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Classe politique et culture en Algérie

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  • Classe politique et culture en Algérie

    En Algérie, le constat est sans appel. La culture d’une manière générale, la formation dans les métiers artistiques et les technologies chaque jour innovantes dans la création, la combinaison des financements privés/publics, l’art dans les cursus scolaire et universitaire, les industries culturelles et leur rayonnement à l’international sont les derniers soucis des formations politiques.

    Toutes tendances confondues, en Algérie les partis ne réagissent qu’à la veille d’un scrutin pour «soutenir» ou critiquer et dénoncer les actions du pouvoir.

    L’absence de véritables débats permanents, de programmes, de propositions portés à la connaissance des citoyens, d’une réflexion documentée et chiffrée sur les évolutions mondiales dans les champs de la culture et de la création ne sont nulle part un souci, même accidentel, pour la classe politique.

    Tous semblent s’accorder sur quelques points sclérosés, archaïques sans perspective.

    Il y a un ministère de la Culture qui fait ce qu’il peut, dans la solitude, dirigé par une femme de surcroît, avec des budgets maigrichons, avec des cadres hérités au fil du temps, sans expérience ni formation pointue dans le management et l’économie des pratiques culturelles.

    Et cela suffit à des ministres, à des dirigeants de partis qui se précipitent pour accompagner en posant devant les caméras avec l’équipe de foot à laquelle ils déclarent une passion et un amour inattendus, quel que soit le classement acquis après la CAN par exemple.

    Les dirigeants politiques, toutes obédiences mélangées, ne sont vus ni au théâtre, ni au cinéma et encore moins dans les colloques littéraires ou lors de concerts ou ballets. Ils «s’occupent» exclusivement de la chose importante, de ce qui peut éventuellement générer des postes dans l’Exécutif, la haute administration, le Parlement, un consulat ou une ambassade….

    Une bonne retraite, un gros salaire à l’évidence relèguent la culture, la crise identitaire, le désarroi de la jeunesse nourrie aux mamelles des chaînes satellitaires, l’intégrisme qui gère publiquement la société, les modes vestimentaire, alimentaire et comportementaux, surtout à l’égard des femmes aux statuts de l’inutile réservé aux chercheurs, intellectuels et journalistes.

    Le terme «culturel», comme un intrus de mauvaise fréquentation, est mécaniquement ajouté après ceux de «politique, économique et social» dans les discours et les communiqués. Avec une telle posture, notre classe «politique» fait le minimum sans aucun service après-vente.

    «La société elle-même, saturée de valeurs hétérogènes et sans cesse tiraillée dans des directions culturelles opposées, finit par perdre énergie et dynamisme, n’ayant même plus le ressort d’exercer sur l’individu cette “pression” nécessaire d’effectuation identitaire qui lui permet habituellement d’inscrire sa trajectoire vitale dans une même unité de sens (1)». Ces propos d’un intellectuel et d’un chercheur du cru, connu et reconnu par ses pairs ici et à l’étranger serait considéré comme une fausse note sinon comme empêcheur d’une sieste intellectuelle rentière.

    Cette dernière est dominante dans les partis algériens qui, sous leur égide, ne sont même pas capables de solliciter les universitaires-experts nationaux pour les éclairer, enrichir leur éventuel programme dans lequel seraient inscrits la culture, l’identité nationale éclatée, la création, le rôle des artistes et créateurs…

    Comme l’Algérie n’est pas une île à l’abri du monde, les jeunes et les citoyens suivent (merci dame parabole) comment sur tous les continents comment les dirigeants, les partis, les associations, les associations professionnelles, les parents d’élèves et les syndicats suivent et proposent des pistes pour le développement de leurs industries culturelles, les cursus consacrés à l’éducation et la formation dans les métiers artistiques. Les comparaisons sont faites chaque jour, les classements de l’Unesco et de nombreuses ONG sont connus de tous. Hélas, nos dirigeants pour la culture ne sont même pas classés.

    (1) L’identité au Maghreb, l’errance. Ben Meziane Thaalbi, éditions Casbah

    Par Abdou B. La Tribune
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