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Al-Qaïda Maghreb au Sahel: entre otages et cocaïne

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  • Al-Qaïda Maghreb au Sahel: entre otages et cocaïne

    En pleine crise d’otages, un avion-cargo panaméen avec une cargaison de cocaïne a trouvé le moyen d’atterrir au Mali. Alors que le Sahel grouille de services secrets occidentaux et se trouve sous la loupe des satellites ! Une affaire qui risque de compliquer la situation dans cette zone totalement insécurisée.

    Le 25 janvier dernier, un avion-cargo avec un équipage de quatre personnes, toutes sud-américaines, atterrit tranquillement sur la piste de Mema, près de la localité de Kita, à 76 km de Tombouctou (Mali). À son bord, 250 grands fûts de cocaïne, indiquent des sources locales. Les témoignages font état de quatre rotations de 6 véhicules 4x4 qui ont déchargé la marchandise, sous forte escorte, avant de disparaître. L’avion s’envolera dans la matinée du 26 janvier sans qu’aucun officiel malien ne fouille l’avion.

    Cette seconde affaire de cocaïne intervient deux mois après l’abandon d’un avion-cargo en plein désert dans la région de Kidal. Une affaire qui a considérablement affecté le régime de Bamako qui avait gardé le silence durant un mois avant de reconnaître l’existence de cet avion battant également pavillon sud-américain. Une affaire qui a surtout braqué la lumière sur les connexions existantes entre des proches du président malien, Amadou Toumani Touré (ATT), les cartels de la drogue colombiens et les terroristes de l’AQMI.

    Le poids des notables barabiches

    Les différents témoignages recueillis auprès de sources locales sont formels. Cette cargaison n’aurait jamais pu être déchargée s’il n’y avait pas eu de complicités à haut niveau de l’État malien. D’abord, la présence sur les lieux d’un notable local, B. O. C., de la région de Tarkinte, qui avait réceptionné cet arrivage. Ce personnage est connu dans la région comme étant un notable et ancien élu de la tribu des Barabiches, qui gravite dans l’entourage d’ATT. Il jouit d’une telle estime au sein du pouvoir malien qu’on retrouve sa trace au cœur du dispositif malien des négociateurs qui négocient actuellement avec l’AQMI pour la libération des 6 otages européens (3 Espagnols, deux Italiens et 1 Français).

    Bombardé principal négociateur par la présidence malienne, ce notable est connu pour être en affaires avec le groupe de Mokhtar Belmokhtar, s’occupant notamment du blanchiment d’argent d’Al-Qaïda Maghreb dans la région de Gao par l’achat de plusieurs commerces et de deux compagnies de camions.

    La complicité AQMI-tribus est telle que les témoignages sont formels sur le fait que ces véhicules assurant l’escorte de cette poudre blanche étaient remplis d’individus lourdement armés appartenant à une phalange de l’AQMI.

    Abou Zeid et Belmokhtar et le contrôle de la coke

    La prépondérance de cette cocaïne est telle qu’elle divise même les groupes AQMI dans le Sahel. Chacun la traitant à sa manière. Si l’“émir” Abou Zeid se contente de faire payer les trafiquants, à travers un “impôt de passage”, le groupe de Mokhtar Belmokhtar se charge de la sécurité des convois qui tracent leurs routes vers l’Égypte ou le Maroc.

    Quant au notable en charge, il est souvent accompagné de plusieurs autres chefs de tribu arabes du nord du Mali, dont M. O. L. de Gao, I. A. M. S. de Bourem ou deux députés d’Abeibara à qui revient la responsabilité de la négociation sur le sort des otages européens avec les risques que tout cela suppose.

    La crainte de Madrid, Paris ou Rome est de se voir embarqués dans des négociations impossibles. Au-delà du paiement de la rançon qui semble inévitable, selon les sources contactées, il y a la libération des prisonniers de l’AQMI, des proches de l’“émir” Abou Zeid détenus en Mauritanie, sur lesquels les gouvernements européens n’ont pas prise.

    L’impatience des occidentaux face à ATT

    Cette inquiétude semble avoir motivé le déplacement express du MAE français, Bernard Kouchner à Bamako. À Paris, on commence à montrer des signes de fébrilité à l’égard de ses négociations qui trainent en longueur, surtout dans une région sahélienne où la DGSE française semblait avoir des “entrées” plus propices qu’ailleurs. Les Espagnols ne sont pas en reste, surtout que l’affaire de leurs trois concitoyens détenus commence à avoir des répercussions internes du moment que les familles et les amis des otages, des Catalans, trouvent le temps long face aux contacts entrepris par le gouvernement Zapatero. Ce dernier ayant opté pour la stratégie de confiance à l’égard du régime malien qui a prouvé toute son inefficacité jusqu’à maintenant. Les négociations traînent car les terroristes du GSPC ne veulent pas lâcher les otages au “bon prix”. Après avoir demandé 8 millions d’euros, ils en demandent actuellement 7 millions.

    Cette situation crée autour de l’attitude d’ATT de nombreuses lectures. Est-ce que les arrivages monstrueux de cocaïne au Mali depuis la Colombie, alors que les États-Unis sont en train de juger trois ressortissants maliens pour leurs liens avec les Farc colombiens, ont fait passer au second plan le sort des otages ? Est-ce que les négociateurs, dont l’implication pour certains dans le trafic de drogue est avérée, tentent, avec l’assentiment de l’AQMI, de faire monter les enchères sur les otages ? Est-ce que le pouvoir malien est réellement intéressé par nettoyer la région des terroristes salafistes, alors que ces derniers ont fait alliance avec les tribus barabiches ?
    En attendant, les malheureuses tribus touareg Azawed, qui ont fait une offre concrète à Bamako pour défendre ce territoire face aux terroristes et aux trafiquants de drogue, n’ont aucune chance d’être entendues par ATT. Voilà un mouvement – l’Alliance du 23 mai – qui a su faire taire ses divergences lors de son congrès à Alger afin de lancer un signal à la communauté internationale sur le fait qu’il est le plus à même de traquer l’AQMI, mais qui ne semble pas sensibiliser outre mesure les puissances occidentales impliquées au Sahel.

    En marginalisant les Touaregs depuis deux années de l’équation et en méprisant l’accord d’Alger, ATT veut garder cette “zone grise” comme étant le territoire ouvert aux seuls avions de cocaïne et aux camps d’entraînement d’Al-Qaïda. Et on arrive à se demander quelle est cette puissance qui protège actuellement le régime malien au point que personne ne lui demande des comptes sur la zone grise du Sahel.

    Par Liberté
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