Pourquoi la diplomatie algérienne manque d’efficacité avec Washington
Yazid Slimani
L'affaire de la liste noire américaine sur la sécurité aérienne ne cesse de rebondir. Alger menace désormais d'appliquer des mesures de réciprocité à l'égard des voyageurs américains et français. Le feuilleton dure depuis plus d'un mois et le ballet diplomatique qu'il a soulevé – la visite de Janet Sanderson, ex-ambassadrice américaine à Alger en témoigne – n'est sans doute pas terminé.
Cette phase des relations bilatérales entre l'Algérie et les Etats-Unis révèle en tout cas la faiblesse ou le manque d'efficacité d'une certaine diplomatie algérienne, traditionnelle, basée sur les échanges directs d'Etat à Etat. De l'avis général, Abdallah Baali, ambassadeur algérien à Washington depuis l’été 2008, est considéré comme un des meilleurs diplomates des Affaires Etrangères et fin connaisseur des Etats-Unis, après neuf ans passé à New York comme représentant permanent de l'Algérie à l'ONU. Il a d'ailleurs fait preuve d'une certaine liberté de parole en commentant la décision américaine de mettre l'Algérie sur la fameuse liste noire avant une quelconque réaction d'Alger.
Cependant, il faut bien constater que ces derniers mois, les Américains n'ont pas vraiment adopté ou soutenu des positions partagées par Alger ou conformes aux intérêts algériens. Il y a bien sûr cette question de sécurité aérienne, mais aussi la stratégie américaine au Sahara Occidental. Les Etats-Unis soutiennent plutôt le Maroc dans une logique d'autonomie que l'autodétermination préconisée par l'Algérie. La question a été évoquée à chaque rencontre officielle entre les deux pays, mais Mourad Medelci et son ambassadeur à Washington n'ont pas réussi à infléchir la position américaine.
Car il manque à l'Algérie les leviers nécessaires dans les cercles où se prennent les décisions en matière de diplomatie. Les Etats-Unis ont la culture des lobbys et des « think tank », quand l'Algérie est restée à celle des tapis rouges. Ce sont dans les arrière-salles, auprès de ceux qui financent les représentants et des autres qui construisent leurs discours que se jouent les luttes d'influence. Une donne à laquelle l'Algérie n'a pas su s'adapter. Ou presque.
Jusqu'à présent l'Algérie pouvait compter sur son pétrole pour accéder aux cercles décideurs américains. Chakib Khelil, longtemps surnommé « l'homme des Américains » avait su créer des liens avec le lobby pétrolier qui tenait la Maison Blanche du temps du Texan Georges W Bush. Or aujourd'hui, sous la présidence Obama, ce lobby a perdu de son influence au profit des élites issues de New York et Chicago qui constituent aujourd’hui l’entourage du président américain.
Et l'Algérie n'a plus de relais pour faire passer ses messages au plus haut niveau, loin de la lourdeur diplomatique classique. Il nous manque encore cette culture de la diplomatie parallèle, celle qui finalement se révèle être la plus efficace.
TSA
Yazid Slimani
L'affaire de la liste noire américaine sur la sécurité aérienne ne cesse de rebondir. Alger menace désormais d'appliquer des mesures de réciprocité à l'égard des voyageurs américains et français. Le feuilleton dure depuis plus d'un mois et le ballet diplomatique qu'il a soulevé – la visite de Janet Sanderson, ex-ambassadrice américaine à Alger en témoigne – n'est sans doute pas terminé.
Cette phase des relations bilatérales entre l'Algérie et les Etats-Unis révèle en tout cas la faiblesse ou le manque d'efficacité d'une certaine diplomatie algérienne, traditionnelle, basée sur les échanges directs d'Etat à Etat. De l'avis général, Abdallah Baali, ambassadeur algérien à Washington depuis l’été 2008, est considéré comme un des meilleurs diplomates des Affaires Etrangères et fin connaisseur des Etats-Unis, après neuf ans passé à New York comme représentant permanent de l'Algérie à l'ONU. Il a d'ailleurs fait preuve d'une certaine liberté de parole en commentant la décision américaine de mettre l'Algérie sur la fameuse liste noire avant une quelconque réaction d'Alger.
Cependant, il faut bien constater que ces derniers mois, les Américains n'ont pas vraiment adopté ou soutenu des positions partagées par Alger ou conformes aux intérêts algériens. Il y a bien sûr cette question de sécurité aérienne, mais aussi la stratégie américaine au Sahara Occidental. Les Etats-Unis soutiennent plutôt le Maroc dans une logique d'autonomie que l'autodétermination préconisée par l'Algérie. La question a été évoquée à chaque rencontre officielle entre les deux pays, mais Mourad Medelci et son ambassadeur à Washington n'ont pas réussi à infléchir la position américaine.
Car il manque à l'Algérie les leviers nécessaires dans les cercles où se prennent les décisions en matière de diplomatie. Les Etats-Unis ont la culture des lobbys et des « think tank », quand l'Algérie est restée à celle des tapis rouges. Ce sont dans les arrière-salles, auprès de ceux qui financent les représentants et des autres qui construisent leurs discours que se jouent les luttes d'influence. Une donne à laquelle l'Algérie n'a pas su s'adapter. Ou presque.
Jusqu'à présent l'Algérie pouvait compter sur son pétrole pour accéder aux cercles décideurs américains. Chakib Khelil, longtemps surnommé « l'homme des Américains » avait su créer des liens avec le lobby pétrolier qui tenait la Maison Blanche du temps du Texan Georges W Bush. Or aujourd'hui, sous la présidence Obama, ce lobby a perdu de son influence au profit des élites issues de New York et Chicago qui constituent aujourd’hui l’entourage du président américain.
Et l'Algérie n'a plus de relais pour faire passer ses messages au plus haut niveau, loin de la lourdeur diplomatique classique. Il nous manque encore cette culture de la diplomatie parallèle, celle qui finalement se révèle être la plus efficace.
TSA
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