Surnommés les « Guerriers du désert » pour leur capacité à ne rien lâcher, les joueurs algériens sont en demi-finales de la CAN pour la sixième fois de leur histoire, point d’orgue – très provisoire ? – d’une saison semée de terribles embûches.
14 novembre 2009.
Opposée à l’Egypte au Caire pour le dernier match des éliminatoires du groupe C de la zone Afrique, l’Algérie est sur le point de se qualifier pour la Coupe du monde 2010. Pour passer, les Fennecs doivent seulement éviter de perdre par plus d’un but d’écart, eux qui ont largement dominé (3-1) les Pharaons à l’aller. Au Caire, avant le match, la situation est explosive : les supporteurs algériens sont victimes de hooligans égyptiens, et les graves échauffourées qui opposent les uns aux autres font des dizaines de blessés et un mort. Les joueurs de la sélection eux-mêmes voient leur bus attaqué et trois d’entre eux sont physiquement touchés.
Dans cette atmosphère irrespirable, les Algériens concèdent d’entrée un but aux locaux : Zaki marque à la deuxième minute. Héroïques, les Fennecs repoussent ensuite toutes les tentatives adverses mais, sur un dernier centre, Moteb trompe Gaouaoui. Au terme de cette journée dantesque, les deux équipes se quittent donc dos à dos et doivent se retrouver quatre jours plus tard pour un match d’appui.
18 novembre 2009.
L’Egypte et l’Algérie se retrouvent donc pour un match d’appui au terme duquel sera désignée celle des deux équipes qui ira à la Coupe du monde. Le tirage au sort a désigné… Khartoum, à quelques centaines de kilomètres seulement du Caire, dans une ambiance toujours délétère. Malgré les 15.000 policiers et militaires déployés dans la capitale soudanaise, des heurts opposent toute la journée les supporteurs des deux camps.
« Les conditions de sécurité ne sont pas remplies, mais le match aura lieu », confie même le représentant de la Fifa, le Suisse Walter Gagg. Sur le terrain, les joueurs sont vite gagnés par la nervosité et le match vire au pugilat : fautes grossières, contestations véhémentes, intimidations, coups par-derrière pleuvent, mais le joli but de Yahia, juste avant la mi-temps, est un rayon de soleil dans cette grisaille. Cette fois, les Algériens tiennent, et les Egyptiens sont éliminés.
11 janvier 2010.
Pour leur entrée dans la compétition, les Algériens, qui figurent parmi les outsiders crédibles de la Coupe d’Afrique des nations, affrontent le Malawi. Archi-favoris mais privés, la veille de cette rencontre, de leur gardien Gaouaoui, opéré d’urgence d’une appendicite, les « Guerriers du désert » se font humilier, encaissant un sévère 3-0. Très mal partis, les Algériens redressent la barre face au Mali et l’emportent 1-0 ; leur non-match ensuite face à l’Angola qualifie les deux équipes au terme d’un nul (0-0) dont elles ne sortent pas grandies.
« Cette attitude antisportive, contraire à l’éthique et au fair-play prônés par la Fifa et la CAF, doit être condamnée avec la dernière énergie. Elle n’honore pas le football africain et le football tout court. Nous espérons que la CAF prendra les mesures disciplinaires qui s’imposent », proteste la fédération malienne, dont la sélection est, par ricochet, eliminée. Quoi qu’il en soit, l’Algérie redresse une nouvelle fois une situation très compromise dans cette phase de poules et se qualifie pour les quarts.
24 janvier 2010.
Dans l’enceinte de Cabinda, toujours sous tension depuis l’agression des joueurs togolais, les Algériens retrouvent en quart de finale des Ivoiriens invaincus depuis 23 matches. Très vite, les Eléphants prennent l’avantage par Salomon Kalou, mais les Fennecs, bien qu’individuellement moins talentueux, reviennent une première fois avant la mi-temps, par Matmour. Les deux équipes semblent se diriger vers la prolongation mais, à une minute de la fin du temps réglementaire, une frappe superbe de Keita semble condamner l’Algérie. Dans le temps additionnel, les hommes de Rabah Saâdane reviennent pourtant une deuxième fois, par Bougherra.
Au tout début de la prolongation, Bouazza donne enfin l’avantage aux siens, qui croient bien être rejoints ensuite après l’égalisation de Touré… injustement annulée pour un hors-jeu inexistant. « On joue avec le cœur, avec les tripes, lâche Bougherra après le match. On n’est pas des Ronaldinho, nous, mais on aime notre pays, on rend heureux notre peuple. » Le mental des Algériens leur a donc permis une nouvelle fois de renverser la vapeur, eux qui semblent désormais irrésistibles. Peuvent-ils aller jusqu’au bout, décrochant ainsi la deuxième Coupe d’Afrique des nations de leur histoire, après celle glanée en 1990 ? Ils n’ont effectivement pas l’équipe la plus talentueuse du plateau, mais bien la plus accrocheuse, ce qui leur autorise tous les espoirs.
Jean Berthelot de La Glétais
le mardi 26 janvier 2010
France Soir
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