bordenave, lors d'une conférence de presse jeudi. «Aujourd'hui, la médecine régénérative n'en est qu'à ses balbutiements. Présenter des recherches comme des résultats acquis est inexact.»

    Le Pr Noël Milpied, président de la Société française de greffe de moelle et de thérapie cellulaire, est sur la même ligne. «Les greffes de sang de cordon peuvent sauver la vie des autres, mais n'ont pas d'intérêt pour soi et sa famille, insiste-t-il. Sur 230 essais cliniques dans le monde avec des cellules de sang de cordon, seulement trois concernent des greffes autologues (pour un même individu, NDLR), dans le cadre de diabète ou d'atteinte cérébrale.» En revanche, les allogreffes de sang de cordon sont une alternative reconnue à la greffe de moelle osseuse, et leurs résultats sont comparables, précise-t-il. En 2008, 241 greffes de sang de cordon ont ainsi été réalisées en France, «leur nombre a été multiplié par 5 en cinq ans», note Noël Milpied.

    Malgré des progrès, la France n'est pas très en avance dans ce domaine. Moins de 10 000 échantillons de sang de cordon sont stockés, quand 30 000 seraient nécessaires, admettent les autorités. 64 % des cordons greffés viennent de pays étrangers (comme pour les greffes de moelle, il existe un réseau mondial afin de trouver les greffons les plus compatibles sur le plan immunologique).

    Cinq banques actives

    Sur le territoire, cinq banques sont actives, et seulement une dizaine de maternités - publiques ou privées - collectent. Un nombre qui devrait passer très prochainement à une vingtaine, selon la directrice de l'Agence de biomédecine, qui note que l'objectif est d'arriver à une maternité par département. Selon elle, le gouvernement fait un gros effort financier dans ce domaine.

    «J'ai souhaité ouvrir le débat parce que la France était en avance et que maintenant elle est en retard, se justifie le député Meslot. Si le secteur public pouvait faire face, pourquoi pas, mais il en sera incapable. Faire appel au privé, bien évidemment dans un cadre réglementaire, pourrait faire avancer les choses. Et, pourquoi pas, faire prendre en charge les coûts par les mutuelles.» Les propositions du député Jean Leonetti en prévision des prochaines lois bioéthiques, rendues publiques jeudi, ne vont pas dans ce sens.

    Un traitement pour 85 maladies

    Le sang de cordon est aujourd'hui surtout conservé pour ses cellules souches hématopoïétiques qui sont des précurseurs des cellules sanguines. Celles-ci sont principalement utilisées pour des greffes allogéniques, c'est-à-dire d'un individu à un autre. Actuellement, 85 indications sont validées ; d'une part, dans le cadre de maladies graves du sang comme les leucémies aiguës, les leucémies chroniques et les lymphomes ; d'autre part, lors de maladies héréditaires (anémie de Franconi, déficits immunitaires congénitaux…).

    Récemment, des chercheurs ont réussi à reprogrammer ces cellules hématopoïétiques spécialisées pour les transformer en cellules capables de se différencier en pratiquement n'importe quel type de tissu (comme le font des cellules souches embryonnaires). À terme, ces travaux ouvrent de nouvelles perspectives thérapeutiques.

    Le sang de cordon contient d'autres types de cellules souches qui font l'objet de recherches à des fins de médecine régénérative. Les cellules souches mesenchymateuses sont ainsi susceptibles de se différencier en os, cartilage, foie, tissu nerveux…

    Par Le figaro
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