Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Coopération: Il faut toujours offrir deux chèvres....

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Coopération: Il faut toujours offrir deux chèvres....

    Coopération : Il faut toujours offrir deux chèvres au chef indigène

    par Kamel Daoud
    On peut appeler ça le syndrome de la part du bachagha. Explication : beaucoup d'étrangers chargés des programmes de coopération avec l'Algérie se heurtent à un sous-produit de leurs «bonnes volontés» dès qu'ils essayent de développer des plans de soutien ou de formation spécifique dans certains secteurs. En plus clair, cela arrive lorsque vous visez à former des viticulteurs algériens, des cavistes, des spécialistes de la vigne ou de l'artisanat, des restaurateurs de monuments ou des soudeurs de pipeline ou d'autres choses. Mis à part l'assistance financière et technique, le volet le plus important est celui de la formation avec, à la clé, des formations à l'étranger, dans le pays «source». Et c'est là, peuvent vous raconter quelques bonnes volontés algériennes, que surgit ce syndrome de «la part du bachagha» : beaucoup de responsables locaux refusant de donner suite à des programmes de coopération, ou d'assister des programmes de formation parce qu'ils veulent que ce soit eux qui «aillent là-bas». Beaucoup de responsables locaux n'acceptent pas que des jeunes algériens de la plèbe puissent bénéficier d'un petit séjour en Europe pour y apprendre un métier, avec quelques euros et l'occasion de voir un autre pays que celui de la naissance et de la loi de gravité.

    Une loi algérienne veut que beaucoup de bourses de formation soient le quota de privilèges des responsables, détournées en vacances de loisirs ou de tourisme. L'usage est tellement ancré que la plupart des entreprises étrangères installées en Algérie ou intéressées par des marchés ont inclus ce genre de prestations en direction des responsables à qui ils ont affaire. La travel-corruption pervertira donc les programmes de coopération gouvernementaux des pays étrangers en Algérie et induira un effet indésirable que beaucoup de coopérants étrangers pensent intégrer dans leurs protocoles d'action. C'est-à-dire commencer par offrir un stage fictif à un responsable X, pour la durée d'une ou de deux semaines, pour qu'il autorise les stages de formation pour les autres Algériens qui veulent apprendre un métier et qui n'ont rien à manger que leurs propres lendemains. L'idée étant qu'il vaut mieux perdre deux ou trois mille euros à calmer un bachagha, que de perdre dix fois plus avec un programme de coopération qui ne va pas fonctionner à cause d'un chef indigène local qui fera tout pour le faire crasher avec deux règlements internes, un cachet humide et une dizaine de faux rendez-vous.

    Car c'est ainsi que cela fonctionne, loin de ce que filme l'ENTV et des poignées de mains entre chefs d'Etat Nord-Sud. Et c'est pour cette raison que les programmes de coopération mécaniste sont un leurre de la civilisation occidentale : on y oublie la sociologie des pouvoirs et les effets indésirables de la répartition des chèvres et des peaux de chèvre dans les espaces clos. Il fallait en parler car c'est l'un des grands pneus crevés de ce pays et personne ne veut le changer.


    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
Chargement...
X