Je reçois quotidiennement dans ma boîte aux lettres électronique des publicités sur comment acheter son diplôme de master, son doctorat, son article scientifique et autres documents administratifs. C’est dramatique ce qui se passe dans la science en Algérie. Ces détendeurs de faux diplômes seront vite débusqués par les étudiants s’ils optent pour le pédagogique, mais apparemment, ils optent beaucoup plus pour des postes de responsabilité où ils se créent des barrières administratives pour ne pas être identifiés comme incapables. Il faut que des enquêtes administratives se fassent sur tout détenteur de diplômes, diplôme algérien ou étranger ! Les Européens sont relativement protégés. Il y a de la « complaisance » dans certains centres de recherche où il faut un bilan annuel minimal, sinon c’est l’exclusion.
On trouve des articles signés par une pléthore de chercheurs qui n’ont rien à voir avec le sujet traité. Avec l’esprit d’équipe de laboratoire, ils signent en groupe. Ils proposent des sujets de recherche de doctorat pour obtenir des « budgets » de fonctionnement et d’équipement. A ma connaissance, on n’est pas encore arrivés à ce stade. En Algérie, les universitaires n’ont faibli que lorsque le silence et la conformité ont assombri leurs esprits. Le chercheur ne doit pas être retiré, solitaire, avec pour seule occupation ses vaines petites recherches, mais auxquelles il ne saurait renoncer. Parlons-en de ces réalités de la formation doctorale domiciliée dans un laboratoire. Souvent, les pires actes sont accomplis pour les meilleures raisons. Après un changement de système pédagogique et d’attribution de diplômes, l’introduction du LMD, comme dans toute guerre, ordre et désordre sont complices.
L’arrêté n°250 du 28 juillet 2009 fixe, en trente-et-un articles, les règles de l’organisation de la formation de troisième cycle en vue de l’obtention du diplôme de doctorat. Les notes des étudiants durant l’écrit des concours d’entrée en première année de magister ne dépassaient pas les 05/20. Des postulants qui ne savaient ni lire, ni écrire, ni parler. L’écrit est primordial pour connaître les bases de l’étudiant, son « background ». En France, pour s’inscrire au doctorat, l’étudiant doit disposer d’une bourse financée par la région, un groupement de plusieurs départements, ou par une entreprise à qui se pose un problème ardu et pointu et qu’on propose à un chercheur de le résoudre en finançant sa recherche.
Le temps où les « hordes humaines » font de la recherche est révolu. Jadis, la recherche en France était financée par les bourses de coopération entre le gouvernement français et les gouvernements maghrébins ou africains ; rares étaient les financements purement français réservés aux seuls étudiants très brillants qu’on voulait presser ou essorer ! Comme on était un pays « progressiste », le président de la République a fait un rêve d’une université algérienne à deux millions d’étudiants. L’esprit du LMD n’est pas d’octroyer à tous les étudiants un doctorat, sinon on deviendrait comme les Egyptiens, « koulouna dakatiras ». A mon humble avis, ce nouveau système d’attribution de diplôme doit être un « tamis » scientifique. Les étudiants qui éprouvent des difficultés dans les études supérieures auront seulement une licence, ceux qui font un petit effort auront leur master (ce niveau est celui de la graduation) et seuls les brillants, qui font beaucoup d’efforts, deviendront des docteurs. Il n’y a pas de complexe à le dire « haut et fort ». Ce n’est ni de la « globalisation » ni un produit de l’impérialisme. C’est de l’esprit rigoureux.
Sur les réalités de la formation doctorale
On n’encadre normalement qu’un seul doctorant à la fois, pour pouvoir le prendre en charge scientifiquement. Quand les travaux avancent et de nouveaux problèmes ou conjectures apparaissent, on met de nouveaux chercheurs sur le thème. Si on a de l’expérience, on peut avoir des idées précises sur un thème ou deux et des idées vagues sur trois ou quatre. Si on encadre quatre doctorants, dispose-t-on du temps pour chaque étudiant chercheur, une à deux heures hebdomadairement, pour pouvoir le suivre en lui fixant des rendez-vous pour voir et revoir ce qu’il a réalisé ? Sans compter l’apport pédagogique de l’encadreur, un enseignant-chercheur.
Le vrai problème de l’université scientifique algérienne est qu’on n’a pas d’étudiants intéressés et intéressants. Beaucoup d’universités algériennes ne sont pas dotées de bibliothèque scientifique de troisième cycle ! Même à l’USTHB, les revues scientifiques ne sont pas actualisées. Les librairies scientifiques n’existent pas dans plusieurs villes universitaires. Le doctorant doit disposer d’une place dans, ou en face, du bureau de son encadreur. A chaque fois qu’il a une question, un problème, il interpelle son encadreur ou vice-versa. L’encadreur ou le doctorant répond à l’autre instantanément. La science n’est rien sans un maître pour l’enseigner. Voilà comment la recherche peut avancer dans les conditions idéales. Or, beaucoup d’encadreurs, de grade de maître de conférences ou de professeur, ne disposent eux-mêmes pas de bureau.
S’ils en disposent, ils ne sont pas agréables et ne sont que dans de piteux états, comme le mien. Par contre, ceux des administrateurs, de grade inférieur à celui des encadreurs, sont bien capitonnés, laqués, avec chauffage central, dotés de salon en cuir, bar, salon (où l’on ne sert que du licite, café, thé à la menthe, etc.), de divan moelleux, de matériels de communication les plus sophistiqués, téléphone à répondeur multiple, micro-ordinateur portable, fax-imprimante-photocopieur, etc. Les doctorants acquièrent une base scientifique, un « background », une culture scientifique en côtoyant leurs encadreurs, en lisant beaucoup, en assistant à des réunions hebdomadaires de « brainstorming », là où ils apprennent à réfléchir sur un sujet, à prendre la parole, à s’exprimer, à se faire corriger. Pour découvrir ou inventer, il faut d’abord lire ce que les prédécesseurs ont réalisé. On ne lit jamais tout, il y a tant de connaissances à acquérir chaque jour. Le sabotage scientifique vient de l’université et d’en bas, du lycée et collège.
Franchement, on mange un pain rassis. Malheureusement, avec ce marasme du marché de l’emploi, on s’accroche tout en essayant de faire de notre mieux. Un autre problème crucial se pose, le niveau de ces « magistérants » qui ont occupé des postes de maître-assistant. C’est un ravage qui s’est fait dans notre université scientifique. Des universités ont décerné des magisters à la pelle et avec des mentions de la haute « complaisance ». C’est une « vraie trahison » pour le pays. Dans notre département, on s’est dit en 2002, lors de l’ouverture d’un magister, qu’un étudiant ne pouvait soutenir son magister que s’il a collé une communication de son travail dans une conférence, au moins en Algérie. C’est ce qu’on a fait. Mais nos étudiants étaient sanctionnés par rapport à ceux qui viennent des villes A, B ou C, etc. Ces détendeurs de magister ne pouvaient même pas s’exprimer ou écrire une demande. Pourquoi ? Parce qu’il y a un manque flagrant de documentation scientifique et de côtoiement des encadreurs.
Avec les sites web, les responsables du MESRS doivent imposer à tous les professeurs et maîtres de conférences d’afficher leurs cours, TD et EMD, avec éventuellement des corrections, sinon, pas de prime semestrielle. L’idéal est d’avoir des bibliothèques virtuelles, mais là, un autre problème survient, il faut un accès à internet et des sites web actifs, et non pas en construction. Le nombre de doctorants dépend du nombre d’encadreurs disponibles, sinon qui va les chapeauter ? Les administrateurs ? Sauf si on fait une recherche archaïque.
On fait inscrire une brochette d’étudiants au doctorat, puis on les lâche dans la nature et on attend que les plus motivés, en général des enseignants qui tiennent à progresser dans leur cursus universitaire, obtiennent des résultats. L’encadreur voit son nom affiché dans l’article avant même celui du vrai chercheur en proposant l’ordre alphabétique si l’encadreur a un nom qui commence par A ou B ou une lettre avant celle du nom du doctorant.
On trouve des articles signés par une pléthore de chercheurs qui n’ont rien à voir avec le sujet traité. Avec l’esprit d’équipe de laboratoire, ils signent en groupe. Ils proposent des sujets de recherche de doctorat pour obtenir des « budgets » de fonctionnement et d’équipement. A ma connaissance, on n’est pas encore arrivés à ce stade. En Algérie, les universitaires n’ont faibli que lorsque le silence et la conformité ont assombri leurs esprits. Le chercheur ne doit pas être retiré, solitaire, avec pour seule occupation ses vaines petites recherches, mais auxquelles il ne saurait renoncer. Parlons-en de ces réalités de la formation doctorale domiciliée dans un laboratoire. Souvent, les pires actes sont accomplis pour les meilleures raisons. Après un changement de système pédagogique et d’attribution de diplômes, l’introduction du LMD, comme dans toute guerre, ordre et désordre sont complices.
L’arrêté n°250 du 28 juillet 2009 fixe, en trente-et-un articles, les règles de l’organisation de la formation de troisième cycle en vue de l’obtention du diplôme de doctorat. Les notes des étudiants durant l’écrit des concours d’entrée en première année de magister ne dépassaient pas les 05/20. Des postulants qui ne savaient ni lire, ni écrire, ni parler. L’écrit est primordial pour connaître les bases de l’étudiant, son « background ». En France, pour s’inscrire au doctorat, l’étudiant doit disposer d’une bourse financée par la région, un groupement de plusieurs départements, ou par une entreprise à qui se pose un problème ardu et pointu et qu’on propose à un chercheur de le résoudre en finançant sa recherche.
Le temps où les « hordes humaines » font de la recherche est révolu. Jadis, la recherche en France était financée par les bourses de coopération entre le gouvernement français et les gouvernements maghrébins ou africains ; rares étaient les financements purement français réservés aux seuls étudiants très brillants qu’on voulait presser ou essorer ! Comme on était un pays « progressiste », le président de la République a fait un rêve d’une université algérienne à deux millions d’étudiants. L’esprit du LMD n’est pas d’octroyer à tous les étudiants un doctorat, sinon on deviendrait comme les Egyptiens, « koulouna dakatiras ». A mon humble avis, ce nouveau système d’attribution de diplôme doit être un « tamis » scientifique. Les étudiants qui éprouvent des difficultés dans les études supérieures auront seulement une licence, ceux qui font un petit effort auront leur master (ce niveau est celui de la graduation) et seuls les brillants, qui font beaucoup d’efforts, deviendront des docteurs. Il n’y a pas de complexe à le dire « haut et fort ». Ce n’est ni de la « globalisation » ni un produit de l’impérialisme. C’est de l’esprit rigoureux.
Sur les réalités de la formation doctorale
On n’encadre normalement qu’un seul doctorant à la fois, pour pouvoir le prendre en charge scientifiquement. Quand les travaux avancent et de nouveaux problèmes ou conjectures apparaissent, on met de nouveaux chercheurs sur le thème. Si on a de l’expérience, on peut avoir des idées précises sur un thème ou deux et des idées vagues sur trois ou quatre. Si on encadre quatre doctorants, dispose-t-on du temps pour chaque étudiant chercheur, une à deux heures hebdomadairement, pour pouvoir le suivre en lui fixant des rendez-vous pour voir et revoir ce qu’il a réalisé ? Sans compter l’apport pédagogique de l’encadreur, un enseignant-chercheur.
Le vrai problème de l’université scientifique algérienne est qu’on n’a pas d’étudiants intéressés et intéressants. Beaucoup d’universités algériennes ne sont pas dotées de bibliothèque scientifique de troisième cycle ! Même à l’USTHB, les revues scientifiques ne sont pas actualisées. Les librairies scientifiques n’existent pas dans plusieurs villes universitaires. Le doctorant doit disposer d’une place dans, ou en face, du bureau de son encadreur. A chaque fois qu’il a une question, un problème, il interpelle son encadreur ou vice-versa. L’encadreur ou le doctorant répond à l’autre instantanément. La science n’est rien sans un maître pour l’enseigner. Voilà comment la recherche peut avancer dans les conditions idéales. Or, beaucoup d’encadreurs, de grade de maître de conférences ou de professeur, ne disposent eux-mêmes pas de bureau.
S’ils en disposent, ils ne sont pas agréables et ne sont que dans de piteux états, comme le mien. Par contre, ceux des administrateurs, de grade inférieur à celui des encadreurs, sont bien capitonnés, laqués, avec chauffage central, dotés de salon en cuir, bar, salon (où l’on ne sert que du licite, café, thé à la menthe, etc.), de divan moelleux, de matériels de communication les plus sophistiqués, téléphone à répondeur multiple, micro-ordinateur portable, fax-imprimante-photocopieur, etc. Les doctorants acquièrent une base scientifique, un « background », une culture scientifique en côtoyant leurs encadreurs, en lisant beaucoup, en assistant à des réunions hebdomadaires de « brainstorming », là où ils apprennent à réfléchir sur un sujet, à prendre la parole, à s’exprimer, à se faire corriger. Pour découvrir ou inventer, il faut d’abord lire ce que les prédécesseurs ont réalisé. On ne lit jamais tout, il y a tant de connaissances à acquérir chaque jour. Le sabotage scientifique vient de l’université et d’en bas, du lycée et collège.
Franchement, on mange un pain rassis. Malheureusement, avec ce marasme du marché de l’emploi, on s’accroche tout en essayant de faire de notre mieux. Un autre problème crucial se pose, le niveau de ces « magistérants » qui ont occupé des postes de maître-assistant. C’est un ravage qui s’est fait dans notre université scientifique. Des universités ont décerné des magisters à la pelle et avec des mentions de la haute « complaisance ». C’est une « vraie trahison » pour le pays. Dans notre département, on s’est dit en 2002, lors de l’ouverture d’un magister, qu’un étudiant ne pouvait soutenir son magister que s’il a collé une communication de son travail dans une conférence, au moins en Algérie. C’est ce qu’on a fait. Mais nos étudiants étaient sanctionnés par rapport à ceux qui viennent des villes A, B ou C, etc. Ces détendeurs de magister ne pouvaient même pas s’exprimer ou écrire une demande. Pourquoi ? Parce qu’il y a un manque flagrant de documentation scientifique et de côtoiement des encadreurs.
Avec les sites web, les responsables du MESRS doivent imposer à tous les professeurs et maîtres de conférences d’afficher leurs cours, TD et EMD, avec éventuellement des corrections, sinon, pas de prime semestrielle. L’idéal est d’avoir des bibliothèques virtuelles, mais là, un autre problème survient, il faut un accès à internet et des sites web actifs, et non pas en construction. Le nombre de doctorants dépend du nombre d’encadreurs disponibles, sinon qui va les chapeauter ? Les administrateurs ? Sauf si on fait une recherche archaïque.
On fait inscrire une brochette d’étudiants au doctorat, puis on les lâche dans la nature et on attend que les plus motivés, en général des enseignants qui tiennent à progresser dans leur cursus universitaire, obtiennent des résultats. L’encadreur voit son nom affiché dans l’article avant même celui du vrai chercheur en proposant l’ordre alphabétique si l’encadreur a un nom qui commence par A ou B ou une lettre avant celle du nom du doctorant.
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