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La France de Sarkozy et l'instrumentalisation de la burqa

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  • La France de Sarkozy et l'instrumentalisation de la burqa

    Eric Besson s’est encore mis en vedette. Le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale a refusé l’octroi de la nationalité française à un homme, sans doute un salafiste, qui aurait reconnu avoir imposé le niqab à son épouse et rejeté «les principes de laïcité et d’égalité entre hommes et femmes».

    Dans cette affaire, la France officielle est dans son droit quand elle décide d’octroyer ou de refuser la citoyenneté française à un étranger.

    Mais c’est la médiatisation de ce refus de la nationalité à un islamiste – c’est du moins la version officielle – qui est choquante.

    C’est cette instrumentalisation à rebours de l’islamisme par la droite française à des fins de politique interne française, qui jette le doute sur les propos d’Eric Besson. Peut-être escompte-t-il, en ces temps de débat sur la «burqa», ramener à la bergerie de l’UMP, le parti de Nicolas Sarkozy, quelques brebis racistes qui se sont égarées sur les terres du Front national de Jean- Marie Le Pen. Le plus dramatique, dans cette affaire d’identité nationale, ce n’est pas le fait que ce débat nauséabond ait réveillé les instincts les plus viles, diviser la France en deux, mais que la xénophobie et le racisme soient désormais assumés au plus haut niveau de l’Etat.

    Ainsi en est-il des propos tenus par Brice Hortefeux, le ministre français de l’Intérieur, par Nadine Morano (pourtant, fille d’immigrée), puis du maire de Marseille.

    De ce fait, quand Nicolas Sarkozy a tenté de corriger le tir en allant se recueillir sur les tombes des soldats maghrébins au cimetière de Notre- Dame-de-Lorette, déclarant qu’il ne laisserait pas «stigmatiser les citoyens français musulmans» tombés pour la France, exaltant le «courage» des soldats d’Afrique qui, lors des guerres mondiales, d’Algérie ou d’Indochine «ont consenti le sacrifice ultime» pour la France, il n’a pu s’empêcher de faire dans l’amalgame, mettant sur un pied d’égalité ces soldats «musulmans» tombés contre le nazisme et ceux qui ont choisi de se battre contre leurs propres frères (en Algérie et au Vietnam).

    Revenons au débat qui nous préoccupe. Avant même qu’il ne devienne président de la République, Nicolas Sarkozy a joué la carte du religieux, poussant les organisations se réclamant du culte musulman à s’organiser. Il est à l’origine de la création du Conseil du culte musulman en France (CCFM) présidé par le Français d’origine marocaine, Mohamed Moussaoui. Cette institution voulue par Sarkozy a permis l’entrée en force des islamistes de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), également présidée par des Marocains membres du Mouvement des Frères musulmans, joue des coudes pour parler au nom de tous ceux qui ont un prénom à consonance musulmane, avant qu’un jour, à l’abri des lois françaises, elle leur impose de ne pas déroger aux normes islamistes comme c’est le cas dans certains quartiers des villes britanniques. Ne nous détrompons pas, c’est ce que souhaite l’actuel chef de l’Etat français.

    La seule chose qui l’inquiète et qui fausse ses calculs est que l’immigration algérienne dans son immense majorité ne joue pas le jeu. Même la Mosquée de Paris, que gèrent des Algériens, dénie au CCFM toute représentativité sur les «musulmans algériens». D’où le fait que la Mosquée de Paris n’est pas en odeur de sainteté à l’Elysée, et ce, quoi qu’on pense de la gestion de son recteur, Dalil Boubekeur.

    Reste que tout porte à penser que l’UOIF et, à un degré moindre, le CCFM ne sont là que pour servir les visées d’une politique de communautarisation qui ne dit pas son nom et, partant, d’apporter de l’eau au moulin de la prétendue politique d’identité nationale. Il suffit d’observer que dans l’affaire de la burqa, qui ne concerne que quelques centaines de femmes sur les millions de femmes dites musulmanes vivant en France, l’UOIF, et même le CCFM, sont montées au créneau pour défendre l’indéfendable. Au nom des six «millions» de musulmans de France !

    Au grand plaisir de la droite réactionnaire française qui essaie de définir la citoyenneté et l’identité françaises sur des critères religieux.

    Par Hassane Zerrouky, Le Soir
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