La valeur ajoutée du secteur secondaire en décroissance avec -2,8%, le tertiaire a sauvé la mise avec +4% et l'agriculture réalise un record avec +26,2%
La baisse du cours des matières premières a limité l'inflation à 1%
La demande intérieure maintient un rythme de croissance soutenu.
L’économie marocaine en 2009 a fait mieux (+5%) que la moyenne des pays en développement (+1,7%), de la zone euro (-4,2%), son principal partenaire commercial, et, in fine, du monde (-1,1%). A peu de choses près (0,6 point), la croissance économique au Maroc, grâce à une production record des cultures céréalières notamment (102 millions de quintaux), a progressé au même rythme qu’en 2008, année très marginalement touchée par la crise économique, puisque celle-ci n'avait commencé à se manifester qu'au cours des tout derniers mois de l'exercice.
Pourtant, la ventilation sectorielle de cette croissance, comme le montrent les données du Haut commissariat au plan (HCP), indique clairement que la crise est passée par là : 1,6% de hausse du PIB hors agricole, au lieu de 3,9% en 2008 et 6,2% en 2007. C'est un ralentissement assez prononcé si l'on considère que ce sont ces secteurs-là qui, en réalité, créent la «vraie» croissance, c'est-à-dire celle qui génère des emplois stables et fait progresser le salariat.
Il est significatif à cet égard que le secteur secondaire, qui regroupe les activités industrielles, minières, énergétiques et du BTP, a, pour la première fois depuis cinq ans, connu une croissance négative : - 2,8%. Bien sûr, les composantes de ce secteur ont évolué différemment, certaines ayant carrément enregistré une décroissance comme les mines, d'autres ayant évolué très modérément comme les industries de transformation ou le BTP.
Mais le résultat global est là : une baisse de la valeur ajoutée. C'est donc le secteur tertiaire (commerce et services), avec une croissance de 4%, quasiment au même niveau qu'en 2008 (+ 4,1%), réalisée grâce notamment aux services marchands autres que le tourisme, qui a quelque peu sauvé la croissance hors agriculture ! Les chiffres de l'emploi pour l'année 2009 confirment d'ailleurs ce constat : seuls les services, et à un degré moindre le BTP, ont créé des emplois; les autres secteurs, y compris l'agriculture, en ont, au contraire, perdu (voir article en page suivante).
Cette évolution est non seulement caractéristique de l'économie marocaine, dans laquelle les activités tertiaires pèsent encore près de 60%, mais aussi «conforme» au tableau général de l'économie mondiale, fortement marquée par la crise. La demande étrangère adressée au Maroc ayant, en effet, significativement baissé, les activités orientées à l'export, déjà fort peu compétiltives en temps normal, ne pouvaient qu'en subir le choc. Quant aux activités du bâtiment et travaux publics (BTP), elles ont évolué de manière contrastée : si le bâtiment a été sérieusement affecté par l'accalmie dans la filière de l'immobilier, que la régression des crédits bancaires aux promoteurs et aux particuliers illustre parfaitement, les travaux publics, par contre, portés par la très forte hausse de l'investissement public, ont pu atténuer le ralentissement.
La croissance agricole ne produit pas d’emplois pérennes
Finalement, les 5% de croissance de 2009, le Maroc les doit principalement au secteur primaire dont la valeur ajoutée a augmenté de 26,2%, contre 16,6% en 2008. La question reste, toutefois, de savoir si cette croissance agricole a produit ou non des effets sur le reste des activités économiques. Il ne paraît pas évident, à l'heure qu'il est, que des canaux de transmission de la croissance existent suffisamment entre l'agriculture et les autres activités. L'articulation entre les deux, à travers notamment l'industrie de transformation ou des services à haute valeur ajoutée, est fort peu développée.
Tout cela explique, au demeurant, que lorsqu'on appréhende la croissance économique du Maroc selon l'optique de la demande, on voit bien que, pour l'essentiel, elle est portée par la demande intérieure. Autrement dit, la demande extérieure, ou, si l'on veut, les exportations, n'apporte aucune contribution à la croissance, elle lui est même négative. En effet, alors que la demande intérieure a contribué pour 7 points à la croissance économique, certes en légère régression par rapport aux 11 points de 2008, selon les estimations du HCP, le commerce extérieur, lui, en dépit de la baisse des importations (voir encadré), a été négatif de plus de 2 points. Et, fait significatif en 2009, la désagrégation des éléments de la demande, opérée par le HCP, permet d'observer que la consommation de manière générale (+5,8%) et celles des ménages en particulier (+5,2%), n'ont pas trop subi l'influence négative de la morosité ambiante, comme on aurait pu le craindre. Sans doute, faut-il y voir, entre autres, l'impact à la fois des revalorisations de salaires décidées par l'administration et du bon comportement de l'agriculture.
Mais ce qui paraît paradoxal, au moins en apparence, c'est que dans un contexte où la demande, et en particulier la consommation, sont restées malgré tout dynamiques, l'inflation, mesurée avec le nouvel indice récemment mis en place, l'indice des prix à la consommation (IPC), a été réduite... à sa plus simple expression : 1%. En réalité, ce niveau particulièrement bas de l'inflation est en phase avec ce qu'on peut observer ailleurs, notamment en Europe, frappée par la déflation carrément. Et celle-ci s'est évidemment diffusée au Maroc par le biais des importations.
La baisse du cours des matières premières a limité l'inflation à 1%
La demande intérieure maintient un rythme de croissance soutenu.
L’économie marocaine en 2009 a fait mieux (+5%) que la moyenne des pays en développement (+1,7%), de la zone euro (-4,2%), son principal partenaire commercial, et, in fine, du monde (-1,1%). A peu de choses près (0,6 point), la croissance économique au Maroc, grâce à une production record des cultures céréalières notamment (102 millions de quintaux), a progressé au même rythme qu’en 2008, année très marginalement touchée par la crise économique, puisque celle-ci n'avait commencé à se manifester qu'au cours des tout derniers mois de l'exercice.
Pourtant, la ventilation sectorielle de cette croissance, comme le montrent les données du Haut commissariat au plan (HCP), indique clairement que la crise est passée par là : 1,6% de hausse du PIB hors agricole, au lieu de 3,9% en 2008 et 6,2% en 2007. C'est un ralentissement assez prononcé si l'on considère que ce sont ces secteurs-là qui, en réalité, créent la «vraie» croissance, c'est-à-dire celle qui génère des emplois stables et fait progresser le salariat.
Il est significatif à cet égard que le secteur secondaire, qui regroupe les activités industrielles, minières, énergétiques et du BTP, a, pour la première fois depuis cinq ans, connu une croissance négative : - 2,8%. Bien sûr, les composantes de ce secteur ont évolué différemment, certaines ayant carrément enregistré une décroissance comme les mines, d'autres ayant évolué très modérément comme les industries de transformation ou le BTP.
Mais le résultat global est là : une baisse de la valeur ajoutée. C'est donc le secteur tertiaire (commerce et services), avec une croissance de 4%, quasiment au même niveau qu'en 2008 (+ 4,1%), réalisée grâce notamment aux services marchands autres que le tourisme, qui a quelque peu sauvé la croissance hors agriculture ! Les chiffres de l'emploi pour l'année 2009 confirment d'ailleurs ce constat : seuls les services, et à un degré moindre le BTP, ont créé des emplois; les autres secteurs, y compris l'agriculture, en ont, au contraire, perdu (voir article en page suivante).
Cette évolution est non seulement caractéristique de l'économie marocaine, dans laquelle les activités tertiaires pèsent encore près de 60%, mais aussi «conforme» au tableau général de l'économie mondiale, fortement marquée par la crise. La demande étrangère adressée au Maroc ayant, en effet, significativement baissé, les activités orientées à l'export, déjà fort peu compétiltives en temps normal, ne pouvaient qu'en subir le choc. Quant aux activités du bâtiment et travaux publics (BTP), elles ont évolué de manière contrastée : si le bâtiment a été sérieusement affecté par l'accalmie dans la filière de l'immobilier, que la régression des crédits bancaires aux promoteurs et aux particuliers illustre parfaitement, les travaux publics, par contre, portés par la très forte hausse de l'investissement public, ont pu atténuer le ralentissement.
La croissance agricole ne produit pas d’emplois pérennes
Finalement, les 5% de croissance de 2009, le Maroc les doit principalement au secteur primaire dont la valeur ajoutée a augmenté de 26,2%, contre 16,6% en 2008. La question reste, toutefois, de savoir si cette croissance agricole a produit ou non des effets sur le reste des activités économiques. Il ne paraît pas évident, à l'heure qu'il est, que des canaux de transmission de la croissance existent suffisamment entre l'agriculture et les autres activités. L'articulation entre les deux, à travers notamment l'industrie de transformation ou des services à haute valeur ajoutée, est fort peu développée.
Tout cela explique, au demeurant, que lorsqu'on appréhende la croissance économique du Maroc selon l'optique de la demande, on voit bien que, pour l'essentiel, elle est portée par la demande intérieure. Autrement dit, la demande extérieure, ou, si l'on veut, les exportations, n'apporte aucune contribution à la croissance, elle lui est même négative. En effet, alors que la demande intérieure a contribué pour 7 points à la croissance économique, certes en légère régression par rapport aux 11 points de 2008, selon les estimations du HCP, le commerce extérieur, lui, en dépit de la baisse des importations (voir encadré), a été négatif de plus de 2 points. Et, fait significatif en 2009, la désagrégation des éléments de la demande, opérée par le HCP, permet d'observer que la consommation de manière générale (+5,8%) et celles des ménages en particulier (+5,2%), n'ont pas trop subi l'influence négative de la morosité ambiante, comme on aurait pu le craindre. Sans doute, faut-il y voir, entre autres, l'impact à la fois des revalorisations de salaires décidées par l'administration et du bon comportement de l'agriculture.
Mais ce qui paraît paradoxal, au moins en apparence, c'est que dans un contexte où la demande, et en particulier la consommation, sont restées malgré tout dynamiques, l'inflation, mesurée avec le nouvel indice récemment mis en place, l'indice des prix à la consommation (IPC), a été réduite... à sa plus simple expression : 1%. En réalité, ce niveau particulièrement bas de l'inflation est en phase avec ce qu'on peut observer ailleurs, notamment en Europe, frappée par la déflation carrément. Et celle-ci s'est évidemment diffusée au Maroc par le biais des importations.
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