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Des faux comas révélés par l'imagerie du cerveau

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  • Des faux comas révélés par l'imagerie du cerveau

    Les malades dans le coma pourraient réagir beaucoup plus que ce que l'on imaginait jusqu'à présent.

    L'imagerie fonctionnelle cérébrale est en train de faire voler en éclats la notion d'état végétatif et corriger certains diagnostics. Une étude révèle en effet que sur 54 patients (23 en état végétatif et 31 en état de conscience minimale), des signaux de conscience ont pu être détectés chez cinq d'entre eux. En demandant à ces patients en état végétatif de s'imaginer en train de jouer au tennis ou de se promener dans leur maison, deux équipes de chercheurs de l'université de Cambridge (Angleterre) et de l'université de Liège (Belgique) ont découvert que les mêmes zones cérébrales étaient activées que chez des personnes ne souffrant d'aucune déficience neurologique (New England Journal of Medicine, en ligne le 4 février 2010).

    Plus troublant encore, le seul des cinq patients à avoir été soumis à un autre test de communication l'a passé avec succès. Quand les chercheurs lui ont demandé de répondre à plusieurs questions le concernant, en imaginant jouer au tennis quand ce qu'on lui disait était vrai (exemple : «Votre père s'appelle Alexandre») ou en imaginant qu'il se promenait dans sa maison quand l'énoncé était faux, il a toujours apporté des réponses justes. «Cela nous a pris des années pour construire ce test. C'est exceptionnel», témoigne Steven Laureys, de l'université de Liège, qui a piloté l'étude. Ce patient âgé de 29 ans était considéré comme végétatif depuis cinq ans.

    Les cinq personnes ayant réagi positivement aux tests ont subi un grave traumatisme crânien à la suite d'un accident. On n'en trouve aucune dont le cerveau avait été privé d'oxygène, comme cela peut se produire en cas d'arrêt cardiaque. Une observation qui confirme les études cliniques.

    Un outil coûteux

    Ces résultats ne vont pas manquer de conforter tous ceux qui ont un proche dans un état végétatif. Persuadés parfois de communiquer avec lui de manière extrêmement ténue, ils aimeraient évidemment pouvoir le faire un jour de manière plus directe. «Il faut être très prudent et ne pas donner de faux espoirs. Tous ces travaux vont prendre encore beaucoup de temps», prévient Steven Laureys.

    Premier bémol, l'imagerie par résonance magnétique (IRM) fonctionnelle n'est pas un outil de communication pour patient en état végétatif. C'est un outil diagnostic, coûteux et lourd à utiliser.Il faudra attendre le développement de nouveaux appareils d'électroencéphalographie (EEG), beaucoup plus légers et sensibles, et de nouvelles interfaces cerveau-ordinateur pour que des outils de communication utilisables voient en jour. «La technologie est là, mais il faudra la faire aboutir», estime Steven Laureys. Une analyse partagée par Lionel Naccache*, neurologue à l'hôpital Lariboisière (Paris), qui attend lui aussi beaucoup des recherches à venir : «Ce sont les premiers balbutiements. Aujourd'hui, il n'y a encore qu'un bit d'information» , souligne-t-il. Autre bémol : les résultats de l'étude ne signifient pas que tous les patients en état végétatif ont les mêmes capacités que celles enregistrées par les chercheurs. L'état de conscience auquel ils peuvent avoir accès n'a sans doute rien à voir avec celles d'un individu «normal». Ni avec l'état des personnes souffrant d'un locked-in syndrome (lire l'encadré). «Il ne faut pas seulement se demander quels sont les signes de conscience de ces patients, mais quelles sont aussi leurs capacités cognitives», indique Stephen Laureys. Les personnes en état végétatif ont, elles aussi, des états très fluctuants tout comme les personnes conscientes et il est possible que certaines d'entre elles n'ont pas répondu aux tests parce que ce n'était pas le bon moment pour eux, suggère Lionel Naccache.

    Ces découvertes vont avoir assurément des répercussions cliniques et éthiques. En attendant, les recherches avancent. Stephen Laureys devrait bientôt publier une autre étude utilisant l'IRM et montrant que ce qu'on appelle la communication facilitée - une personne tient les mains d'un patient en état végétatif et interprète ses messages - n'est pas toujours réellement fondée. L'IRM ne détecte parfois aucun signal cérébral du patient alors que le «facilitateur», lui, affirme en percevoir.

    * Perdons-nous connaissance ? De la mythologie à la neurologie, de Lionel Naccache, Éditions Odile Jacob.

    Par Le figaro
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