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La finance peut devenir une arme redoutable

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  • La finance peut devenir une arme redoutable

    L'Histoire montre qu'une gifle ou une oreille coupée suffisent à déclencher une guerre. Les agressions financières sont-elles aussi destinées à fournir un casus belli ? Car, au XXIe siècle, la finance est devenue une arme.

    Henry Paulson, le secrétaire américain au Trésor, soutient, dans ses mémoires On the Brink ("Au bord du gouffre", Kindle), que la Russie a eu un projet d'attaque financière en 2008. L'idée était que Moscou et Pékin se mettent à vendre de concert les obligations émises par les organismes américains de crédit immobilier parapublics Fannie Mae et Freddie Mac. Il exagère peut-être, mais il est possible que certains dirigeants, mécontents de la politique extérieure des Etats-Unis, aient envisagé de lancer une offensive au moyen des titres de dette publique américaine qu'ils détiennent.

    Le monde semble avoir surmonté la crise financière. Mais il est fréquent que des conflits militaires couvent un certain temps avant d'éclater. Il s'est ainsi écoulé huit ans entre le moment où le capitaine britannique Robert Jenkins s'est fait couper l'oreille et le début de la guerre anglo-espagnole du XVIIIe siècle qui porte le nom de ce marin.

    De fait, au fur et à mesure que le choc initial provoqué par la crise financière s'éloigne, les sentiments hostiles des Etats créanciers des Etats-Unis semblent se réveiller. De nombreux dirigeants sont apparemment convaincus que la crise est en partie le résultat des politiques égoïstes et irresponsables menées par les Américains.

    Il est possible que ces ressentiments déclenchent un jour des décisions politiques de vente massive des titres de dette américains. Cette agression financière serait moins préjudiciable qu'une guerre commerciale et moins douloureuse qu'un conflit militaire, mais il serait difficile de la circonscrire au seul terrain économique.

    Relire Clausewitz

    La dépression du commerce international observée au lendemain de l'implosion de la banque Lehman Brothers montre que l'économie mondiale ne peut prospérer que si les circuits financiers sont sains. Si le dollar devenait soudain un actif hautement toxique, on verrait certainement les échanges s'effondrer. Un tel cataclysme ne manquerait pas de susciter une vague massive de réactions protectionnistes.

    Et alors ? L'officier prussien Carl von Clausewitz (1780-1831) disait que la guerre n'est que la simple continuation de la politique par d'autres moyens. Il ne faisait pas vraiment allusion à la sphère financière, et pourtant, la maxime fonctionne aussi parfaitement dans ce cas-là.

    Par Edward Hadas (traduction Christine Lahuec) Le Monde
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