Il est des peuples qui sont nés pour souffrir de la tyrannie des hommes. L’histoire du calvaire du peuple haïtien a commencé avec la conquête du monde par l’Occident chrétien. Lorsque Christophe Colomb accosta pour la première fois le 5 décembre 1492 en Haïti, l’île comptait probablement plusieurs centaines de milliers d’habitants En moins de vingt-cinq ans, les populations indiennes furent décimées par la brutalité de l’esclavage et les maladies importées par les conquérants. La majeure partie des esclaves noirs qui ont été transportés d’Afrique. La traite fut autorisée en 1517 par Charles Quint. Les Espagnols concentrèrent leurs efforts dans la partie orientale de l’île qui recelait encore un peu d’or et abandonnèrent l’ouest. La France ne fut pas en reste, sous l’impulsion de Colbert, Bertrand d’Ogeron est nommé en 1665 pour gérer la colonie. C’est en 1685 que fut édicté le Code noir, une ordonnance de Louis XIV destinée à réglementer le régime de l’esclavage.La révolte des Noirs débuta en août 1791 sous la conduite de leurs chefs. Toussaint Louverture défia Bonaparte qui décida alors l’envoi de l’Expédition de Saint-Domingue, pour y rétablir l’esclavage. Le 7 juin 1802, Toussaint Louverture est arrêté. Louverture est déporté en France, interné au fort de Joux, il mourra des rigueurs du climat et de malnutrition le 7 avril 1803 (..) Bien plus tard, les Américains décidèrent d’occuper militairement Haïti, notamment pour défendre les intérêts de la banque d’affaires américaine Kuhn, Loeb & co. Le 28 juillet 1915 pour occuper le pays jusqu’en 1934. Une nouvelle ingérence occidentale le 29 septembre 1991, Jean- Baptiste Aristide est renversé par une junte militaire dirigée par le général Raoul Cédras, aidé par la CIA et le gouvernement de George Bush. Rétabli par Clinton, il fut destitué par George Bush fils le 29 février 2004 sous la pression de militaires français et de marines américains, avant-garde d’une force internationale envoyée par l’ONU pour ramener l’ordre dans la capitale, la Minustah.
La double mémoire de la France
On le constate, la première République noire n’a jamais été laissé en paix, ballottée entre la pax americana et les Lumières françaises, elle se cherche depuis 206 ans. Pour Louis Cabanes: Le séisme haïtien a un triste mérite: soulever la question de la blessure coloniale française. La mémoire coloniale de la France a toujours été double: la légende «dorée» de l’épopée coloniale, (..) à connotation raciste à peine voilée, d’une part; les drames de la décolonisation et de ses guerres longtemps non reconnues comme telles, avec leurs massacres, tortures et traumatismes pour les populations, colonisés comme colonisateurs contraints à un retour vers une métropole presque toujours devenue terre étrangère, d’autre part.[...] Deux siècles après la rupture irréversible entre Haïti et son ancienne métropole, la fracture n’est toujours pas ressoudée et la mémoire française peine à faire place, dans son vaste patrimoine postcolonial, en Haïti. (...) Le constat reste sévère: la fracture coloniale (..) a pris naissance avec la réaction de Paris face à la rupture unilatérale de 1804. Et elle demeure ouverte depuis maintenant deux siècles.(1)
On comprend, alors, la réaction d’exaspération des Haïtiens à la vue de cette nouvelle «réoccupation» sous couvert d’humanitaire. Les Etats-Unis ont décidé unilatéralement, sans consultation des Nations unies, de s’installer en Haïti. Même l’Europe décide d’envoyer des troupes.. «Pour Berthony Dupont, le peuple haïtien doit prendre la reconstruction du pays en main», exhorte l’éditorialiste de l’hebdomadaire Haïti Liberté. Il dénonce d’une façon très virulente l’hypocrisie des pays occidentaux, qui, selon lui, continuent de coloniser insidieusement l’île. (...) «Il est important de nous organiser, écrit-il, d’engager consciemment et résolument une entreprise historique qui soit une urgence du quotidien pour changer l’avenir du pays. Nous ne sommes pas un "peuple objet", qui n’arrive pas à penser, à s’organiser, voire à diriger son destin national. Une telle perspective est plus que jamais à l’ordre du jour depuis la terrible tragédie qui vient de frapper le pays (le 12 janvier 2010). Nous qui, par nos actes passés, avons montré que nous ne voulions plus être des esclaves des nouveaux colons, nous devrons nous rallier autour des forces progressistes révolutionnaires du pays, même quand elles sont embryonnaires.»
«Haïti vient de compter deux cent six années d’indépendance, et le pays continue à souffrir de tous les maux de l’esclavage et du colonialisme, à la suite de la domination brutale et insidieuse des pays impérialistes. Il est clair que la présence de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti [Minustah] depuis le coup d’Etat de 2004 est là pour rassurer les capitalistes, notamment les Etats-Unis, bastion et principale force du colonialisme contemporain. (...) Les manifestations du 28 juillet 2009 contre l’occupation du pays, celle du 1er janvier 2010 et l’organisation d’une assemblée populaire le 10 janvier 2010, sont des preuves que le peuple haïtien n’est pas un peuple objet. (...) L’horreur - et l’étendue de la destruction sismique - est insupportable, révoltante. Le peuple haïtien, qui a tant souffert ces six dernières années de l’inconscience et de la cupidité de ses dirigeants, ne méritait pas un tel cataclysme. Il va falloir reconstruire, physiquement, une capitale, si ce n’est une bonne partie du pays. Il nous faudra alors énormément de courage et de volonté pour surmonter cette cruelle adversité d’autant que les pays capitalistes exploiteurs des richesses du sous-sol haïtien vont venir hypocritement à notre secours. Non pas que nous rejetions d’un revers de la main leur aide, non, mais nous la voulons fraternelle, désintéressée. Nous souhaitons qu’elle ne soit pas l’occasion rêvée de nous assujettir à leur domination, car nous n’avons que nos mains nues et notre dignité pour reconstruire un pays détruit.»(2)
Comme si cela ne suffisait pas, on apprend qu’un pillage d’enfants est en train de se faire pratiquement d’une façon clandestine. Le drame haïtien nous donne l’opportunité d’intervenir une fois de plus pour rapporter en honnête courtier, les faits qui ont concouru au malheur de Haïti et qui concourent eu égard à une «traite des enfants» qui, sous couvert «d’humanitaire» tente de sauver des enfants par l’adoption par des familles européennes notamment françaises rappelant le triste épisode des mercenaires de l’Arche de Zoé qui ont vu le président de la République aller au Tchad les soustraire contre toute justice, à la justice tchadienne.
L’étude suivante nous permet de comprendre mieux que mille discours la solidité des liens au sein de la famille. Le sociologue Camille Kuyu écrit: Fruit de l’héritage historique, la famille haïtienne est, comme la famille africaine, foncièrement communautaire.
En 1946, M.L. Van den Berghe écrivait à propos des Noirs dans les Etats du Sud des Etats-Unis: «Ces Nègres que trois générations seulement séparent de l’esclavage officiel...ont conservé de façon incroyable les caractéristiques éternelles de leur race. Leurs cabanes de bois croulantes abritent les mêmes histoires, les mêmes pointes aiguës de rires, une marmaille rieuse, quelques poules étiques et un nombre sensiblement égal de chiens faméliques et galeux. J’ai interrogé cent mamans dans les champs de coton et fait rire autant d’enfants. Le rappel de l’Afrique était hallucinant. Partout, je retrouvais la même joie du présent, une égale insouciance de l’avenir, d’identiques inflexions de voix et jusqu’aux mêmes onomatopées ´´»(3)
La double mémoire de la France
On le constate, la première République noire n’a jamais été laissé en paix, ballottée entre la pax americana et les Lumières françaises, elle se cherche depuis 206 ans. Pour Louis Cabanes: Le séisme haïtien a un triste mérite: soulever la question de la blessure coloniale française. La mémoire coloniale de la France a toujours été double: la légende «dorée» de l’épopée coloniale, (..) à connotation raciste à peine voilée, d’une part; les drames de la décolonisation et de ses guerres longtemps non reconnues comme telles, avec leurs massacres, tortures et traumatismes pour les populations, colonisés comme colonisateurs contraints à un retour vers une métropole presque toujours devenue terre étrangère, d’autre part.[...] Deux siècles après la rupture irréversible entre Haïti et son ancienne métropole, la fracture n’est toujours pas ressoudée et la mémoire française peine à faire place, dans son vaste patrimoine postcolonial, en Haïti. (...) Le constat reste sévère: la fracture coloniale (..) a pris naissance avec la réaction de Paris face à la rupture unilatérale de 1804. Et elle demeure ouverte depuis maintenant deux siècles.(1)
On comprend, alors, la réaction d’exaspération des Haïtiens à la vue de cette nouvelle «réoccupation» sous couvert d’humanitaire. Les Etats-Unis ont décidé unilatéralement, sans consultation des Nations unies, de s’installer en Haïti. Même l’Europe décide d’envoyer des troupes.. «Pour Berthony Dupont, le peuple haïtien doit prendre la reconstruction du pays en main», exhorte l’éditorialiste de l’hebdomadaire Haïti Liberté. Il dénonce d’une façon très virulente l’hypocrisie des pays occidentaux, qui, selon lui, continuent de coloniser insidieusement l’île. (...) «Il est important de nous organiser, écrit-il, d’engager consciemment et résolument une entreprise historique qui soit une urgence du quotidien pour changer l’avenir du pays. Nous ne sommes pas un "peuple objet", qui n’arrive pas à penser, à s’organiser, voire à diriger son destin national. Une telle perspective est plus que jamais à l’ordre du jour depuis la terrible tragédie qui vient de frapper le pays (le 12 janvier 2010). Nous qui, par nos actes passés, avons montré que nous ne voulions plus être des esclaves des nouveaux colons, nous devrons nous rallier autour des forces progressistes révolutionnaires du pays, même quand elles sont embryonnaires.»
«Haïti vient de compter deux cent six années d’indépendance, et le pays continue à souffrir de tous les maux de l’esclavage et du colonialisme, à la suite de la domination brutale et insidieuse des pays impérialistes. Il est clair que la présence de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti [Minustah] depuis le coup d’Etat de 2004 est là pour rassurer les capitalistes, notamment les Etats-Unis, bastion et principale force du colonialisme contemporain. (...) Les manifestations du 28 juillet 2009 contre l’occupation du pays, celle du 1er janvier 2010 et l’organisation d’une assemblée populaire le 10 janvier 2010, sont des preuves que le peuple haïtien n’est pas un peuple objet. (...) L’horreur - et l’étendue de la destruction sismique - est insupportable, révoltante. Le peuple haïtien, qui a tant souffert ces six dernières années de l’inconscience et de la cupidité de ses dirigeants, ne méritait pas un tel cataclysme. Il va falloir reconstruire, physiquement, une capitale, si ce n’est une bonne partie du pays. Il nous faudra alors énormément de courage et de volonté pour surmonter cette cruelle adversité d’autant que les pays capitalistes exploiteurs des richesses du sous-sol haïtien vont venir hypocritement à notre secours. Non pas que nous rejetions d’un revers de la main leur aide, non, mais nous la voulons fraternelle, désintéressée. Nous souhaitons qu’elle ne soit pas l’occasion rêvée de nous assujettir à leur domination, car nous n’avons que nos mains nues et notre dignité pour reconstruire un pays détruit.»(2)
Comme si cela ne suffisait pas, on apprend qu’un pillage d’enfants est en train de se faire pratiquement d’une façon clandestine. Le drame haïtien nous donne l’opportunité d’intervenir une fois de plus pour rapporter en honnête courtier, les faits qui ont concouru au malheur de Haïti et qui concourent eu égard à une «traite des enfants» qui, sous couvert «d’humanitaire» tente de sauver des enfants par l’adoption par des familles européennes notamment françaises rappelant le triste épisode des mercenaires de l’Arche de Zoé qui ont vu le président de la République aller au Tchad les soustraire contre toute justice, à la justice tchadienne.
L’étude suivante nous permet de comprendre mieux que mille discours la solidité des liens au sein de la famille. Le sociologue Camille Kuyu écrit: Fruit de l’héritage historique, la famille haïtienne est, comme la famille africaine, foncièrement communautaire.
En 1946, M.L. Van den Berghe écrivait à propos des Noirs dans les Etats du Sud des Etats-Unis: «Ces Nègres que trois générations seulement séparent de l’esclavage officiel...ont conservé de façon incroyable les caractéristiques éternelles de leur race. Leurs cabanes de bois croulantes abritent les mêmes histoires, les mêmes pointes aiguës de rires, une marmaille rieuse, quelques poules étiques et un nombre sensiblement égal de chiens faméliques et galeux. J’ai interrogé cent mamans dans les champs de coton et fait rire autant d’enfants. Le rappel de l’Afrique était hallucinant. Partout, je retrouvais la même joie du présent, une égale insouciance de l’avenir, d’identiques inflexions de voix et jusqu’aux mêmes onomatopées ´´»(3)
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