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Germaine Tillion : l'engagement d'une ethnologue

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  • Germaine Tillion : l'engagement d'une ethnologue

    Germaine Tillion est une ethnologue formée par deux maîtres, Marcel Mauss et Louis Massignon, elle est allée en Algérie en 1937 et en 1954. C'est une femme de coeur qui a milité contre toutes les injustices. Elle a lutté contre l'esclavage, la pauvreté, la peine de mort. Elle a lutté pour la scolarisation des plus démunis, et il n'y a pas si longtemps elle dénoncé l'usage de la torture en Irak.
    Elle est aussi signataire d’un appel à la condamnation de la torture durant la guerre d’Algérie.

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    Toute sa vie, Germaine Tillion a voulu comprendre la nature humaine. Ethnologue, elle n'avait de cesse que d'écouter et de s'interroger. «Cette discipline c'est d'abord un dialogue avec une autre culture. Puis une remise en question de soi et de l'autre. Puis, si possible, une confrontation qui dépasse soi et l'autre...», expliquait-elle.

    Consacrer une exposition au parcours extraordinaire de cette femme volontaire, engagée dans le siècle et dans ses plus terribles bouleversements (la déportation et la guerre d'Algérie) apparaissait dès lors comme une évidence pour le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, à Marseille.

    C'est au début des années 30, lors de la découverte des cours de Marcel Mauss à L'Ecole française d'ethnologie, que Germaine Tillion «entre en ethnographie comme on entre en religion, avec de grands principes de recueillement et le goût des macérations».

    A la demande de Paul Rivet, directeur du Musée d'ethnographie du Trocadéro, qui estime que «les femmes peuvent plus facilement pénétrer la vie des musulmans que des hommes», sa première mission la conduit en 1934 jusqu'à l'Aurès, en Algérie.

    Elle rapporte des documents photographiques exceptionnels mais le résultat de ces cinq années de séjour en pays chaoui ne sera pas publié comme elle le souhaitait. A son retour, la jeune femme, alors âgée de 33 ans, s'implique dans la Résistance et intègre le Réseau du Musée de l'homme. En 1942, elle est arrêtée puis déportée en 1943 à Ravensbrück. Ses notes de travail lui sont confisquées. Il lui faudra compter sur sa mémoire pour rédiger, beaucoup plus tard, Il était une fois l'ethnographie.

    Rigueur et crédibilité

    «C'est tellement important de comprendre ce qui vous écrase. C'est peut-être ce qu'on peut appeler exister»: en déportation, elle ne cesse d'exercer son métier convaincue que la compréhension lucide des événements en permet une relative maîtrise. Libérée en avril 1945, elle est accueillie par le CNRS. Dix années durant, elle s'emploiera sans relâche à retrouver l'identité des déportées, à prouver l'impensable des camps de la mort.

    Sa quête, marquée par l'exécution de sa mère, prend alors la forme d'une véritable enquête scientifique. «Elle associe dans ses écrits les souvenirs très personnels d'une survivante aux réflexions toutes scientifiques d'une ethnologue de haut niveau, explique Laure Piatton, auteur de l'exposition. Sa rigueur lui permettait d'asseoir sa crédibilité.»

    En 1954, elle est sollicitée pour enquêter sur le sort fait aux populations civiles arabes en Algérie au lendemain de la vague d'attentats qui va déclencher la guerre d'indépendance. «Je considérais les obligations de ma profession comparables à celles des avocats, à la différence qu'elle me contraignait à défendre une population et non une personne. Je refis ma valise...», écrivit-elle.

    Par hasard, elle rencontre le chef local du FLN et tente de lui faire promettre de cesser les attentats si le pouvoir français cesse les exécutions sommaires. Elle note: «Le terrorisme est la justification des tortures aux yeux d'une certaine opinion. Aux yeux d'une autre, les tortures et les exécutions sont la justification du terrorisme.» Ses efforts seront vains.

    Infatigable, marquée par le sens de l'honneur, l'intégrité de ses convictions, le don de soi pour le bien-être des autres, elle s'enfonce alors plus au sud dans le Sahara, entre 1966 et 1974, à la rencontre des Touaregs.

    Autant d'observations, d'interrogations et d'analyses la conduiront également à réfléchir sur la condition des femmes: «L'immense monde féminin reste à bien des égards une colonie, constate-t-elle. Si les hommes maintiennent les femmes dans cette situation avilie, ce sont les femmes qui ont élevé les petits garçons et qui leur ont retransmis les vieux virus préhistoriques.»

    Par le Figaro

  • #2
    Quelle femme. Elle a connu les Aurès en 1934, ses récits sont inoubliables.

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