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Datte: L’incapacité de l'Algérie à placer son label sur le marché mondial

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  • Datte: L’incapacité de l'Algérie à placer son label sur le marché mondial

    Avec une production annuelle de 500 000 tonnes de dattes environ, dont 20 000 exportées à travers des circuits formels, soit 4% de la production totale, l’Algérie se situe à la septième place mondiale.

    La phœniciculture (culture du palmier-dattier), comme au demeurant les autres filières agroalimentaires, qui doivent, en principe, jouer un rôle de premier plan dans le développement économique et tirer les exportations hors hydrocarbures vers le haut, sont en butte à des difficultés multiples et n’échappent pas à la spéculation et autres pratiques frauduleuses. La datte algérienne, compte tenu de sa qualité exceptionnelle, fait l’objet de beaucoup de convoitises de la part de nombreuses parties, notamment nos voisins.

    En premier lieu, les exportateurs algériens qui semblent, à l’évidence, manquer de savoir-faire en la matière, ne parviennent pas à placer ce produit sur le marché mondial et se contentent de l’écouler par des intermédiaires tunisiens et français, mieux aguerris et mieux préparés pour pénétrer et approvisionner le marché européen qui, au demeurant, veulent en faire leur chasse gardée. Les Syriens se chargent d’alimenter le marché du Proche-Orient et des pays du Golfe, notamment l’Arabie Saoudite, dont la population semble priser tout particulièrement la Deglet Nour d’Algérie.

    S’agit-il seulement d’un manque de know how ou de volonté délibérée de passer par ces intermédiaires qui leur permettent d’engranger des dividendes importants sans trop d’efforts et sans se soucier de promouvoir le label algérien au sens “patriotique” du terme ?

    La question mérite d’être posée. Elle le mérite d’autant qu’on ne peut pas comprendre pourquoi certains exportateurs algériens courent le risque de se voir interdire le marché européen par manque de respect des normes internationales usitées en la matière (seuil toléré de pesticides, calibre de la datte, qualité de l’emballage…) ou quand ils se proposent de commercialiser un produit frappé par la pyrale ( maladie générée par le ver de la datte). Si par manque de moyens de contrôle, le marché algérien permet d’absorber y compris les dattes infestées par le ver de la datte, celui de l’Union européenne, sous la pression des organisations de défense des consommateurs et autres associations de même nature, dispose de mécanismes stricts de sélection et d’acceptation des produits en provenance de l’extérieur.

    En second lieu, des exportateurs tunisiens achètent directement, et parfois clandestinement, d’importantes quantités de nos meilleures dattes, Deglet Nour notamment, qui représente 50% de la production dattière nationale, pour la présenter sous un emballage et un label tunisiens sur le marché international. Dans ce contexte, le président de la République, lors d’une intervention publique, a interpellé les producteurs et exportateurs algériens de dattes sur leur manque d’audace et d’agressivité au niveau des marchés extérieurs. L’évasion frauduleuse des dattes à travers nos différentes frontières (40 000 tonnes saisies en 2005 selon l’ancien ministre de l’Agriculture), constitue un véritable pillage de cette ressource génératrice d’emplois et de recettes en devises.

    En troisième lieu, l’apparition de spéculateurs avides de gains rapides, qui achètent et stockent d’énormes quantités de dattes, souvent avant que le produit n’arrive à maturité et dans des conditions d’hygiène qui laissent à désirer, pour les ressortir et les écouler lors d’évènements tels que le Ramadhan à des prix exorbitants, contribuent objectivement à fragiliser et à pervertir la filière. Par ailleurs, la perdition des activités artisanales autour de la culture du palmier et du traitement des dattes, qui faisaient notre fierté en ce qu’elle exprimait le respect de nos aïeux à l’égard de la terre nourricière et de nos traditions ancestrales, la fermeture de nombreuses unités de conditionnement et d’emballage, les lenteurs liées à l’octroi d’aides à l’exportation, assombrissent le tableau et interpellent les pouvoirs publics quant à l’urgence des mesures à prendre pour protéger, développer et promouvoir cette filière qui peut représenter un enjeu majeur dans la perspective de l’après-pétrole.

    Sur 500 000 tonnes de dattes produites, seulement 5% sont exportés, indique une source sûre.

    Voici l’état dans lequel se trouve cette filière dont le potentiel reste en jachère. Beaucoup d’unités de conditionnement ont fermé à Biskra, la principale zone de production, en raison de multiples contraintes à l’exportation.

    Sur le marché intérieur, ce ne sont pas les producteurs qui récupèrent la grande partie de la plus-value. Cédée à moins de 50 dinars, voire 100 dinars sur pied, le kilogramme de dattes se retrouve à 300 dinars sur les étals de la capitale. Les intermédiaires encaissent donc les plus gros profits, au détriment des consommateurs qui se trouvent ainsi privés pour la plupart de ce fruit aux vertus diététiques avérées.

    Par Liberté
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