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La langue tamazight revient de très loin en Algérie

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  • La langue tamazight revient de très loin en Algérie

    Département de Langue et Culture Amaziches en Algérie: 20 ans d’existence

    Les premiers pas du département furent très timides et difficiles, il n’y avait pas de licenciés en tamazight, les étudiants en magistère venaient d’autres départements. La langue tamazight revient de très loin.

    Menacée en Algérie de disparition totale jusqu’aux années 1980, elle a accompli de réels et importants progrès grâce aux luttes pour les libertés et la démocratie qui ont mobilisé, dans le cadre du MCB notamment, l’immense majorité de la Kabylie.

    Les évènements d’avril 80, le pluralisme politique contrôlé institué par la Constitution de février 1989 suite aux évènements du 5 Octobre 1988, la mémorable marche du 5 janvier 1990 et le boycott scolaire de l’année 1995 ont fait faire à tamazight un extraordinaire bond en avant.

    De l’état d’une langue interdite dans les institutions et manifestations officielles, méprisée, rangée au rang des dialectes tout juste bons pour le folklore, elle a fait une entrée fracassante dans le système éducatif, dans les médias lourds et dans la Constitution, où elle est reconnue langue nationale malgré le fameux jamais proclamé par Bouteflika lors de l’une de ses campagnes électorales.

    Elle est dotée d’un haut conseil à l’amazighité, de 3 départements universitaires à Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira, d’un centre national de normalisation, d’un laboratoire de recherche… 20 ans après l’historique marche du 5 janvier 1990 qui a donné naissance au département de langue et culture amazighes de Tizi Ouzou après, il faut bien le rappeler, maintes manœuvres et tergiversations du pouvoir, le bilan est positif, selon le docteur Saïd Chemakh, enseignant audit département, qui donnait, lundi 1er février, une conférence à l’auditorium universitaire de Hasnaoua en compagnie du docteur Imahrazen, et ce, à l’invitation du comité estudiantin du département. L

    es deux conférenciers ont retracé l’historique de l’enseignement de la langue berbère dans le cadre des systèmes coloniaux français et espagnol. En effet, la création de la première chaire de l’enseignement berbère à l’université d’Alger en 1885 et l’enseignement de tamazight dans le cadre de l’institut des langues orientales de Paris à partir de 1913 seront suivis en 1945 par l’Espagne, rappelle le docteur Saïd Chemakh.

    A partir de l'indépendance, et dans le cadre des Etats souverains algérien et marocain, ce sont les anthropologues, les linguistes et sociologues autochtones et étrangers qui se sont intéressés à cette langue qui a survécu aux péripéties d’une histoire millénaire. Les premiers pas du département furent très timides et difficiles, il n’y avait pas de licenciés en tamazight, les étudiants en magistère venaient d’autres départements, 10 pour chacune des 3 filières ouvertes, à savoir langue littéraire et civilisation, ils n’ont pas pu terminer leur cursus à cause du handicap de la langue et des autres contraintes, rappelle le Dr Imahrazen. Les enseignants aussi étaient en nombre très limité, ajoute le même conférencier, marquant ainsi les balbutiements du département qui prendra son élan avec l’arrivée des licenciés en tamazight au lendemain du boycott scolaire, passant de 20 étudiants à plus de 1 000 actuellement.

    Le département compte aujourd’hui 4 docteurs, 200 licenciés, 50 magistères dont 30 de l’ancien système et 20 du nouveau, et 97 nouvelles recrues en post-graduation, magistère et doctorat, indique encore le même conférencier.

    Ce bilan positif de l’avis du Dr Saïd Chemakh a fait l’objet d’un débat critique des étudiants présents à la conférence. Ceux qui le jugent insuffisant proposent des journées d’étude pour faire le point sur les manques à gagner en matière d’enseignement, de prérogatives pour le chef de département, d’ouverture de filières, de recherche et de standarisation ou unification des variantes de la langue.

    Certains ont exprimé le vœu de voir tamazight passer du stade de langue enseignée à celui de langue d’enseignement, et ce, afin d’éviter aux scolarisés le choc du passage du milieu familial au milieu scolaire. Les blocages du pouvoir en matière de revalorisation et de promotion de tamazight sont également évoqués par les intervenants.

    Questions qui n’ont pas été éludées, mais décortiquées par les conférenciers, rappelant entre autres les acquis internes et externes de tamazight, la nécessité de poursuivre et de conjuguer les efforts en vue de consolider et de renforcer les avancées réalisées dans le domaine. A ce titre, le Dr Saïd Chemakh signale une série de projets envisagés dans le cadre officiel et informel.

    Par Le soir
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