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Les volcanologues à la rencontre des populations

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    VOLCANOLOGIE Cinq cents chercheurs réunis à Quito s'engagent à mieux communiquer sur le risque volcanique. Soixante grandes villes dans le monde sont construites à côté d'un volcan.
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    Les scientifiques ne s'impliquent pas encore assez auprès des populations qui vivent près d'un volcan pour leur faire comprendre à quels dangers elles sont exposées. Et ils ne s'interrogent que trop peu sur la façon dont leurs travaux peuvent être utiles pour la protection d'une ville.» Pour Robert D'Ercole, de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), la volcanologie est une science encore trop éloignée des préoccupations des habitants et des autorités politiques. Bien qu'elle ait sauvé dans le passé des vies humaines et qu'elle continue de le faire aujourd'hui, notamment en 1991 lors du réveil du Pinatubo aux Philippines, où plusieurs dizaines de milliers personnes avaient été évacuées d'urgence, elle doit encore faire des efforts en matière de communication et d'éducation des populations.
    La quatrième édition de la conférence intitulée «Cities on volcanoes», qui s'est déroulée la semaine dernière à Quito (Equateur) – une ville de 1,5 million d'habitants construite au pied d'un volcan actif –, a réuni 500 chercheurs venus de tous les horizons de la volcanologie et marque cette volonté à prendre en compte les risques liés aux volcans. C'est la première fois que sont réunis scientifiques, responsables politiques et représentants de la sécurité civile. Ils ont pu dialoguer et échanger des idées.


    Car il ne peut y avoir de catastrophe évitée que si les décideurs et les scientifiques collaborent étroitement. Au bout du compte, la décision d'évacuer ou non une ville revient aux autorités locales, les scientifiques ne donnant que des recommandations. Mais ces derniers doivent être présents au milieu des habitants au moment d'une crise pour pouvoir informer et expliquer le phénomène. Alors seulement, ils acquièrent une certaine crédibilité et sont entendus.

    L'exemple japonais


    En ce sens, le modèle japonais est un exemple à suivre pour beaucoup, les volcanologues s'impliquant énormément au sein de la population. Au contraire, pendant l'éruption en 2002 du Nyiragongo en République démocratique du Congo, les scientifiques, pratiquement inconnus des autorités n'avaient pas pu se faire entendre des décideurs. Des mauvais choix avaient été pris, provoquant la mort de 150 personnes.


    C'est rarement le manque de données qui explique la mauvaise gestion d'une crise. La plupart des volcans dangereux de la planète sont surveillés. Les volcanologues disposent de tout un arsenal d'instruments pour détecter le réveil de ces montagnes de feu. Il y a d'abord les sismomètres qui enregistrent les secousses liées à la remontée du magma des roches fondues qui proviennent du manteau terrestre et constituent la lave une fois en surface. Ces appareils sont installés de manière permanente sur les flancs du volcan et constituent la première alerte. Si l'activité s'amplifie, d'autres mesures sont faites. On observe ainsi le gonflement du volcan grâce à des lasers, des récepteurs GPS ou encore des images de satellites. On analyse également les gaz qui sortent du cratère. Un changement de leur composition peut indiquer une éruption proche. Sans compter l'étude géologique qui retrace en premier lieu l'histoire des éruptions du volcan et permet de définir des zones à risque. Et les analyses de la lave ancienne qui révèlent la succession des différentes éruptions et les transformations du magma à l'intérieur du volcan.


    «Les scientifiques doivent maintenant se demander quelles informations sont vraiment utiles à la communauté pour la gestion du risque», confie Robert D'Ercole. Le chercheur a voulu ainsi comparer la vision du danger qu'avaient les populations près du volcan avec celle donnée par les chercheurs sous forme de cartes représentant les régions les plus exposées. Il a interrogé des habitants riverains du Cotopaxi et du Pichincha, tous deux en Equateur, ainsi que ceux de la montagne Pelée en Martinique, qui avait ravagé la ville de Saint-Pierre en 1902. Le résultat a été spectaculaire, bien souvent, les habitants croient être en sécurité dans certaines zones pourtant dangereuses. Un constat qui permettrait aux autorités de mieux cibler quelles personnes ont besoin d'informations.


    Ce genre de pratique commence désormais à se répandre. Certains chercheurs tentent de caractériser dans la ville quelle population et quels bâtiments seraient le plus exposés en cas d'éruption. On sait ainsi que lors de retombée de cendres volcaniques sur une ville, les enfants déjà asthmatiques vont être encore plus malades. On peut aussi évaluer quels ouvrages ne résisteraient pas s'ils étaient recouverts de ces fines poussières. Une démarche qui aurait le mérite de faire prendre conscience du danger aux habitants et de les préparer avant la survenue d'une catastrophe.

    Une science inexacte


    Car en cas de réveil du volcan, les populations ne comprennent pas toujours pourquoi on leur demande de partir de leurs maisons. En 1999, la ville de Baños était menacée par le Tungurahua. La population a été évacuée. Quatre mois plus tard, le volcan menaçait toujours, mais les gens ont décidé de revenir malgré l'interdiction parce qu'ils avaient leurs cultures et leurs animaux. Heureusement, contrairement au scénario envisagé par les scientifiques, il n'y a pas eu d'explosion qui aurait pu raser la ville. Pour les volcanologues, il est indispensable de faire comprendre cette notion d'incertitude aux populations pour s'assurer leur confiance et leur collaboration dans le cas d'une autre évacuation. C'est une science inexacte qui ne peut pas prévoir la force d'une éruption. Pour Jean-Luc Le Pennec, de l'IRD, la meilleure image que l'on peut donner aux gens, c'est celle d'un nuage : «On ne peut pas dire s'il donnera une grosse averse ou une petite bruine.»

    Figaro
    Passi passi werrana dipassi!
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