Depuis 2001, le Land de Berlin payent au sein de l'école publique des professeurs pour enseigner l'Islam en classe à ceux qui désirent y participer comme on choisit une option latin ou volley ball.
On recrute les enseignants en fonction des diplomes exigés mais le controle s'arrete là et on ne scrute pas plus que celà le contenu des discours et de l'enseignement. Il doit seulement respecter la Constitution allemande. Le controle du contenus des cours ne s'effectue pas, non pas par volonté mais plus par désaccord quand à la mise en place de ces cours et aussi parce que la loi ne l'exige pas.
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Des affiches de couleur sont punaisées aux murs de la salle de classe. Elles rappellent aux enfants quelques vérités ancestrales: «Allah a tout créé», «Devant Allah, tous les hommes sont égaux». Nous sommes dans une école publique de Wedding, quartier de Berlin populaire et à forte proportion d'immigrés. Le cours d'islam vient de commencer. Docilement, des élèves de sixième répètent, en allemand, la prière prononcée par leur professeur: «Je te remercie, Allah, de me garder en bonne santé, je te remercie, Allah, de m'avoir donné des parents aimants.» Maquette de la Kaaba à la main, l'enseignant explique ensuite à sa classe l'organisation du pèlerinage de La Mecque. «Chacun vient ici, à La Mecque, pour prier en paix, raconte Mustafa Özdemir. Il y est interdit de se disputer.»
Depuis la rentrée 2001, le Land de Berlin - en Allemagne, les Länder disposent de la compétence en matière d'éducation - paie ainsi des professeurs pour enseigner l'islam aux élèves qui le souhaitent. Les programmes de ces cours optionnels ont été élaborés non pas par l'autorité publique, mais par la Fédération islamique, un regroupement de 25 associations musulmanes. Le ministère régional de l'Education s'est contenté de vérifier, sur le papier, que leur contenu n'était pas contraire à la Constitution allemande et il a imposé, l'an dernier, que les enseignants - choisis par la Fédération islamique de Berlin - soient en possession de diplômes reconnus. Mais, pour le reste, hormis quelques contrôles ponctuels, il n'intervient pas. Non qu'il ne le veuille pas: il n'en a pas le droit. «Nous n'avons jamais voulu mettre ces cours en place, précise Jens Stiller, porte-parole du ministère. C'est un tribunal qui l'a exigé.»
En effet, les 4 400 élèves, du cours préparatoire à la sixième, qui fréquentent un enseignement sur l'islam dans 33 écoles publiques de Berlin, le doivent à la ténacité de la Fédération islamique, qui a bataillé pendant plus de vingt ans devant les tribunaux pour faire reconnaître ses droits: elle a fini par obtenir en 2000 le statut de «communauté religieuse», permettant aux musulmans de la capitale d'être traités de la même façon que les catholiques ou les protestants. En clair, le Land paie les professeurs, met des locaux à disposition et n'intervient que de loin dans l'élaboration des programmes.
Héritage d'une époque où l'Etat avait mis au pas tous les acteurs de la société, les Eglises catholique et protestante dispensent donc depuis la fin de la guerre un éveil à leur religion - et non une instruction religieuse - que veulent organiser aussi aujourd'hui les musulmans du pays. «Même si cela paraît inconcevable en France, cela ne posait pas trop de problèmes tant qu'il s'agissait de religions ancrées depuis des siècles dans notre société, constate Sanem Kleff, responsable de ces questions au Syndicat Education et science, GEW, et les autorités n'ont jamais vraiment cherché à savoir ce qu'il y avait dans les programmes. Mais, avec l'islam, c'est une autre histoire. Elles s'inquiètent: "Les islamistes prennent le pouvoir dans nos écoles et on ne peut pas les contrôler!"»
Inquiétude renforcée par le fait que la Fédération islamique est connue à Berlin pour entretenir des liens avec le mouvement radical turc Milli Görüs, bien implanté en Allemagne. Le vice-président de cette fédération, Burhan Kesici, ne le nie pas, mais il refuse d'y voir une menace: «Si nous tenions un discours radical aux enfants, cela se saurait très vite, dit-il. Nous enseignons un islam qui permettra aux uns et aux autres de mieux se comprendre.»
A l'école Rudolf-Wissel de Wedding, Mustafa Özdemir, le professeur de religion, tempère lui aussi: «Je tente d'aider mes élèves à trouver une identité culturelle et religieuse, dans le respect des valeurs de l'Allemagne. Ils doivent pouvoir dire “Je suis musulman” sans en avoir honte et sans que cela perturbe non plus la paix du pays.» Une volonté d'intégration que le gouvernement Schröder avait lui aussi soulignée, en 2000, lorsqu'il avait réformé le Code de la nationalité en introduisant le droit du sol aux dépens de celui du sang. Ce qui avait marqué une rupture avec la doctrine édictée par Helmut Kohl: «L'Allemagne n'est pas un pays d'intégration.» Désormais, il s'agit donc d'intégrer des populations qui ne «rentreront» pas chez elles. Mais comment? A l'instar de Berlin, la plupart des autres Länder tiennent à peu près le même langage: proposer un enseignement sur l'islam dans un établissement public devrait permettre de repousser l'influence de sociétés parallèles qui installent, elles, des écoles coraniques dans les arrière-cour.
Par l'express
On recrute les enseignants en fonction des diplomes exigés mais le controle s'arrete là et on ne scrute pas plus que celà le contenu des discours et de l'enseignement. Il doit seulement respecter la Constitution allemande. Le controle du contenus des cours ne s'effectue pas, non pas par volonté mais plus par désaccord quand à la mise en place de ces cours et aussi parce que la loi ne l'exige pas.
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Des affiches de couleur sont punaisées aux murs de la salle de classe. Elles rappellent aux enfants quelques vérités ancestrales: «Allah a tout créé», «Devant Allah, tous les hommes sont égaux». Nous sommes dans une école publique de Wedding, quartier de Berlin populaire et à forte proportion d'immigrés. Le cours d'islam vient de commencer. Docilement, des élèves de sixième répètent, en allemand, la prière prononcée par leur professeur: «Je te remercie, Allah, de me garder en bonne santé, je te remercie, Allah, de m'avoir donné des parents aimants.» Maquette de la Kaaba à la main, l'enseignant explique ensuite à sa classe l'organisation du pèlerinage de La Mecque. «Chacun vient ici, à La Mecque, pour prier en paix, raconte Mustafa Özdemir. Il y est interdit de se disputer.»
Depuis la rentrée 2001, le Land de Berlin - en Allemagne, les Länder disposent de la compétence en matière d'éducation - paie ainsi des professeurs pour enseigner l'islam aux élèves qui le souhaitent. Les programmes de ces cours optionnels ont été élaborés non pas par l'autorité publique, mais par la Fédération islamique, un regroupement de 25 associations musulmanes. Le ministère régional de l'Education s'est contenté de vérifier, sur le papier, que leur contenu n'était pas contraire à la Constitution allemande et il a imposé, l'an dernier, que les enseignants - choisis par la Fédération islamique de Berlin - soient en possession de diplômes reconnus. Mais, pour le reste, hormis quelques contrôles ponctuels, il n'intervient pas. Non qu'il ne le veuille pas: il n'en a pas le droit. «Nous n'avons jamais voulu mettre ces cours en place, précise Jens Stiller, porte-parole du ministère. C'est un tribunal qui l'a exigé.»
En effet, les 4 400 élèves, du cours préparatoire à la sixième, qui fréquentent un enseignement sur l'islam dans 33 écoles publiques de Berlin, le doivent à la ténacité de la Fédération islamique, qui a bataillé pendant plus de vingt ans devant les tribunaux pour faire reconnaître ses droits: elle a fini par obtenir en 2000 le statut de «communauté religieuse», permettant aux musulmans de la capitale d'être traités de la même façon que les catholiques ou les protestants. En clair, le Land paie les professeurs, met des locaux à disposition et n'intervient que de loin dans l'élaboration des programmes.
Héritage d'une époque où l'Etat avait mis au pas tous les acteurs de la société, les Eglises catholique et protestante dispensent donc depuis la fin de la guerre un éveil à leur religion - et non une instruction religieuse - que veulent organiser aussi aujourd'hui les musulmans du pays. «Même si cela paraît inconcevable en France, cela ne posait pas trop de problèmes tant qu'il s'agissait de religions ancrées depuis des siècles dans notre société, constate Sanem Kleff, responsable de ces questions au Syndicat Education et science, GEW, et les autorités n'ont jamais vraiment cherché à savoir ce qu'il y avait dans les programmes. Mais, avec l'islam, c'est une autre histoire. Elles s'inquiètent: "Les islamistes prennent le pouvoir dans nos écoles et on ne peut pas les contrôler!"»
Inquiétude renforcée par le fait que la Fédération islamique est connue à Berlin pour entretenir des liens avec le mouvement radical turc Milli Görüs, bien implanté en Allemagne. Le vice-président de cette fédération, Burhan Kesici, ne le nie pas, mais il refuse d'y voir une menace: «Si nous tenions un discours radical aux enfants, cela se saurait très vite, dit-il. Nous enseignons un islam qui permettra aux uns et aux autres de mieux se comprendre.»
A l'école Rudolf-Wissel de Wedding, Mustafa Özdemir, le professeur de religion, tempère lui aussi: «Je tente d'aider mes élèves à trouver une identité culturelle et religieuse, dans le respect des valeurs de l'Allemagne. Ils doivent pouvoir dire “Je suis musulman” sans en avoir honte et sans que cela perturbe non plus la paix du pays.» Une volonté d'intégration que le gouvernement Schröder avait lui aussi soulignée, en 2000, lorsqu'il avait réformé le Code de la nationalité en introduisant le droit du sol aux dépens de celui du sang. Ce qui avait marqué une rupture avec la doctrine édictée par Helmut Kohl: «L'Allemagne n'est pas un pays d'intégration.» Désormais, il s'agit donc d'intégrer des populations qui ne «rentreront» pas chez elles. Mais comment? A l'instar de Berlin, la plupart des autres Länder tiennent à peu près le même langage: proposer un enseignement sur l'islam dans un établissement public devrait permettre de repousser l'influence de sociétés parallèles qui installent, elles, des écoles coraniques dans les arrière-cour.
Par l'express
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