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Un voile , Un certain moi de Juin

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  • Un voile , Un certain moi de Juin

    Bérengère n'a pas une chose qu'une femme en voile intégrale a. Elle n'est pas musulmane, elle n'a pas eu la foi pour mettre la burka. Elle ne voue pas une adoration démesuré à Allah et à Mahomet. Pour juger et faire une expérience complète il manque à Bérengère l'essentiel.


    Au départ, c’était un défi personnel, une « performance », comme on dit chez les acteurs. Une idée folle, assure-t-elle de son regard vert translucide, « totalement déconnectée de l’actualité et du débat de société ». Bérengère Lefranc, artiste parisienne de 40 ans, voulait « juste » devenir invisible.
    Au final, elle est la seule femme, athée et sans la moindre velléité politique ou journalistique, à s’être volontairement dissimulée sous une burqa pendant un mois. « Un voile... »*, journal de bord de cette expérience, paraît la semaine prochaine.
    Aujourd’hui, les mots se bousculent dans sa tête, mais le cri du coeur est irrépressible : « C’était l’enfer ! » Bérengère Lefranc s’allume une cigarette, tente de reconstituer trente jours de tempête intérieure sous un magnifique costume en lin violet sa couleur préférée fabriqué par une amie créatrice. « J’avais imaginé plein de déguisements pour devenir invisible. Ça a pris des mois pour trouver un compromis pas trop ridicule. Mais ça ne m’a vraiment frappée que lorsque je l’ai enfilée : c’était une tenue afghane ! »
    Nous sommes le 1er juin 2009, quinze jours avant que « le Parisien » et « Aujourd’hui en France » ne révèlent la pétition des parlementaires pour réclamer une enquête sur la burqa. L’opinion est encore calme, Bérengère aussi : « Je ne savais pas trop quoi en penser, ça me choquait un peu quand j’en croisais une dans la rue, mais c’était rare », confie-t-elle de sa voix grave éraillée. « Dès la toute première seconde où j’ai mis le pied dehors, tous les regards m’ont dévisagée… J’étais comme un homard plongé dans l’eau bouillante. »

    « Quand il faisait 32 oC, j’avais 5 oC de plus sous ma tenue. Je ruisselais »

    Ni elle ni son compagnon, Hubert solidaire et curieux , ne s’attendaient à la violence de cette première balade. « Pour la première fois de ma vie, j’ai eu peur des gens », se souvient-elle. « On me toisait, me montrait du doigt, chuchotait sur notre passage. Je me sentais handicapée, je ne voyais pas grand-chose, je ne pouvais même pas donner la main à Hubert, et j’avais super envie de fumer. » Elle tirera quelques fils de lin à hauteur de sa bouche pour s’offrir une petite cigarette, et se raidira devant les gloussements des joggeurs et les regards courroucés des vieux musulmans. « J’ai réalisé qu’en plus, on allait me reprocher un sacrilège. »
    Pourquoi, dans de telles conditions, réenfiler son costume le lendemain ? « J’ai décidé d’aller jusqu’au bout », explique-t-elle. « Moi qui suis si complexée et me trouve toujours trop grosse, j’étais rejetée alors qu’on ne me voyait pas ? Ça ne pouvait qu’être un électrochoc ! » Ses trente jours de burqa seront à l’avenant. Dans la chaleur intenable de ce mois de juin, « quand il faisait 32 o C, j’avais 5 o C de plus sous ma tenue. Je ruisselais, retrouvais mon corps couvert de boutons de chaleur le soir. » Les jours de pluie ? « Pire : le vêtement faisait éponge, s’alourdissait, j’étais trempée. » En un mois, elle perd 6 kg, presque sans s’en rendre compte. Rentrer chez elle, se déshabiller, sentir l’air sur sa peau devient un rare délice. « On dit que les femmes voilées revivent à la maison, portent des dessous ravissants, je veux bien le croire, sourit Bérangère. C’est si dur à l’extérieur… »
    « Sous la burqa, il n’y a plus d’interaction possible avec les autres, on se prend leur agressivité sans pouvoir les calmer, les adoucir. » Elle raconte les enfants apeurés, ceux qui bravent leur effroi pour la pincer et vérifier qu’elle n’est pas un fantôme, le vigile qui lui barre l’entrée de la supérette, la drague éhontée d’un Indien déchaîné, les crachats des hommes sur son passage, et les regards noirs des jeunes femmes. Très peu d’indifférence, un peu de respect, quasiment aucune bienveillance. « Le soir de la Fête de la musique, une fois la polémique burqa déclenchée, j’ai eu peur pour ma vie, avoue-t-elle. Les gens étaient saouls, j’ai paniqué. »

    « Celles qui la portent de force, je les plains de tout mon coeur »

    Sept mois après la fête donnée au dernier jour de « l’expérience », elle ressent encore le malaise ressenti quand ses copains lui ont demandé un strip-tease : « J’avais trop éprouvé dans ma chair ce que les femmes qui la portent vivent pour leur manquer ainsi de respect. »
    Une loi pour interdire ce supplice, aujourd’hui, elle la trouverait inadaptée. « Quand on endure ce calvaire par choix, c’est vraiment pour des raisons qui vous appartiennent, croyez-moi. Quant à celles qui portent la burqa de force, je les plains de tout mon coeur. Au point que je trouverais horrible qu’on les cloître chez elles. » Bérengère, elle, a retrouvé sa légèreté, ses jambes, son décolleté. « Maintenant, la foule me fait horreur. Mais j’ai redécouvert l’importance du sourire. Je ne pourrais plus m’en passer pour vivre ! »
    « Ça m'est égal d'être laide ou belle. Il faut seulement que je plaise aux gens qui m'intéressent. »
    Boris Vian

  • #2
    J'ai hâte de lire ce récit d'expérience....
    dans ma culture, on ne pourra pas taxer cette femme ayant du parti pris ou étant sous l'influence de pensée obscure sectaire ...

    par choix ou par force

    "Quand on endure ce calvaire par choix, c’est vraiment pour des raisons qui vous appartiennent, croyez-moi. Quant à celles qui portent la burqa de force, je les plains de tout mon coeur."

    chaque cas est différent
    qu'on aime ou qu'on déteste...
    les unes ont choisi et mérite que l'on respecte leur choix
    les autres subissent et mérite qu'on les protége.

    qu'on aime ou qu'on deteste ...
    pour les unes, on a pas à decider ce qui leur convient à leur place, tant qu'elles ne decident pas à la nôtre
    pour les autres, elles ont besoin qu'on respecte leur féminité et leur humanité dans notre contact avec elles ...


    mais comment savoir si il y a choix vrai, lavage de cerveau, port imposé ?



    sans burqua, certaines femmes s'infériorisent toute seule !
    :

    certaines femmes, à qui on impose rien dans la vie, restent convaincues elles mêmes qu'il n'y a pas pire qu'une autre femme pour amie ou collégue ou autre ...ne font pas confiance à une autre femme

    Sans s'en rendre compte , cette mentalité là fait le lit du reste ... pourtant elles ne porteront pas la burqua ...



    "J’avais trop éprouvé dans ma chair ce que les femmes qui la portent vivent pour leur manquer ainsi de respect."

    montrons nous du respect les unes , les autres....

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