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l'émergence de "l'islam de marché"

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  • l'émergence de "l'islam de marché"

    Bonjour,

    Peut on utiliser les lois du marché et le marketing pour promouvoir l'islam, Aisstent on à l'emergence d'un nouveau islam ? un islam basé sur la réal politik ! loin de l'islamise et plus proche de la monidialisation.

    L'auteur de ce livre Patrick Haenni mets le doigt sur l'emergence d'une classe de musulmans intelecuels mais néamoins attaché à leur religion.

    Une génération de musulmans qui pronent l'utilisation des medias et de l'economie comme source de progrés morale et sociale.

    Stanislas





    ================================================== =======


    - Le premier chapitre met en scène la cristallisation d'une religiosité peu militante et individualiste, où les objectifs personnels de réalisation de soi, selon un schéma d'inspiration occidentale (positive thinking, approches thérapeutiques, syncrétisme avec des éléments spirituels non islamiques, etc.), prennent le pas sur les grands projets collectifs qui sont le coeur du discours islamiste classique..................................


    - Le troisième chapitre décrit l'affirmation des valeurs du succès et de l'achievement reprises par une jeune génération d'islamistes - les nouvelles classes bourgeoises pieuses - qui projette dans le champ religieux une sorte d'utopie de substitution faite d'individualisme bourgeois et de recherche de la richesse.

    "La success story individuelle est le répertoire de prédilection d'un nouveau muslim pride. C'est dans ce cadre qu'apparaît la figure du winner pieux: efficace économiquement, désengagé politiquement, il cultive les valeurs de la richesse et de l'achievement et développe un imaginaire religieux marqué par la levée des condamnations morales du profit. Cette orientation prépare un véritable Kulturkampf au sein de l'islam sunnite: les nouveaux entrepreneurs religieux opposent à l'univers fataliste et au localisme associés à l'islam traditionnel une religiosité "market-friendly", bourgeoise, cosmopolite et proactive visant à "insuffler l'esprit du capitalisme à la oumma" pour la rendre compétitive dans le concert des nations". (p. 59-60)

    L'islam de marché se situe donc dans un univers où le cosmopolitisme, la piété et la richesse, par le biais d'une "théologie de prospérité" décomplexée vis-à-vis de l'argent, prennent le pas sur une conception ascétique et sur les idéaux de justice sociale imputés à l'islam traditionnel. Cet "imaginaire de la réussite sociale", revanche face aux laïcs et signe d'élection divine, devient un des piliers de l'islam de marché. Ainsi Abdullah Gymnastiar précisant que "le Prophète Muhammad, que son nom soit béni, était lui-même un homme d'affaires et un très bon homme d'affaires", Amr Khaled écrivant que la richesse est un moyen d'exceller en religion et de servir de modèle, ou encore le discours officiel du Müsiad, association turque d'homme d'affaires proche de l'AKP, défendant l'idée que le Coran prône l'accumulation de richesses et que la pauvreté confine presque à l'hérésie.

    Cette religiosité volontariste entre directement en conflit avec l'idée, motivée religieusement, d'une déresponsabilisation de la personne face à son destin. Pour en finir avec une mentalité d'assisté et d'Etat providence, les tenants de cet islam entendent s'attaquer au fatalisme en développant, pour reprendre les termes d'un islamiste moderniste indonésien, un ethos capable "d'absorber l'esprit d'entreprise". Amr Khaled, en Egypte, partage également cette conception d'un islam au service du développement, capable de conjuguer respect des valeurs identitaires et emprunt aux Etats-Unis de leurs principes de management. Cette nouvelle "utopie" prend naissance à la fin des années 1980, avec le départ en Amérique du Nord d'un groupe de jeunes islamistes koweitiens, irakien et palestinien, mais trouve sa plus forte impulsion dans la traduction en arabe du best-seller de Steven Covey, The Seven Habits of Highly Effective People, qui rencontra dans cette jeunesse un écho enthousiaste.

    "Dans l'ensemble du monde musulman, à quelques années près, la littérature d'édification personnelle et le savoir managérial s'imposent comme le meilleur moyen pour instaurer une religiosité non fataliste, proactive. Le savoir managérial transite ainsi par une forme de prédication qui tient plus du coaching que de l'enseignement ou de la théologie". (p. 76)

    Dans le Sud Est asiatique, et plus particulièrement en Indonésie, le phénomène est similaire, bien que les dynamiques de l'appropriation des théories managériales s'opèrent dans un contexte différent. Le management islamique s'intègre ici dans la rivalité qui oppose la classe marchande musulmane et la minorité chinoise, où le déclin des premiers est mis sur le compte d'un manque d'affinité entre pensée musulmane et monde des affaires. Dans un mouvement comparable au monde arabe, le management islamique en Indonésie, développé originellement sur une perspective militante, se déconnecte de l'expérience islamiste pour se fixer sur la réforme des mentalités et la compétitivité des musulmans.

    Le monde turcophone, par l'intermédiaire des trois acteurs principaux qui sont le mouvement des Nurcu, le prédicateur Fethullah Gülen et la classe marchande anatolienne (Müsiad et Ishad), connaît aussi ce modèle de religiosité proactive où l'idéal des islamistes "se déplace du terreau de la politique à celui de l'éthique".

    - Le quatrième scénario témoigne que cette "politisation néo-libérale de l'islam" devient le vecteur non plus de l'instauration d'un Etat islamique, mais de la formation de "sociétés civiles vertueuses" interagissant avec les structures étatiques selon des modes étonnamment voisins des faith-based initiatives des Républicains américains. En effet, ces derniers, dans le but de dégraisser l'Etat en se libérant de certaines charges auprès des religious contractors, "accordent aux organisations religieuses la possibilité d'accéder aux contrats d'Etat dans le domaine de la prestation de services sociaux gouvernementaux". En voulant réactiver les mécanismes de la solidarité musulmane, les idéologues égyptiens du Wasat proposent des objectifs identiques:

    "[Ils] partent du constat que la nation égyptienne n'a jamais été aussi forte que durant les périodes où les prérogatives de l'Etat étaient peu étendues et limitées aux Affaires Etrangères, à la Défense, à la Justice et à la Police. Il faut donc rééquilibrer les rapports entre dawla et umma, entre Etat et société civile, celle-ci étant naturellement plus efficace que les bureaucraties étatiques, notamment en raison du caractère volontaire des engagements qui s'y nouent. Or, dans leur conception, les communautés religieuses sont la société civile." (p. 93)

    Ces nouveaux islamistes sont des gestionnaires qui ne nourrissent pas l'ambition d'établir un Etat clérical et une société basée sur une transcendance. Ce sont des démocrates qui refusent le pluralisme des valeurs. En Turquie, l'AKP, avec une ampleur beaucoup plus grande, s'inscrit dans une même lecture des priorités. Ces dernières, à leurs yeux, ne résident pas dans le domaine religieux, mais bien dans les défis sociaux et économiques. Embrassant une position ouvertement libérale, ils s'opposent à l'interventionnisme de l'Etat en économie et appellent les œuvres et la charité à prendre le relais des institutions publiques.

    Ainsi que le note Patrick Haenni, "dans l'ensemble du monde musulman, la conversion des mouvements islamistes au marché et à une politique de la morale et des œuvres comme substitut des pesanteurs de l'Etat postcoloniale bureaucratique semble donc être la règle."

    L'étude de Patrick Haenni met donc au jour des processus de mutation des discours et des idéologies qui contribuent à nuancer les catégories d'analyse appliquées sur l'islam politique. Les nouveaux agents de l'islamisation deviennent de moins en moins islamistes mais de plus en plus américains, embrassant une modernité qui n'est pas celle de la philosophie française étatique et laïque mais bien le modèle conservateur des Etats-Unis. Ce dernier "représenterait, en somme, le point médian entre une Etat théocratique indésirable et un "islam des Lumières" improbable".

    "Converti aux vertus du privé et du marché ainsi qu'à la cause de l'Etat minimum, l'islam de marché apparaît d'ores et déjà comme le partenaire idéal des Américains non seulement dans leur politique moyen-orientale, mais également dans le conflit de la modernité qui l'oppose à l'Europe des Lumières, de la raison laïque et étatiste. Hobbes prophétisait il y a bien longtemps l'avènements de nouvelles guerres qui seraient des guerres de philosophies. L'Histoire semble lui donner raison, pour autant que, contre la géopolitique du clash des civilisations, on sache en discerner les vrais protagonistes". (p. 108)

    Source :
    http://religion.info/french/articles/article_204.shtml
    Dernière modification par Stanislas, 29 janvier 2006, 10h30.
    “If you think education is expensive, try ignorance”
    Derek Bok
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