Dans une entreprise aussi capitale qu’une révolution et la notre en est une, deux périodes y accusent un relief tellement dominant qu’il semble tout conditionner : son départ et son terme. Ce sont également les moments les plus difficiles parce que l’un comme l’autre, contribuent au passage d’une situation donnée, à une autre complètement différente. En attendant de voir ce que sera la fin, penchons-nous pour l’instant sur ce que fut le commencement de la révolution algérienne.
De tous les travaux qui ont à ce jour traité de ladite Révolution, aucun n’est arrivé à éclairer valablement et d’une façon objective la phase historique, riche en enseignements, qui à préparé ce que certains ont appelé la nuit de la toussaint. Ici une précision s’impose pour éviter tout rapprochement avec la fête des morts ou tout autre invention de plumitifs prompts à expliquer l’histoire par des arrangements malveillants qui, dans le fond, n’honorent pas leurs auteurs.
En réalité, le départ aurait dû avoir lieu le 18 octobre et son report au 1er novembre n’a tenu qu’a des considérations d’ordre interne qu’il serait trop long d’exposer ici. La vérité est que le choix de cette date n’a été motivé par aucune intention de faire coïncider le déclenchement avec le culte des morts qui, certainement depuis qu’ils appartenaient à l’autre monde, devaient se désintéresser totalement des choses d’ici-bas entre Algériens colonisés et Français impérialistes. D’ailleurs, si l’on tient malgré tout à affubler la décision historique du 1er novembre de ce masque infâmant, nous serons bien aisés de notre côté d’aligner une longue lise de dates marquées par des hécatombes au compte du colonialisme français qui, depuis le jour ou il à foulé la terre algérienne, et durant un siècle et trente et un ans, n’a respecté ni notre religion ni nos fêtes ni notre tradition pour perpétrer les pires crimes et exactions que l’histoire ait enregistrés depuis les âges les plus reculés de l’humanité.
Un jour viendra ou tous les crimes seront connus et à ce moment, on oubliera volontiers de parler aussi légèrement du 1er novembre 1954 qui pour nous, restera à jamais sacré et sera fêté pour avoir été l’avènement d’une marche historique qui à bouleversé un continent et qui n’a pas fini d’étonner le monde par sa puissance et sa vitalité face à un adversaire désorienté et complètement déréglé au point d’avoir dangereusement mis en cause ses valeurs, son équilibre psychologique et jusqu’a sa cohésion nationale.
Pour comprendre ce faisceau d’interactions et de réactions découlant de la Révolution algérienne, soumettons à l’analyse les raisons profondes qui ont donné vie à ce 1er novembre et à ses suites.
Déjà en 1945, les prémices d’un tel bouleversement étaient clairement prévisibles à l’observateur lucide et impartial, car le lien entre les évènements de mai 1945, et le départ de la Révolution en Novembre 1954, est tellement étroit qu’il mérite d’être souligné ici sous peine de nous voir tomber dans l’erreur commise par la plupart de nos dirigeants politiques d’avant le 1er Novembre. En effet, les uns comme les autres, ont ou sous-estimé les répercussions du drame de mai 1945, ou tout simplement gardé une obsession d’une éventuelle répétition de cette sauvage répression qui, tout en les marquant, les à éloignés d’une analyse courageuse qui les aurait mieux inspirés dans la recherche d’une politique beaucoup plus réaliste et beaucoup plus hardie.
Nous avons parlé plus haut d’un lien entre les deux évènements : quel est-il ? Effectivement, le 8 mai 1945, était la manifestation d’un même état d’esprit d’un peuple épris de liberté avec cette différence qu’en 1945, il croyait encore en la possibilité de recouvrer ses droits par des moyens pacifiques, alors qu’en novembre 1954, il était décidé, instruit par son premier échec, à ne plus commettre d’erreurs et à utiliser les moyens adéquats capables de faire face à la force qu’on lui à toujours opposée. C’est cette évolution lente quelquefois incertaine et latente, que nous nous proposons de refléter dans ce qui va suivre…
En premier lieu, quelles ont été les suites des nombreux évènements de mai 1945, sur d’une part, le peuple, et d’autre part, les partis politiques qui le représentaient ? Contrairement à ce qu’on attendait, au lieu que ce coup de force renforça l’union nationale, il produisit la dislocation malheureuse des AML, qui avaient en mars 1945, réussi, pour la première fois, à réunir, à l’exception du PCA, toutes les tendances de l’opinion algérienne. En effet, sitôt les prisons ouvertes en mars 1946, sitôt la concrétisation de cette coupure en deux courants : le PPA – MTLD, ou tendance révolutionnaire et l’UDMA, ou tendance réformiste. Je ne parle pas ici du PCA qui reste jusqu’en 1954, minoritaire et sans influence sur la marche des évènements, ni d’ailleurs de l’association des oulémas dont le programme se voulait beaucoup plus orienté vers l’instruction et l’éducation en dépit de leur sympathie non déguisée pour le réformisme de l’UDMA. Il est inutile également de faire cas de ceux qu’on appelait les indépendants, les exécutifs zélés de la colonisation, ce qui, à juste titre, leur avait valu l’appellation pittoresque de » béni-oui-oui «
A retenir donc que les évènements de 1945, tout en donnant au peuple une leçon chèrement acquise sur ce que devrait être une véritable lutte pour l’indépendance nationale, provoquèrent du coup la coupure des forces militantes algériennes et leur regroupement en deux principaux courants dont les luttes dominèrent la scène politique jusqu’en 1950. Avec le recul du temps, on réalise nettement le rôle joué par les sanglantes journées qui on suivi le 8 mai 1945 sur le plan de la classification politique en Algérie et de ce qu’il va en sortir.
Abandonnons pour plus de clarté l’aspect événementiel de cet affrontement pour nous consacrer uniquement à ses effets sur le schéma des forces en présence. Effectivement, il n’a pas fallu attendre longtemps pour constater la fin de cette étape qui a prouvé, s’il en était besoin, que la voie du salut était ailleurs.
Comment alors se présentait le schéma né de cette période de 1945 à 1950 ? Sans conteste, les Partis d’un bord comme d’un autre avaient beaucoup perdu de leur audience; quand aux masses, gavées de mots d’ordre contradictoires, d’ou rien n’était sorti, elles donnaient l’impression après cette bagarre de slogans et de palabres, d’une lassitude indéniable et d’une conviction non moins solide de l’inefficacité des uns et des autres. Il n’était pas rare en ces temps, d’entendre des propos du genre : » A quoi bon s’exprimer pour rien ? Ils sont tous les mêmes, beaucoup de palabres mais de résultat, point. Qu’ils s’entendent et se préparent s’ils veulent parvenir à un résultat. Sans armes on ne parviendra à rien etc. etc. »
On sentait confusément dans ces remarques désabusées et pertinentes le besoin ardent de sortir du labyrinthe des escarmouches platoniques et inopérantes des luttes politiques. La recherche d’une issue susceptible de répondre à ce besoin se lisait sur tous les visages et émergeait de la moindre discussion avec l’homme de la rue, pour ne pas parler du militant plus impatient.
A suivre ....
De tous les travaux qui ont à ce jour traité de ladite Révolution, aucun n’est arrivé à éclairer valablement et d’une façon objective la phase historique, riche en enseignements, qui à préparé ce que certains ont appelé la nuit de la toussaint. Ici une précision s’impose pour éviter tout rapprochement avec la fête des morts ou tout autre invention de plumitifs prompts à expliquer l’histoire par des arrangements malveillants qui, dans le fond, n’honorent pas leurs auteurs.
En réalité, le départ aurait dû avoir lieu le 18 octobre et son report au 1er novembre n’a tenu qu’a des considérations d’ordre interne qu’il serait trop long d’exposer ici. La vérité est que le choix de cette date n’a été motivé par aucune intention de faire coïncider le déclenchement avec le culte des morts qui, certainement depuis qu’ils appartenaient à l’autre monde, devaient se désintéresser totalement des choses d’ici-bas entre Algériens colonisés et Français impérialistes. D’ailleurs, si l’on tient malgré tout à affubler la décision historique du 1er novembre de ce masque infâmant, nous serons bien aisés de notre côté d’aligner une longue lise de dates marquées par des hécatombes au compte du colonialisme français qui, depuis le jour ou il à foulé la terre algérienne, et durant un siècle et trente et un ans, n’a respecté ni notre religion ni nos fêtes ni notre tradition pour perpétrer les pires crimes et exactions que l’histoire ait enregistrés depuis les âges les plus reculés de l’humanité.
Un jour viendra ou tous les crimes seront connus et à ce moment, on oubliera volontiers de parler aussi légèrement du 1er novembre 1954 qui pour nous, restera à jamais sacré et sera fêté pour avoir été l’avènement d’une marche historique qui à bouleversé un continent et qui n’a pas fini d’étonner le monde par sa puissance et sa vitalité face à un adversaire désorienté et complètement déréglé au point d’avoir dangereusement mis en cause ses valeurs, son équilibre psychologique et jusqu’a sa cohésion nationale.
Pour comprendre ce faisceau d’interactions et de réactions découlant de la Révolution algérienne, soumettons à l’analyse les raisons profondes qui ont donné vie à ce 1er novembre et à ses suites.
Déjà en 1945, les prémices d’un tel bouleversement étaient clairement prévisibles à l’observateur lucide et impartial, car le lien entre les évènements de mai 1945, et le départ de la Révolution en Novembre 1954, est tellement étroit qu’il mérite d’être souligné ici sous peine de nous voir tomber dans l’erreur commise par la plupart de nos dirigeants politiques d’avant le 1er Novembre. En effet, les uns comme les autres, ont ou sous-estimé les répercussions du drame de mai 1945, ou tout simplement gardé une obsession d’une éventuelle répétition de cette sauvage répression qui, tout en les marquant, les à éloignés d’une analyse courageuse qui les aurait mieux inspirés dans la recherche d’une politique beaucoup plus réaliste et beaucoup plus hardie.
Nous avons parlé plus haut d’un lien entre les deux évènements : quel est-il ? Effectivement, le 8 mai 1945, était la manifestation d’un même état d’esprit d’un peuple épris de liberté avec cette différence qu’en 1945, il croyait encore en la possibilité de recouvrer ses droits par des moyens pacifiques, alors qu’en novembre 1954, il était décidé, instruit par son premier échec, à ne plus commettre d’erreurs et à utiliser les moyens adéquats capables de faire face à la force qu’on lui à toujours opposée. C’est cette évolution lente quelquefois incertaine et latente, que nous nous proposons de refléter dans ce qui va suivre…
En premier lieu, quelles ont été les suites des nombreux évènements de mai 1945, sur d’une part, le peuple, et d’autre part, les partis politiques qui le représentaient ? Contrairement à ce qu’on attendait, au lieu que ce coup de force renforça l’union nationale, il produisit la dislocation malheureuse des AML, qui avaient en mars 1945, réussi, pour la première fois, à réunir, à l’exception du PCA, toutes les tendances de l’opinion algérienne. En effet, sitôt les prisons ouvertes en mars 1946, sitôt la concrétisation de cette coupure en deux courants : le PPA – MTLD, ou tendance révolutionnaire et l’UDMA, ou tendance réformiste. Je ne parle pas ici du PCA qui reste jusqu’en 1954, minoritaire et sans influence sur la marche des évènements, ni d’ailleurs de l’association des oulémas dont le programme se voulait beaucoup plus orienté vers l’instruction et l’éducation en dépit de leur sympathie non déguisée pour le réformisme de l’UDMA. Il est inutile également de faire cas de ceux qu’on appelait les indépendants, les exécutifs zélés de la colonisation, ce qui, à juste titre, leur avait valu l’appellation pittoresque de » béni-oui-oui «
A retenir donc que les évènements de 1945, tout en donnant au peuple une leçon chèrement acquise sur ce que devrait être une véritable lutte pour l’indépendance nationale, provoquèrent du coup la coupure des forces militantes algériennes et leur regroupement en deux principaux courants dont les luttes dominèrent la scène politique jusqu’en 1950. Avec le recul du temps, on réalise nettement le rôle joué par les sanglantes journées qui on suivi le 8 mai 1945 sur le plan de la classification politique en Algérie et de ce qu’il va en sortir.
Abandonnons pour plus de clarté l’aspect événementiel de cet affrontement pour nous consacrer uniquement à ses effets sur le schéma des forces en présence. Effectivement, il n’a pas fallu attendre longtemps pour constater la fin de cette étape qui a prouvé, s’il en était besoin, que la voie du salut était ailleurs.
Comment alors se présentait le schéma né de cette période de 1945 à 1950 ? Sans conteste, les Partis d’un bord comme d’un autre avaient beaucoup perdu de leur audience; quand aux masses, gavées de mots d’ordre contradictoires, d’ou rien n’était sorti, elles donnaient l’impression après cette bagarre de slogans et de palabres, d’une lassitude indéniable et d’une conviction non moins solide de l’inefficacité des uns et des autres. Il n’était pas rare en ces temps, d’entendre des propos du genre : » A quoi bon s’exprimer pour rien ? Ils sont tous les mêmes, beaucoup de palabres mais de résultat, point. Qu’ils s’entendent et se préparent s’ils veulent parvenir à un résultat. Sans armes on ne parviendra à rien etc. etc. »
On sentait confusément dans ces remarques désabusées et pertinentes le besoin ardent de sortir du labyrinthe des escarmouches platoniques et inopérantes des luttes politiques. La recherche d’une issue susceptible de répondre à ce besoin se lisait sur tous les visages et émergeait de la moindre discussion avec l’homme de la rue, pour ne pas parler du militant plus impatient.
A suivre ....
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