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Blick Bassy, l’âme du Cameroun, en Algérie

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  • Blick Bassy, l’âme du Cameroun, en Algérie

    Après Constantine, Blick Bassy a transporté, jeudi dernier, le public algérois vers les terres de ses ancêtres en faisant un petit crochet sympathique par le Cameroun, son village, à la quête de ses valeurs ancestrales, ses racines et ses amours. Sa musique colorée, partagée entre ballades aériennes et rythmes endiablés, faits de transes a créé de l’émotion dans la salle. Celle-ci était bien palpable.

    C’est la seconde fois que Blick Bassy vient en Algérie. Il a participé, en juillet dernier, au spectacle de clôture du Panaf 2009, Mama Africa, signé Farid Aouamer. Mais aujourd’hui c’est seul, avec sa formation, qu’il tente de séduire le public. Un passage fort réussi.

    Déjà, au mois de juillet, il était notre coup de coeur à cette soirée. Jeudi, c’est sans difficulté qu ‘il mettra le feu à la salle Cosmos de Riadh El Feth. Le concert oscillait entre sonorités mélancoliques et folie sauvage. L’entame du concert se fait juste avec un gumbri et la voix sensuelle de Blick Bassy, avant d’être accompagnée par le reste du groupe. Etoile de la World Music et ambassadeur des sonorités afros, Blick Bassy est considéré comme un virtuose de la musique et un exemple pour de nombreux jeunes artistes en quête de reconnaissance.

    Artiste musicien exceptionnel, il est aussi un producteur et dénicheur de talents (koppo, rap-conteur,...). Chanteur, guitariste et arrangeur camerounais, Blick Bassy a commencé sa carrière solo en 2005 à son arrivée en France. L’artiste a collaboré, entre autres avec Manu Dibango, Cheikh Tidiane Seck, Keziah Jones, No Bluff Sound, Etienne Mbappé et Lokua Kanza. Ce soir, il nous interprétera les morceaux de son premier album solo sorti en 2009, Léman, où, l’artiste dit s’être inspiré des griots maliens qu’il a été amené à rencontrer lors de ses voyages. Massé, Bolo, Maria, Mintaba, Donalina sont notamment les quelques morceaux qu’il chantera avec grâce et talent. Emotion pure et panache. Invoquée, l’âme de l’Afrique rayonnait chaleureusement sur la salle.

    Un peu de tristesse aussi pour raconter les malheurs du continent et nous exhorter à nous unir. Mais de la joie aussi. Après la musique, Blick Bassy nous parle, à la fin du concert, de ses textes, engagement et rôle de l’artiste...

    L’Expression: Un mot à chaud sur le concert de ce soir, le second après celui de Constantine...

    Blick Bassy
    : Je suis très content de l’accueil chaleureux qui m’a été réservé ici. Je ne m’attendais pas à voir la salle aussi pleine. C’est cette chaleur avec les gens qui nous permet d’aller plus loin. Quand émotion, sensation et bonnes ondes sont partagées avec le public, cela vous donne encore plus d’énergie pour vous donner aux autres.

    En plus de votre belle et très douce voix, vous abordez souvent dans vos chansons l’état actuel, pas très reluisant de l’Afrique. Peut-on connaître votre position là-dessus et les thèmes développés qui vous tiennent à coeur?

    On ne peut pas être quelqu’un de ma génération et ne pas être engagé, autrement, je pense que nous sommes conscients. La chance que j’ai, c’est de pouvoir voyager dans le monde et de faire pas mal de rencontres et de constater des situations de sociétés différentes. Ça me rend encore plus à l’évidence, que mon continent, l’Afrique, a de gros problèmes. Et si moi j’ai la chance d’être sous la lumière, il faut, au moins en parler. C’est le minimum que je puisse donner.

    Votre engagement se décline dans une langue hélas incomprise par la majorité d’entre nous...


    Je chante dans la langue bassa, une des 260 langues du Cameroun. Le fait que je chante exclusivement en langue bassa c’est déjà un engagement pour moi car jusqu’à aujourd’hui, je pense qu’on ne s’était pas rendu compte que le Cameroun est l’un des rares pays où l’on parle officiellement le français et l’anglais. On n’a pas de langue maternelle propre de chez nous. Si demain j’épouse une fille qui ne fait pas partie de ma tribu, on ne se comprendra pas. Nos enfants vont parler français parce qu’elle et moi allons parler français ou anglais. Je pense que dans 50 ans, la majorité de ces langues auront disparu.

    Cela voudra dire, perdre nos traditions, perdre nos liens qui nous renvoient à notre histoire.

    Donc pour moi, c’est important de garder cette langue. Car la langue apporte une couleur dans la musique, dans les mélodies. Chaque langue a ses intonations bien particulières. Les thèmes que j’aborde dans mes chansons, inspirés de mes différents voyages, me tiennent à coeur car me choquent, m’interpellent.

    Je suis quelqu’un de sensible et si j’ai la chance d’être sous la lumière j’essaie d’en parler. La première chanson que j’ai interprétée Africa, s’adresse aux Africains pour leur dire qu’il faudrait qu’on revienne à notre histoire et qu’on ne laisse personne nous la raconter, afin de mieux aborder l’avenir. Car si tu ne connais pas vraiment l’histoire de ton pays, tu ne connais pas tes traditions, on est comme égaré. Ce qui nous perd aujourd’hui en Afrique, est qu’on est venu nous dire que tout ce que vous avez est mauvais.

    Ce qu’ on aurait dû peut-être faire est de prendre une dose de ce qu’on nous ramène et l’appliquer dans ce qu’on avait déjà. On a perdu beaucoup de pratiques et valeurs ancestrales de nos grands-pères.. J’essaie de parler de ça dans mes chansons.

    Vous exhortez aussi les gens à rentrer au pays...

    Quand je parle d’«entrer» ce n’est pas forcément physiquement. Cela relève de la démarche d’apprendre d’où on vient, notre histoire, notre culture, nos véritables armes avant que l’étranger vienne nous donner une nouvelle version de notre histoire et nous, nous y croyons fatalement. Cela est arrivé à plusieurs reprises.

    Un mot sur votre participation à l’événement phare de l’année 2009, à savoir le Festival culturel panafricain à Alger...

    En effet, j’ai pris part à un événement dans lequel 8000 artistes se sont produits. Je n’avais jamais vu ça. Je pense que c’était très ambitieux de la part de l’Algérie d’abriter une telle manifestation.

    Je pense que s’il y avait de réels canaux de diffusion de nos musiques dans nos pays on n’ira pas vivre en France, notamment. On vivrait chez nous. On tournerait dans toute l’Afrique et on vivrait de notre métier. Je trouve que c’était une très belle initiative. j’espère qu’on n’attendra pas encore 40 ans pour revoir une telle initiative

    Croyez-vous en l’Union africaine?


    Bien sûr.Je crois en ça, mais je sais que c’est difficile mais ce n’est que comme ça qu’on pourra faire en sorte, d’une manière unie et uniforme, de coordonner une politique, c’est-à-dire quand je viens en Algérie, je n’aurai pas besoin de visa et vice versa.

    Par l'Expression

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