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La France face à la réforme de l'Etat!

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  • La France face à la réforme de l'Etat!

    Priorité de tous les discours, thème de colloque ou de livres à succès, de rapports et d'audits innombrables pour tiroirs verrouillés, la réforme de l'Etat – ou, plus chastement, la modernisation de l'administration – est la triste illustration que, en matière publique, l'incantation est plus forte que l'action.
    Héritage historique, culture enracinée du service public «à la française», superposition de couches administratives, accumulation des normes, peur du conflit sont quelques raisons qui poussent notre pays à ne pas vouloir réformer véritablement son administration.

    Et pourtant rien n'est perdu si nous le décidons. La France peut se réformer, car elle le doit. Elle ne peut rester passive face à une dette publique de 1 100 milliards d'euros !


    Aussi, il faut changer l'Etat si on ne veut pas qu'un jour les extrémismes ne nous fassent changer d'Etat. Remettons donc la question dans le bon ordre : dans quel Etat voulons-nous vivre ? De quels moyens humains et financiers devrons-nous alors disposer pour rendre notre administration efficace ?

    Voilà quelques principes utiles à une réforme en profondeur : pour commencer, il nous faut dire dans quel Etat nous voulons vivre. Cela suppose la détermination d'une vision à long terme. L'Etat du XXIe siècle ne se construit pas au gré des crises. C'est au président ou à son premier ministre de faire des choix et de se fixer des priorités.


    Ensuite, l'état de nos finances publiques exige la réalisation de gains de productivité dans l'Etat. De quoi s'agit-il ? Simplement d'affecter les justes moyens aux missions qui ont été définies. Les stratégies ministérielles de réforme (SMR), mal remplacées par de simples audits, répondent à cette exigence.

    D'abord, fixer un objectif de productivité. Jean-Pierre Raffarin avait fixé 2% de gain annuel, soit une économie potentielle de 2 milliards d'euros par an. Décliné par ministère, cet objectif est fondé sur des propositions claires et précises de réforme. Au moment où la France redécouvre son endettement, cette méthode nouvelle – d'ores et déjà acceptée par l'administration – doit être relancée.


    L'administration électronique est aussi un bon moyen de gagner en productivité et en efficacité, tout en facilitant la vie de l'usager. Par ailleurs, la loi organique relative aux lois de finances (Lolf) accroît la pertinence de la réforme de l'Etat et la rend plus nécessaire encore. Mais la réforme de l'Etat ne doit pas être réduite à la réforme budgétaire et devenir la «chasse gardée» de Bercy.


    La modernisation de l'Etat doit aussi placer le respect du citoyen au coeur du changement. Beaucoup a été fait en ce qui concerne l'accueil de nos concitoyens dans l'administration. Des pistes ont été lancées, il faut les suivre avec volonté et persévérance. Charte Marianne, administration électronique, baromètre des services publics... montrent le chemin.


    Naturellement, il est illusoire de penser que la réforme de l'Etat se fera sans y associer l'ensemble de la fonction publique. Dans dix ans, 40% des fonctionnaires aujourd'hui en poste seront partis à la retraite. S'il convient d'inscrire la réflexion au-delà de l'idée simplificatrice et humiliante de la diminution mécanique du nombre de fonctionnaires, cela constitue une opportunité qu'il faut saisir aujourd'hui pour redéfinir le sens du service de l'Etat avec ceux qui le servent au quotidien.


    Par ailleurs, les Français veulent vivre dans une France qu'ils comprennent. Plus notre pays veut se simplifier, plus il se complexifie. Les solutions existent, il suffit de le vouloir ! Le législateur doit non seulement être plus clair, mais aussi ne pas se mêler de tout et empiéter sans cesse sur le domaine réglementaire. Il nous appartient également de garantir la transparence de l'action publique en mesurant et en communiquant les résultats de nos actions.


    Enfin, il appartient à l'Etat de mieux s'organiser. Le rôle et l'organisation des pouvoirs publics doivent être repensés. Pas bouleversés, mais adaptés aux problèmes de notre temps. Je pense notamment à l'organisation du gouvernement qui ne se résume pas à la question de savoir si une équipe ministérielle doit être rétrécie, au risque de rétrécir aussi ses idées, ou élargie, au risque de manquer de cohérence. Je pense aussi à la structure de notre administration qui doit s'articuler autour des missions qui lui sont confiées.

    Et, last but not least, le politique doit réaffirmer son autorité. Souvent, l'homme politique a peur d'exercer son pouvoir. Il s'excuse presque de disposer de l'autorité que la République et nos concitoyens lui ont confiée. La crise de l'Etat, c'est aussi son auto-démantèlement. On ne compte plus les commissions en tout genre qui viennent se substituer au politique. La confusion des pouvoirs nourrit l'impuissance publique.

    Le gouvernement doit relancer la réforme de l'Etat qui, aujourd'hui, se technocratise. Il y a urgence. Un jour perdu dans ce domaine entraîne des dépenses inutiles et surtout l'érosion de la confiance des citoyens dans ce qui devrait être notre bien collectif le plus précieux : l'Etat.

    * Ancien ministre, député maire (UMP) de Chantilly (Oise).

    Figaro
    Passi passi werrana dipassi!
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