L'arbre ne doit pas cacher la forêt
par Kharroubi Habib
Le rideau est tombé sur la CAN 2010. Il restera de cette compétition aux Algériens un souvenir ambivalent. Celui d'un parcours épique de leur équipe nationale, qui n'a été stoppé que par une énorme tricherie. Ce qui explique que les supporters des Verts leur ont fait un accueil grandiose à leur retour au pays. par Kharroubi Habib
Nos représentants méritent cet honneur car ils n'ont pas démérité, loin de là, malgré qu'ils aient échoué à remporter cette coupe africaine. Saâdane et les Verts ont rempli leur contrat au-delà de ce qui était attendu d'eux. Ils ont en effet replacé footballistiquement l'Algérie au sommet du continent et arraché la qualification au Mondial 2010 en Afrique du Sud. Un résultat auquel rêvaient leurs supporters, mais, avouons-le, sans trop y croire à l'entame des éliminatoires. Il ne faut par conséquent pas «mégoter» notre reconnaissance à cette équipe et à son staff dirigeant. Ils nous ont donné du bonheur et même plus en nous réconciliant en tant que peuple avec nous-mêmes en nous offrant les opportunités d'exprimer notre fibre patriotique sérieusement mise à mal pour d'autres considérations. En raison de cela, un tout autre accueil que grandiose à cette équipe et son staff dirigeant aurait été de la noire ingratitude. En constatant que le pays fait corps avec eux malgré leur sortie prématurée de l'ultime phase de la CAN, nos Verts ne se laisseront pas aller à la démotivation, alors que pointe la grande compétition mondiale à laquelle ils doivent prendre part.
Mais cette solidarité et cette sollicitude que l'on est tenu de manifester à l'équipe nationale forgée par Saâdane ne doivent pas nous empêcher d'exiger des responsables du football algérien une obligation d'inventaire de l'état des lieux de ce sport dans notre pays.
Car, il faut le dire, le football en Algérie va mal. Un diagnostic que ne peut cacher la formidable prouesse de la «bande à Saâdane». Pour réunir son équipe, le coach algérien a dû se rabattre sur le réservoir constitué par les footballeurs issus de l'émigration. Ce n'est pas que nous boudons le bonheur d'avoir des compatriotes formés à ce sport ailleurs que sur le sol national. Mais Saâdane a fait ce choix parce qu'il n'a pas trouvé sur place de quoi constituer une équipe performante. Le championnat national est d'un niveau lamentable, les clubs nationaux bricolent en terme de prospection et de formation. Alors, le grand arbre qu'est le groupe rassemblé par Saâdane ne doit pas nous cacher la forêt de grande misère dans laquelle est perdu le football algérien.
Saâdane n'est pour rien dans cette situation. Il a fait, et même très bien, ce pourquoi on a fait appel à lui. Mais ce qu'il a accompli ne peut s'inscrire dans la durée si le football dans notre pays reste livré à l'inorganisation, au bricolage, à l'absence de rigueur dans sa gestion et sous influence de la médiocrité d'un personnel dirigeant.
Ce qui s'est passé en Egypte, en Angola confirme que le football n'est pas une affaire uniquement sportive. Son potentiel mobilisateur a littéralement changé beaucoup de donnes au plan national. Faut-il le laisser en déshérence ?
Le quotidien d'Oran
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