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Le musée de Béni Abbès à Béchar

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  • Le musée de Béni Abbès à Béchar

    « Je n’aurais jamais pensé trouver un musée d’une telle qualité dans le Sud algérien. On ne cesse de dire que le Sahara est un musée à ciel ouvert, mais dans une aussi petite ville, il est aussi possible de trouver un joyau, confie Jean-Michel, membre d’une association marseillaise en visite chaque année dans la région. Les oiseaux empaillés sont la preuve qu’il existait bien une faune riche et diversifiée dans le grand erg occidental d’Afrique. »

    Créé en 1942 par le géologue franco-russe Nicolas Menchikoff, le musée de Béni Abbès à Béchar était au départ une station scientifique qui avait pour vocation la recherche, l’hébergement d’animaux et les analyses des premiers échantillons extraits de la faune et de la flore locales. La station était réservée à trois disciplines : la botanique, la zoologie et la géologie.

    « Dans les années 60 et 70, le lieu était considéré comme une référence pour les scientifiques algériens et étrangers, c’est ainsi que plusieurs travaux ont été lancés autour du palmier-dattier, la lutte contre les micro-espèces nuisibles et l’amélioration des sols des palmiers », explique Salim Tidjani, géologue et guide occasionnel de la localité de Rahmounia, connue pour ses gravures rupestres (à 20 km de Béni Abbès). On ne peut passer dans la ville sans remarquer le musée, d’une architecture rudimentaire.

    D’emblée, on est guidé vers la première section « Préhistoire du Sahara ». Les vitrines exposent des fragments intacts des roches déterrées des vieilles grottes, des cristaux en parfait état, mais aussi des morceaux d’ustensiles fabriqués par les premiers habitants du Sahara. Sur les murs sont accrochés des tableaux explicatifs sur la région et les emplacements précis des travaux lancés à l’époque par Menchikoff.

    Au bout de l’allée, à même le sol, des gravures rupestres représentant des personnages avec des animaux, probablement une scène de chasse, sont ainsi exposées aux yeux du visiteur. Selon le gardien du musée, « la température ambiante a été étudiée pour la préservation de chaque objet logé dans le musée ».

    Dans la seconde galerie sont principalement présentés des coquillages en forme de cône, la base est plate et légèrement trouée. Vraisemblablement des mollusques gastéropodes puisque la coquille conique présente une ouverture en forme de fente. Dans une autre vitrine, on remarque des fragments de cristaux, de grès, de marbre… liés à la diversité géologique du Sud algérien. Gazelles, oiseaux, œufs d’autruche, nids de faucon de Barbarie, hérons, corbeaux, fennecs, hyènes rayées, chats gantés, porc-épic, vipères à cornes, poissons des sables, scorpions, dhobs (lézard proche de l’uromastyx) et autres rongeurs de la région sont disposés dans la plus grande pièce du musée, dédiée à la riche collection d’animaux empaillés qui attire beaucoup de curieux.

    D’autre part, le musée possède une belle collection d’insectes et de papillons d’Amérique du Sud, acquise lors d’échanges internationaux. « Dans les musées d’Alger, je m’ennuie ! Ici, pas du tout ! Moi qui suis attirée par l’artisanat, je ne peux qu’être satisfaite de voir un espace consacré à l’ancien savoir-faire des artisans », s’enthousiasme Farida, une Algéroise venue pour le festival des Nuits de la Saoura et qui découvre pour la première fois le musée de Béni Abbès. « Les fragments de poteries sont d’une couleur éclatante, c’est incroyable de penser qu’ils datent de plus de deux siècles ! »

    En effet, des bijoux en argent, des morceaux de vaisselle, des ustensiles, des poteries et des cuves de germe et d’huile sont entassés sur les étagères, afin de donner un aperçu de la vie des habitants mais aussi de leurs traditions, comme cet ensemble de tasses et de plats en terre cuite. De leur ingéniosité, aussi, puisqu’il y a encore un modèle unique de piège servant à capturer des gazelles et des serrures de l’époque.

    Malheureusement, le zoo du musée, sur plus de 200 m2, est quasiment désert. On n’y trouve qu’une tortue âgée de 104 ans, ramenée, dit-on, de la région de Kidal par une sœur catholique et quelques dhobs qui n’attirent pas grand monde. Les autres cages sont vides et abandonnées au sable et aux branches sèches venues des palmeraies du vieux ksar.

    Par Faten Hayedn El Watan
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