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Ce que peut révéler l'ADN de Toutankhamon

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  • Ce que peut révéler l'ADN de Toutankhamon

    Dans la XVIIIe dynastie, à la fin de la lignée des Ahmosides, je voudrais le père et la mère. Depuis vingt ans, la communauté internationale des égyptologues joue à un complexe et bien mystérieux jeu des sept familles : identifier la parentèle de Toutankhamon, le plus glamour des pharaons depuis la découverte de sa fabuleuse tombe par Howard Carter, en 1922. Tests radiologiques, mesures crâniennes, comparaisons des groupes sanguins et tentatives de discerner des maladies congénitales se sont succédé sans jamais épuiser le débat.

    Et voici que l'Égypte annonce qu'elle communiquera le 17 février prochain le résultat de prélèvements ADN effectués sur la momie. Une conférence de presse est prévue au Caire durant laquelle le maître de cérémonie, le chef des Antiquités égyptiennes, Zahi Hawass - forte personnalité du milieu -, ne se fera pas faute d'entretenir le suspense. Il en va de l'image mondiale de son pays et l'on touche ici à la fierté nationale.

    En 2001, le ministère égyptien de la Culture s'était opposé à des analyses d'échantillons de cheveux, d'os et d'ongles de Toutankhamon au motif qu'elles allaient être effectuées par des chercheurs japonais. Depuis, le Conseil suprême des antiquités et la faculté de médecine de l'Université du *Caire ont trouvé un mécène. Discovery Channel a financé un laboratoire de 5 M$ au Musée du Caire capable de mener à bien un programme maison visant à établir, via l'ADN, l'identité et la lignée de centaines de momies.

    Les premiers travaux, débutés en 2008, portent sur deux fœtus femelles trouvés dans la tombe de Toutankhamon. Les égyptologues débattent pour savoir si ces restes sont ceux d'enfants mort-nés du roi et de sa femme Ankhésenpaamon, ou s'ils ont été placés dans la tombe dans le but symbolique de faire apparaître le défunt comme un nouveau-né dans l'au-delà. Une comparaison des groupes sanguins réalisée en 1979 a conforté la thèse de la paternité et elle pourrait être confirmée le 17 février.

    Mais surtout la communauté des scientifiques retiendra son souffle lorsqu'il sera question de la généalogie du pharaon.

    Comme Toutankhamon n'a pas eu de descendance, s'il s'avère que son ADN est partagé avec une ou plusieurs autres momies, ces dernières seront forcément liées à sa fratrie ou à son ascendance. Or, jusqu'à présent, des théories très différentes, voire contradictoires se sont développées à ce sujet. Rappel des conjectures.

    Ce que disent les hiéroglyphes

    Toutankhamon est, sur le trône, un des proches successeurs d'Akhenaton. Est-il pour autant son enfant ? En décembre 2008, Zahi Hawass a reconstitué un bloc calcaire rassemblant la représentation de *Toutankhamon avec celle de sa femme, mentionnant qu'ils sont «fils et fille de roi ». Oui, mais lequel précisément ? Au passage pointe cette autre question : *Toutankhamon se serait-il uni à sa sœur ou à une de ses demi-sœurs ? Ce n'est pas impossible. Les cousinages sont fréquents dans n'importe quelle famille royale et, à cette époque, l'inceste - en tout cas dans cette sphère sociale - n'est pas tabou.

    Seconde hypothèse

    La momie *d'Akhenaton, découverte au début du XXe siècle, est en très mauvais état. Au cours des âges, elle a été déménagée et réenterrée. Ce pourrait même être celle de Smenkhkare, gendre et successeur d'Akhenaton. La comparaison peut néanmoins être tentée avec le grand-père putatif Aménophis dont la dépouille, plus «saine », est conservée au Musée du Caire. Problème : les résultats pourraient aboutir non plus à une filiation mais à une fraternité : Toutankhamon cadet d'Akhenaton ! Cela conduirait à repenser le pouvoir en termes de corégence sur dix à douze ans. La chronologie, décisive pour cette époque charnière - celle durant laquelle Akhenaton renversa le panthéon des dieux gouvernés par Amon pour en adorer un seul, Aton dieu-soleil - serait entièrement à reprendre. On sait que ce monothéisme ne prendra pas et sera à son tour combattu comme hérétique. Au point qu'on tenta dès l'époque de Toutankhamon d'éradiquer la statuaire et des hiéroglyphes y référant et qu'on restaura les anciens temples endommagés. Cette période de censure fait dire à plusieurs spécialistes qu'il ne faut pas suivre à la lettre les inscriptions d'alors. L'histoire a, dès cette période, pu être maquillée.

    Les autres pistes

    Toutankhamon pourrait être le fils de Smenkhkare ou du grand prêtre Aÿ, lequel sera son successeur. Ou encore aucun des personnages mentionnés jusque-là.

    Néfertiti serait-elle la mère ?

    Sa beauté fameuse contribue à rendre la thèse séduisante. Mais sa momie fait, pour l'instant, défaut.

    Les autres mères possibles

    Elles abondent car les pharaons de cette époque avaient un harem avec une favorite, une dizaine de concubines et une centaine d'autres femmes. Une théorie minoritaire veut que la mère de Toutankhamon ait été une simple épouse. On a avancé le nom de Kiya. Celui de Tiyi, la grande veuve royale d'Aménophis, est également cité. Au CNRS, Alain Zivie, en charge d'une mission archéologique à Saqqara, se concentre depuis treize ans sur le cas de Maïa dont il vient de publier l'étude de la tombe. Cette mystérieuse épouse secondaire d'Akhenaton pourrait être Ankh-Khéperouré, la troisième de ses six filles. Toutankhamon serait donc issu d'une union incestueuse. À moins que Maïa ait été simplement sa mère nourricière.

    Par le figaro
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