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Le ballon feuille de vigne

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    Le ballon feuille de vigne
    Par : Mustapha Hammouche

    J-2… J-1 du match Algérie-Côte-d’Ivoire. C’est ainsi que s’ouvraient les journaux de la radiotélévision officielle. On n’allait tout de même sacrifier le défi du siècle pour de vulgaires faits divers de corruption.
    Que valent quelques millions d’euros de Sonatrach ou du budget des Travaux publics devant l’enjeu d’aller plus que prévu dans le tournoi de Coupe d’Afrique de football ? Et puis cela tombe bien : le peuple, depuis longtemps convaincu de l’impunité de ses dirigeants, a soif de motifs de fête pour oublier la tragédie de sa condition.
    Aujourd’hui, c’est donc le jour J. Avec un peu de baraka, s’il en reste, ce sera J-3 de la demi-finale. Et les Algériens jubileront, loin des éphémères effrois suscités par l’ampleur des détournements quotidiens.
    L’équipe nationale de football joue le cache-sexe d’un système mis à nu dans sa profonde essence corruptrice. Le pouvoir suit, jour après jour, avec un ministre à demeure, les péripéties d’une équipe qui nous tient en haleine. Il la couvre d’attention, l’inonde d’euros et, en retour, elle nous relègue le saccage des hydrocarbures, du bitume et du thon au statut de potins de bistrot.
    Pour les dirigeants chargés de nous amuser à partir de l’Angola, comme pour les dirigeants qui “ne savent rien” des détournements qui touchent les budgets dont ils ont la tutelle, ceux qui crient “au vol” au lieu de crier “one, two, three” sont, au mieux, des gens qui “aboient”, comme l’a fait remarquer le ministre des Travaux publics, ou, au pire, des “traîtres”, selon l’expression de l’entraîneur de l’équipe nationale.
    Comme dans un jeu “d’objets cachés”, le principe est de nous faire compter jusqu’à trois, en anglais si possible, les yeux fermés, le temps que les objets en question soient bien dissimulés…
    À cause de cela, c’est devenu suspect d’être indifférent aux exploits footballistiques nationaux. Le patriotisme consiste à regarder vers Luanda ou Cabinda, non pas vers le siège de la Sonatrach ou le ministère des Travaux publics ! Le pouvoir mystificateur du football fait sa gloire : Madiou, un grand joueur et entraîneur de volley-ball, vient de s’éteindre sans susciter l’écho d’une appendicite d’un footballeur.
    Il faudra bientôt penser à une stèle pour ce groupe qui a su transformer un peuple en galerie ! Pourtant, le résultat importera peu. Les affaires, il y en a eu avant la Coupe d’Afrique, il y en a pendant et il y en aura après cette compétition. C’est juste que, tant que cela dure, elle permettra l’économie de chercher un autre point de fixation.
    Déjà que les affaires de corruption, qui donnent l’air de se succéder, fonctionnent en fait comme des couvercles successifs.
    Comme dans un processus géologique, la couche suivante cache la précédente : l’affaire Bouricha est étouffée, les affaires BCR et GCA qui, à leur tour, sont éclipsées par les affaires du thon, de l’autoroute et de Sonatrach…
    Il se peut que certains même attendent, depuis bientôt vingt ans, la conclusion de la fameuse affaire du bac, sous le ministère de Ali Ben Mohamed ! Nos plus jeunes lecteurs n’ont même pas eu vent de ce scandale.
    Depuis, on est allé maintes fois en Coupe d’Afrique, mais cela n’a rien changé.
    Liberté
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…
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