Quand un haut fonctionnaire du Mesrs se fait épingler pour vol de doctorat ...
Après enquête, la victime fut auditionnée et tomba des nues lorsqu’elle constata de visu que sa thèse fut effectivement l’objet d’un pillage intégral de la part d’un de ses collègues, et de surcroît, de la part d’un ami ! Invité par les enquêteurs à s’en remettre au ministre lui-même, le spolié hésita dans un premier temps à franchir le pas, de crainte qu’il ne puisse obtenir gain de cause en raison de la haute charge occupée au département par le plagiaire. Mais encouragé, semble-t-il, par d’honnêtes gens au sein de la tutelle à en informer le ministre, quoi qu’il en coûtât, le plagié finit par lui faire savoir, preuves à l’appui, toute la vérité sur l’« arnaque » dont il a été l’objet(1). Plutôt que de relever immédiatement le fonctionnaire faussaire de son poste et de l’assigner en justice pour fraude manifeste, le ministre s’est contenté de lui retirer la thèse tout en le maintenant dans ses fonctions, comme s’il n’avait commis, en somme, aucune faute ou atteinte à l’éthique et à la déontologie qui devraient pourtant encadrer toute pratique scientifique digne de ce nom !
Mais le pire des pires, c’est que le haut fonctionnaire épinglé ne s’est senti nullement coupable et n’a pas rougi face à la dénonciation de ses forfaits dûment attestés ; il aurait continué au contraire à faire jouer le poids de son pouvoir, à exercer des pressions sur le Conseil national de l’université chargé de la promotion des professeurs pour se faire reconnaître la paternité de la thèse des cinq cents pages qu’il a honteusement plagiée sans le moindre scrupule !
Le mutisme inexpliqué du Mesrs autour des trafics de diplômes...
Comment peut-il avoir la conscience tranquille et dormir d’un sommeil profond et apaisé lorsque l’un de ses proches collaborateurs se trouve impliqué dans une affaire de détournement caractérisé du produit scientifique d’autrui ? N’est-il pas extrêmement dangereux pour le pays que de le laisser se vautrer dans la turpitude et l’infamie ? Le comble de l’opprobre n’est-il pas justement ce laxisme, voire cette complicité tacite, de la part de certains de nos responsables (ministre, recteurs, doyens...) envers les faussaires et tous les escrocs effrontés pour qui le titre du « diplôme » décroché à coups de tampons administratifs vaut bien mieux que la science et le savoir effectivement acquis à la sueur de leur front ? En tant que citoyen, qui aime de manière désintéressée son pays, je m’interroge avec perplexité sur le comportement désinvolte des responsables de notre secteur qui ne semblent guère se soucier de son état sinistré.
A la baisse constante de la qualité de l’enseignement et de la recherche, baisse qu’attestent mille indices, s’ajoute de plus en plus cette pratique perverse du plagiat qui gagne de plus en plus de terrain en provoquant sur son passage des effets d’entraînement, puisqu’elle n’épargne même pas certains responsables chargés en principe de promouvoir l’enseignement et la recherche d’« excellence ». Ainsi, certains doyens, d’après nos sources qui restent cependant à vérifier, auraient cédé aux charmes du plagiat en reproduisant des thèses de doctorats qu’ils ont réussi à faire valider. D’autres sont devenus par le même jeu de passe-passe docteurs d’université, et se font les porte-drapeaux du LMD, lui-même honteusement copié de l’UE et plaqué mécaniquement au contexte algérien. Je ne parle pas de ces ex-professeurs du secondaire qui, parvenus à l’université par je ne sais quel itinéraire emprunté, crachent aux étudiants des cours faits de galimatias et de définitions erronées de concepts historiques et sociologiques.
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