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Ces Fléaux Qui Minent Le Développement En Algérie

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  • Ces Fléaux Qui Minent Le Développement En Algérie


    Dessous-de-table et autres cas de banditisme
    Par : ZOUBIR FERROUKHI

    Le déballage en grande pompe de l’affaire des dirigeants de Sonatrach et l’emballement socio-médiatique qui s’en est suivi font presque croire que l’Algérie est le seul pays au monde à faire face au phénomène de la corruption et de son corollaire incontournable les dessous-de-table.
    Il est vrai que l’indice de Transparency International, une organisation non gouvernementale internationale d'origine allemande à laquelle se réfèrent souvent les journaux, place l’Algérie dans une très mauvaise position. Tous les pays du Maghreb sont, cependant, mal logés dans le classement. En Afrique, des pays comme l’Égypte, le Soudan, la Guinée et la République Démocratique du Congo, ou le Cameroun, sont encore plus mal placés. Quant à cet indice de Transparency International – organisation aux objectifs pas aussi vertueux qu’elle le laisse entendre —, il n’est pas à l’abri des reproches. Selon des experts, une partie des critiques dont il fait l’objet porte sur la méthodologie d’enquête, voire même cet indice serait faussé du fait du dimensionnement inégal des enquêtes dans les différents pays et de sa non-fiabilité puisqu’il repose sur des perceptions et non sur des données réelles constatées.
    Ce qui ne justifie en rien, bien sûr, la corruption qui gangrène au demeurant depuis très longtemps le pays. Elle fait partie des grandes menaces qui pèsent sur l’Algérie et minent son développement. La lutte multidimensionnelle contre le terrorisme, d’une part, le banditisme dont celui lié au terrorisme et la corruption, d’autre part, ainsi que, dans une moindre mesure, le trafic de drogue, sont devenus une réalité à laquelle est quotidiennement confronté le gouvernement algérien. Ce qui explique un peu la réaction du Premier ministre Ahmed Ouyahia dans sa conférence de presse de mercredi dernier après le sommet de l’Alliance présidentielle : “Le sujet n’est pas nouveau, il est récurrent”, a-t-il dit. Avant d’ajouter : “Nous devons vivre la lutte contre la corruption en toute sérénité.”
    En revanche, le phénomène nouveau serait qu’aujourd’hui, bien avant d’en arriver à l’affaire Sonatrach, celle de BRC ou les multiples mandats de dépôts contre des cadres et des élus locaux, il faudrait, en effet, parler aussi de corruption sans oublier d’évoquer le terrorisme, quand on se met à cibler les principaux fléaux qui affaiblissent l’Algérie. Et on s’interroge si terrorisme et corruption ne sont pas finalement liés plus que jamais auparavant, comme sont liés la mauvaise gestion et la corruption, l’appât du gain facile et la corruption, le marché informel et la corruption, etc. La lutte contre la corruption devient ainsi elle-même un combat à plusieurs facettes, sinon aux multiples directions. Des cercles occultes de l’informel seraient impliqués dans le financement du terrorisme dont l’existence leur sert de paravent. C’est là une forme de corruption avérée. Mais, à présent, le basculement vers le grand banditisme est sans doute la nouvelle donne à prendre en compte concernant des groupes terroristes réfractaires à la loi sur la concorde civile, qui se voient de plus en plus précipités dans cette voie à cause, notamment de l’élimination notable par l’armée de responsables du GSPC et la neutralisation par les services de sécurité des réseaux de soutien.

    Des responsables au-dessus de tout soupçon
    Symbole de richesse, Sonatrach, propriété de l’État algérien, douzième rang dans l’industrie pétrolière mondiale, second fournisseur de gaz naturel de l’Europe derrière la Russie, second fournisseur en gaz liquéfié GNL aux États-Unis, exportateur en dehors du brut de produits tels que le condensat, le GPL, les produits raffinés et de pétrochimie, est devenue au fil des ans ce gros mastodonte international et donc un enjeu majeur… Déstabiliser Sonatrach qui renfloue en très grande partie le compte courant du Trésor public à la Banque centrale (au moins 42 milliards de dollars de recettes d'exportation des hydrocarbures prévues pour l'année 2009), c’est déstabiliser l’Algérie. C’est plus que toutes les autres affaires de corruption et de rapine.
    En attendant ce que révélera la justice à ce sujet, l’on cherchera en vain comment et par quels couloirs étroits la corruption en Algérie peut se fixer, et parfois se stabiliser pour le temps qu’il lui faudra, dans des secteurs publics aussi stratégiques que Sonatrach, les banques, les APC, les marchés publics, etc., pour, en fin de compte, profiter aux agents de l’État, c’est-à-dire ceux-là mêmes qui sont censés veiller à la probité financière du secteur public. Et au centre de la plupart de ces affaires de corruption, des responsables que l’on croyait au-dessus de tout soupçon ! Affaire du “projet du siècle” de l’autoroute Est-Ouest où est impliqué le secrétaire général du ministère des Travaux publics, affaire OAIC où est jugé le directeur général de l’Office algérien interprofessionnel des céréales pour passation de contrats injustifiés dans les marchés publics avec l’entreprise privée SIM, affaire des thoniers turcs pêchant en infraction dans les eaux territoriales de l’Algérie où est impliqué le secrétaire général du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques… Scandales financiers à répétition, qui font dire au président de la République, lors d’un discours prononcé au siège de la Cour suprême, à Alger, à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire 2009-2010 en octobre dernier, sa détermination à lutter contre la corruption sous toutes ses formes et ses manifestations, et annoncer sa décision d’installer prochainement “une commission nationale ad hoc pour renforcer” les mécanismes législatifs et réglementaires déjà existants. L’Agence nationale de lutte contre la corruption, pourtant prévue par la loi 06/01 du 20 février 2006 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption, demeure encore inopérante.
    En marge de cette manifestation de l’ouverture de l’année judiciaire, le directeur des affaires pénales au ministère de la Justice signalait, dans une déclaration à la presse, que pour l’année 2008 uniquement, 807 infractions liées à la corruption ont été enregistrées. “Ce phénomène touchait à la transparence de la vie économique et à l’intégrité des agents publics”, précisait-il. Et d’enchaîner sur le cas de criminalité organisée, en soulignant que cette dernière comprenait une criminalité impliquant des groupes organisés qui se répartissent les rôles et se déploient au niveau transnational (trafiquants de stupéfiants, contrebande de diverses marchandises, trafic de migrants).



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    Le grand banditisme
    Le responsable du ministère de la Justice relevait que la criminalité organisée évoluait, notamment dans les zones frontalières et, en particulier, dans les régions de Tlemcen, Béchar, Tamanrasset et Tébessa, avant d’insister sur l’importance de la conjugaison des efforts aux plans régional et international pour son éradication. Dans tous les cas, l’on retiendra que les instruments juridiques adoptés pour faire face à l’évolution de la criminalité ont permis de “renforcer la capacité de dissuasion de la justice et ont eu pour effet de réduire, de 2006 à 2008, le taux de criminalité de 5,53%”.
    Quant à l’éradication du terrorisme, dans sa forme politique pour la destruction par la violence de la République, elle est effectivement en phase terminale, pour reprendre les termes d’une déclaration du patron de la DGSN, Ali Tounsi, lors d’une tournée il y a quelques mois dans la région de Boumerdès, région largement ciblée par le GSPC, et considérée aussi par les médias comme l’une des plus importantes zones indicatrices sur la situation sécuritaire nationale.
    Mais, en même temps, il apparaît que les citoyens, notamment en Kabylie au relief boisé et difficile, sont pour le moins inquiets de la recrudescence d’un autre type de violence intimement liée au terrorisme, qui consiste en un racket systématique sur les chemins austères interwilayas qui demeurent ainsi toujours aussi périlleux. Ce genre de rapine s’élargit aujourd’hui à d’autres formes de banditisme parmi lesquelles on peut notamment citer les enlèvements pour le prélèvement de rançons qui se chiffrent, rapporte-t-on, parfois à des milliards de centimes et constituent une contribution devenue essentielle du financement du GSPC. En une seule année, 375 cas de kidnapping ont été enregistrés en Algérie, selon le bilan dressé par le ministre de l’Intérieur, selon lequel 260 cas relevaient du droit commun alors que 115 cas de kidnapping avaient une relation avec le terrorisme. Le ministre avait indiqué que des sommes atteignant 600 milliards de centimes ont été exigées (par les terroristes), précisant que 120 milliards de centimes ont été payés par les parents des victimes. Le kidnapping des enfants n’est plus un incident rarissime et marginal en Algérie, puisque chaque année, il vient alourdir les statistiques de manière alarmante. Le nombre d’enfants enlevés en Algérie depuis 2001 s’élève à 830 selon les dernières statistiques des services de sécurité tous corps confondus. L’âge des enfants touchés par ce phénomène varie entre 4 et 15 ans. La plupart de ces kidnappings peuvent être attribués à des groupes terroristes en quête d’argent, selon des sources sécuritaires.

    Le risque reste élevé
    Dans une mise à jour très récente (fin janvier 2010), on signalera que les services du ministère français des Affaires étrangères s’appliquent à prévenir de nouveau que les menaces renouvelées d’Al-Qaïda au Maghreb, la persistance d’attaques menées par les groupes terroristes et la dangerosité accrue de la zone sahélienne, limitrophe de l’Algérie, aboutissent à ce que le risque terroriste reste élevé en Algérie. Toutefois, ce risque concerne également le Sud du pays selon ces instances diplomatiques françaises, qui laissent entendre que le danger vient également de la proximité des pays du Sahel (Mali, Mauritanie, Niger) où des enlèvements d’Occidentaux ont pu être constatés et peuvent se produire de nouveau, notamment pendant la saison touristique (octobre-avril). La connexion entre le terrorisme et les réseaux de trafic et de contrebande en Afrique du Nord et ses “manifestations métastatiques” dans la région du Sahel ont été relevées par des responsables africains lors d'un séminaire à Alger organisé par le Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme qui est un organe rattaché à l'Union africaine (Caert). La menace du terrorisme est, par conséquent, globale sur le continent et elle s'appuie sur toutes les formes de crimes transfrontaliers.
    “En règle générale, pour tout déplacement dans le Sud algérien, il est obligatoire d’utiliser exclusivement des agences de tourisme agréés par les autorités algériennes, de prêter une attention forte aux consignes de sécurité données sur place par les forces de sécurité algériennes, de ne surtout pas chercher à se soustraire à ces consignes et d’adopter en général un comportement aussi discret que possible”, insiste la note du ministère français, qui recommande par ailleurs d’éviter, pour le nord du pays, les axes secondaires et non surveillés et de ne pas circuler de nuit, en particulier en Kabylie où le risque d’action terroriste est le plus élevé. Banditisme, trafic de drogue, corruption, contrebande, enlèvements, tout cela fait bon ménage et constitue le crime organisé. Il est en phase de constitution, par ailleurs, sous la couverture de l’islamisme politique violent, notent les observateurs. Il ne concerne pas uniquement l’Algérie. Mais on sait ce qu’attire comme convoitises l’Algérie aujourd’hui. Il semble utile de le relever.

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