Entrer dans le vieux Mila n’incite qu’à une seule idée : ne pas en sortir trop rapidement parce que la magie des lieux et la sérénité qui lui sont alliées ne peuvent que subjuguer.
Bien entendu, à l’instar de toutes les vieilles villes du pays, la ville arabe comme tenaient et insistaient à la stigmatiser les colonisateurs pour, d’une part, la dévaloriser et, ensuite, la sérier géographiquement, celle du vieux Mila s’en va à vau-l’eau, quoique l’ensemble des maisons en ruines, en raison d’une relative propreté de leur environnement immédiat, confère une certaine majesté à l’endroit. Contrairement à Souika, cette autre vieille ville (Constantine) en voie de disparition et qui a bénéficié, il y a à peine quatre années, d’un programme institutionnel de sauvetage et, malheureusement, à l’aspect plus sale compte tenu de l’amoncellement des tonnes d’ordures jetées, solidifiées, voire fossilisées dans des recoins rarement visités par les équipes d’hygiène.
En vertu d’un texte paru au Journal officiel à la fin de l’année 2009, la vieille ville de Mila bénéficie, suivant le décret exécutif daté du 29 novembre 2009 et numéroté 09-404, de la création et de la délimitation d’un secteur de sauvegarde.
Une mesure à saluer sauf qu’elle devrait être vite suivie d’effet, sachant que de pareils actes administratifs ont toujours eu le mérite d’être pris, établis mais ont rarement été matérialisés sur le terrain ou, du moins, dans la célérité qu’exigerait la situation. Or, il est de notoriété publique que les vieilles villes, parce que justement elles sont vieilles, résistent plus difficilement aux vicissitudes de la nature mais, surtout, aux comportements prédateurs des hommes.
Et encore une fois dans le cas de la vieille ville de Mila, et comme à Constantine, et, sans nul doute ailleurs, certains locataires de masures menacées de ruine n’hésitent pas généralement, dans le but d’être relogés, à précipiter leur chute. Même si, entreprises à temps, des actions de réhabilitation les sauveraient et prolongeraient pour des siècles encore leur longévité. En fait, dans tous les cas de figure, la responsabilité des pouvoirs publics est plus qu’engagée. En tout état de cause, à Mila, les responsables locaux ont ipso facto pris en considération le décret exécutif évoqué précédemment pour se préparer, en conséquence, aux actions qu’ils seraient appelés à entreprendre pour la protection du site. Mieux, ils avaient anticipé en délimitant de leur propre initiative un périmètre de protection d’autant plus que la nature du périmètre en question est normalisée selon les textes de la tutelle.
Il n’est donc pas encore question d’une réhabilitation mais d’une protection du site auquel s’est préparée la direction concernée, en l’occurrence la direction de la culture qui, selon l’un des responsables approchés, aurait «saisi en ce sens la DPAT pour arbitrage» tout en restant tributaire des suites qui seraient données à la mesure prise par le gouvernement. Et notre interlocuteur de préciser : «En fait, nous ne savons rien du montant de l’enveloppe financière consacrée, et tant que nous n’aurons pas reçu le visa, nos démarches resteront au stade des propositions quoiqu’il soit certain que le projet sera retenu et les actions entamées. Reste, seulement, à savoir quand.»
Toutefois, le secteur sauvegardé est, aujourd’hui, connu. Il s’agit d’une superficie de 38 hectares, 165 ares et 675 centiares. Le plan de protection servira au-delà des limites prévues par le POS à ceinturer, dans le cadre d’un plan permanent (réhabilitation, restauration, réaménagement), la superficie à sauvegarder de manière à éviter l’implantation d’une quelconque activité ou l’engagement d’une quelconque action qui pourrait nuire à la préservation du site.
Toujours au niveau de la direction de la culture, nous saurons que le souci n’est pas seulement de «préserver ce qui reste, mais d’aller bien au-delà, à savoir remettre d’aplomb les maisons tombées pour peu qu’une partie des matériaux récupérés soit judicieusement exploitée et de manière à en garder l’aspect extérieur et, pourquoi pas, intérieur». Quoi qu’il en soit, des recherches historiques sont faites en permanence avec la collaboration d’une structure relevant de l’OGEBC (Office de gestion et d’exploitation des biens culturels) pour connaître la nature même des matériaux d’époque utilisés, la manière dont ces matériaux étaient produits et les reproduire selon les mêmes schémas.
Dès lors, à partir de la décision de délimiter le site et des moyens de le préserver dans un proche avenir, même les familles résidant sur ce qui reste de la vieille ville ne sont pas autorisées à procéder à des travaux sans l’aval des services techniques concernés, tels ceux de la DUCH ou encore de la direction de la culture.
Que pense l’archéologue de l’OGEBC du passé, du présent et, surtout, de l’avenir du vieux Mila ?
«Mila à travers l’histoire, c’est, tout d’abord, le profil qu’ont voulu lui donner d’autorité ceux qui, en certaines périodes, y sont passés. En dernier, les Français qui lui ont consacré d’énormes recherches et, plus particulièrement, sur ses vestiges historico-culturels, et se sont plutôt appesantis et pour cause, sur tout ce qui peut mettre en exergue la latinité de la ville. L’essentiel étant de gommer tout ce qui pourrait avoir trait à ce qui a été son identité propre et son appartenance à la Numidie.»
L’Homo de Mechta Larbi, le maillon d’une ethnie avancée
«Quant à l’âge même de la cité, je dirai sans hésitation qu’elle a entre cinq et dix mille ans. Je n’invente rien dans la mesure où des objets datant de la préhistoire ont été retrouvés sur son territoire. L’Homo de Mechta Larbi, de notoriété mondiale (Wikipedia en dit : Mechta Larbi est connue en Amérique du Nord à travers le crâne d’un homme découvert dans la région et exposée dans un musée du Massachussetts), maillon d’une ethnie avancée eu égard aux traces ouvrières, manuelles industrielles léguées, découvert sur un site près de Chelghoum Laïd en est l’incontestable preuve», dira Amar Nouara, l’archéologue évoqué.
Revenant sur Mila, il soulignera l’existence de «deux secteurs le secteur protégé et le secteur sauvegardé. Le secteur sauvegardé est celui de la vieille ville qui relève des attributions de la culture mais c’est à l’OGEBC qu’il revient d’assurer la sécurisation des 7,20 ha qu’il couvre.
Il y a à peine deux années, cet espace était livré à lui-même. Pis, il était devenule territoire des gens marginalisés, l’antre des ivrognes, des homosexuels, des dealers et totalement interdits d’accès aux touristes, voire à de paisibles citoyens et, évidemment, à des étudiants et étudiantes dans le cadre de leurs travaux de recherche. Cette situation est, aujourd’hui, révolue».
Bien entendu, à l’instar de toutes les vieilles villes du pays, la ville arabe comme tenaient et insistaient à la stigmatiser les colonisateurs pour, d’une part, la dévaloriser et, ensuite, la sérier géographiquement, celle du vieux Mila s’en va à vau-l’eau, quoique l’ensemble des maisons en ruines, en raison d’une relative propreté de leur environnement immédiat, confère une certaine majesté à l’endroit. Contrairement à Souika, cette autre vieille ville (Constantine) en voie de disparition et qui a bénéficié, il y a à peine quatre années, d’un programme institutionnel de sauvetage et, malheureusement, à l’aspect plus sale compte tenu de l’amoncellement des tonnes d’ordures jetées, solidifiées, voire fossilisées dans des recoins rarement visités par les équipes d’hygiène.
En vertu d’un texte paru au Journal officiel à la fin de l’année 2009, la vieille ville de Mila bénéficie, suivant le décret exécutif daté du 29 novembre 2009 et numéroté 09-404, de la création et de la délimitation d’un secteur de sauvegarde.
Une mesure à saluer sauf qu’elle devrait être vite suivie d’effet, sachant que de pareils actes administratifs ont toujours eu le mérite d’être pris, établis mais ont rarement été matérialisés sur le terrain ou, du moins, dans la célérité qu’exigerait la situation. Or, il est de notoriété publique que les vieilles villes, parce que justement elles sont vieilles, résistent plus difficilement aux vicissitudes de la nature mais, surtout, aux comportements prédateurs des hommes.
Et encore une fois dans le cas de la vieille ville de Mila, et comme à Constantine, et, sans nul doute ailleurs, certains locataires de masures menacées de ruine n’hésitent pas généralement, dans le but d’être relogés, à précipiter leur chute. Même si, entreprises à temps, des actions de réhabilitation les sauveraient et prolongeraient pour des siècles encore leur longévité. En fait, dans tous les cas de figure, la responsabilité des pouvoirs publics est plus qu’engagée. En tout état de cause, à Mila, les responsables locaux ont ipso facto pris en considération le décret exécutif évoqué précédemment pour se préparer, en conséquence, aux actions qu’ils seraient appelés à entreprendre pour la protection du site. Mieux, ils avaient anticipé en délimitant de leur propre initiative un périmètre de protection d’autant plus que la nature du périmètre en question est normalisée selon les textes de la tutelle.
Il n’est donc pas encore question d’une réhabilitation mais d’une protection du site auquel s’est préparée la direction concernée, en l’occurrence la direction de la culture qui, selon l’un des responsables approchés, aurait «saisi en ce sens la DPAT pour arbitrage» tout en restant tributaire des suites qui seraient données à la mesure prise par le gouvernement. Et notre interlocuteur de préciser : «En fait, nous ne savons rien du montant de l’enveloppe financière consacrée, et tant que nous n’aurons pas reçu le visa, nos démarches resteront au stade des propositions quoiqu’il soit certain que le projet sera retenu et les actions entamées. Reste, seulement, à savoir quand.»
Toutefois, le secteur sauvegardé est, aujourd’hui, connu. Il s’agit d’une superficie de 38 hectares, 165 ares et 675 centiares. Le plan de protection servira au-delà des limites prévues par le POS à ceinturer, dans le cadre d’un plan permanent (réhabilitation, restauration, réaménagement), la superficie à sauvegarder de manière à éviter l’implantation d’une quelconque activité ou l’engagement d’une quelconque action qui pourrait nuire à la préservation du site.
Toujours au niveau de la direction de la culture, nous saurons que le souci n’est pas seulement de «préserver ce qui reste, mais d’aller bien au-delà, à savoir remettre d’aplomb les maisons tombées pour peu qu’une partie des matériaux récupérés soit judicieusement exploitée et de manière à en garder l’aspect extérieur et, pourquoi pas, intérieur». Quoi qu’il en soit, des recherches historiques sont faites en permanence avec la collaboration d’une structure relevant de l’OGEBC (Office de gestion et d’exploitation des biens culturels) pour connaître la nature même des matériaux d’époque utilisés, la manière dont ces matériaux étaient produits et les reproduire selon les mêmes schémas.
Dès lors, à partir de la décision de délimiter le site et des moyens de le préserver dans un proche avenir, même les familles résidant sur ce qui reste de la vieille ville ne sont pas autorisées à procéder à des travaux sans l’aval des services techniques concernés, tels ceux de la DUCH ou encore de la direction de la culture.
Que pense l’archéologue de l’OGEBC du passé, du présent et, surtout, de l’avenir du vieux Mila ?
«Mila à travers l’histoire, c’est, tout d’abord, le profil qu’ont voulu lui donner d’autorité ceux qui, en certaines périodes, y sont passés. En dernier, les Français qui lui ont consacré d’énormes recherches et, plus particulièrement, sur ses vestiges historico-culturels, et se sont plutôt appesantis et pour cause, sur tout ce qui peut mettre en exergue la latinité de la ville. L’essentiel étant de gommer tout ce qui pourrait avoir trait à ce qui a été son identité propre et son appartenance à la Numidie.»
L’Homo de Mechta Larbi, le maillon d’une ethnie avancée
«Quant à l’âge même de la cité, je dirai sans hésitation qu’elle a entre cinq et dix mille ans. Je n’invente rien dans la mesure où des objets datant de la préhistoire ont été retrouvés sur son territoire. L’Homo de Mechta Larbi, de notoriété mondiale (Wikipedia en dit : Mechta Larbi est connue en Amérique du Nord à travers le crâne d’un homme découvert dans la région et exposée dans un musée du Massachussetts), maillon d’une ethnie avancée eu égard aux traces ouvrières, manuelles industrielles léguées, découvert sur un site près de Chelghoum Laïd en est l’incontestable preuve», dira Amar Nouara, l’archéologue évoqué.
Revenant sur Mila, il soulignera l’existence de «deux secteurs le secteur protégé et le secteur sauvegardé. Le secteur sauvegardé est celui de la vieille ville qui relève des attributions de la culture mais c’est à l’OGEBC qu’il revient d’assurer la sécurisation des 7,20 ha qu’il couvre.
Il y a à peine deux années, cet espace était livré à lui-même. Pis, il était devenule territoire des gens marginalisés, l’antre des ivrognes, des homosexuels, des dealers et totalement interdits d’accès aux touristes, voire à de paisibles citoyens et, évidemment, à des étudiants et étudiantes dans le cadre de leurs travaux de recherche. Cette situation est, aujourd’hui, révolue».
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