Le président Français vient de faire du 10 mai un jour de commémoration «pour la mémoire de l'esclavage »… manière d’annoncer et de célébrer le refus de la discrimination et de l'exploitataion avec tous ses types.
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Chirac a choisi ce jour pour commémorer, dès cette année, l'abolition de l'esclavage, contre l'avis d'associations qui préféraient le 23 mai.
«Une date qui n'appartient à personne pour pouvoir appartenir à tout le monde.» L'historienne Françoise Vergès, membre du Comité pour la mémoire de l'esclavage, résume d'une formule le choix de la date (le 10 mai) retenu hier à l'Elysée par Jacques Chirac pour commémorer chaque année l'abolition de l'esclavage (Libération d'hier). Le chef de l'Etat, qui raffole de ces grands moments cérémoniaux où il a ce sentiment d'incarner une «certaine idée de la France», s'est exprimé avec des mots forts pour évoquer l'esclavage, «une abomination perpétrée, pendant plusieurs siècles, par les Européens à travers un inqualifiable commerce». «La grandeur d'un pays, c'est d'assumer toute son histoire. Avec ses pages glorieuses, mais aussi avec sa part d'ombre. (...) Regardons-la telle qu'elle a été», a-t-il ajouté, sans faire acte de repentance face à un parterre d'élus d'outre-mer, d'écrivains, d'intellectuels et de lycéens.
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Plaies. Suggérée par le Comité pour la mémoire de l'esclavage, la date du 10 mai a donc été retenue par Chirac au terme de longues polémiques entre associations, élus de tous bords ou historiens. Des mois de discussions qui ont montré à quel point les passions et les plaies sont à vif sur ce sujet. Le 10 mai, c'est en 2001 le jour de l'adoption par le Parlement de la loi reconnaissant la traite et l'esclavage comme un crime contre l'humanité. La gauche et de nombreuses associations ultramarines réclamaient que l'on retienne plutôt le 23 mai. Le 23 mai 1848 fut «le premier jour de liberté des esclaves en Martinique», déplorait hier Victorin Lurel, président PS du conseil régional de la Guadeloupe. «Il s'imposait afin de commémorer les victimes de l'esclavage et non des abolitionnistes.» Les associations guyanaises voulaient elles aussi le 23 mai, à cause de la manifestation, qui en 1998, avait rassemblé silencieusement 40 000 «descendants d'esclaves» à Paris. Mais la députée Christiane Taubira, auteur de la loi de 2001, regrettait à l'avance qu'on donne satisfaction à des associations antillo-guyanaises. Des députés PS et UMP d'outre-mer ont demandé jeudi dernier au président Chirac de «bien réfléchir» avant de faire son choix.
Serge Romana, porte-parole d'associations antillaises, avait souligné que choisir le 10 mai était une «usurpation». «Le comité n'a pas assez consulté les associations et les parlementaires. Ce sera une date mort-née et nous continuerons à célébrer le 23 mai.» Les députés de Martinique sont intervenus en faveur du 23 mai. D'autres dates étaient défendues : le 4 février en référence à la première abolition de l'esclavage en 1794 ou le 27 avril (seconde abolition par Schoelcher en 1848). «Aucune date ne saurait concilier tous les points de vue», a déclaré Chirac. Mais, en tranchant pour le 10 mai, il a assuré que cette date «ne se substituera pas aux dates qui existent déjà dans chaque département d'outre-mer» pour commémorer le souvenir et l'abolition de l'esclavage.
Mission. Le chef de l'Etat a réclamé que la question de l'esclavage «trouve sa juste place dans les programmes de l'école primaire, du collège et du lycée». Ce qui sera fait «dès cette année», a précisé Dominique de Villepin. Une mission a été confiée à l'écrivain Edouard Glissant, destinée à créer un futur «Centre national» dédié à la traite, l'esclavage et ses abolitions. Enfin, il a promis une prochaine «initiative européenne et internationale» pour faire condamner par des tribunaux nationaux les entreprises occidentales usant des nouvelles formes d'esclavagisme comme le travail forcé ou le travail des enfants.
- Libération
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Chirac a choisi ce jour pour commémorer, dès cette année, l'abolition de l'esclavage, contre l'avis d'associations qui préféraient le 23 mai.
«Une date qui n'appartient à personne pour pouvoir appartenir à tout le monde.» L'historienne Françoise Vergès, membre du Comité pour la mémoire de l'esclavage, résume d'une formule le choix de la date (le 10 mai) retenu hier à l'Elysée par Jacques Chirac pour commémorer chaque année l'abolition de l'esclavage (Libération d'hier). Le chef de l'Etat, qui raffole de ces grands moments cérémoniaux où il a ce sentiment d'incarner une «certaine idée de la France», s'est exprimé avec des mots forts pour évoquer l'esclavage, «une abomination perpétrée, pendant plusieurs siècles, par les Européens à travers un inqualifiable commerce». «La grandeur d'un pays, c'est d'assumer toute son histoire. Avec ses pages glorieuses, mais aussi avec sa part d'ombre. (...) Regardons-la telle qu'elle a été», a-t-il ajouté, sans faire acte de repentance face à un parterre d'élus d'outre-mer, d'écrivains, d'intellectuels et de lycéens.
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Plaies. Suggérée par le Comité pour la mémoire de l'esclavage, la date du 10 mai a donc été retenue par Chirac au terme de longues polémiques entre associations, élus de tous bords ou historiens. Des mois de discussions qui ont montré à quel point les passions et les plaies sont à vif sur ce sujet. Le 10 mai, c'est en 2001 le jour de l'adoption par le Parlement de la loi reconnaissant la traite et l'esclavage comme un crime contre l'humanité. La gauche et de nombreuses associations ultramarines réclamaient que l'on retienne plutôt le 23 mai. Le 23 mai 1848 fut «le premier jour de liberté des esclaves en Martinique», déplorait hier Victorin Lurel, président PS du conseil régional de la Guadeloupe. «Il s'imposait afin de commémorer les victimes de l'esclavage et non des abolitionnistes.» Les associations guyanaises voulaient elles aussi le 23 mai, à cause de la manifestation, qui en 1998, avait rassemblé silencieusement 40 000 «descendants d'esclaves» à Paris. Mais la députée Christiane Taubira, auteur de la loi de 2001, regrettait à l'avance qu'on donne satisfaction à des associations antillo-guyanaises. Des députés PS et UMP d'outre-mer ont demandé jeudi dernier au président Chirac de «bien réfléchir» avant de faire son choix.
Serge Romana, porte-parole d'associations antillaises, avait souligné que choisir le 10 mai était une «usurpation». «Le comité n'a pas assez consulté les associations et les parlementaires. Ce sera une date mort-née et nous continuerons à célébrer le 23 mai.» Les députés de Martinique sont intervenus en faveur du 23 mai. D'autres dates étaient défendues : le 4 février en référence à la première abolition de l'esclavage en 1794 ou le 27 avril (seconde abolition par Schoelcher en 1848). «Aucune date ne saurait concilier tous les points de vue», a déclaré Chirac. Mais, en tranchant pour le 10 mai, il a assuré que cette date «ne se substituera pas aux dates qui existent déjà dans chaque département d'outre-mer» pour commémorer le souvenir et l'abolition de l'esclavage.
Mission. Le chef de l'Etat a réclamé que la question de l'esclavage «trouve sa juste place dans les programmes de l'école primaire, du collège et du lycée». Ce qui sera fait «dès cette année», a précisé Dominique de Villepin. Une mission a été confiée à l'écrivain Edouard Glissant, destinée à créer un futur «Centre national» dédié à la traite, l'esclavage et ses abolitions. Enfin, il a promis une prochaine «initiative européenne et internationale» pour faire condamner par des tribunaux nationaux les entreprises occidentales usant des nouvelles formes d'esclavagisme comme le travail forcé ou le travail des enfants.
- Libération
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