Ce n’est encore qu’un projet, mais il fait déjà grincer des dents en France. Un groupe de 125 députés algériens souhaite que l’Algérie vote un texte pour criminaliser la colonisation française.
Ils viennent de déposer une proposition de loi en ce sens à l’Assemblée nationale algérienne, avec pour objectif de «créer des tribunaux spéciaux pour juger les responsables de crimes coloniaux», selon Moussa Abdi, un des initiateurs du projet et député du Front de libération nationale (FLN), un mouvement membre de la majorité présidentielle. D’après un des quinze articles de ce texte, les députés envisagent même la possibilité de porter cette question devant des tribunaux internationaux.
Riposte. Encore à un stade embryonnaire, cette initiative a déjà recueilli le soutien de plusieurs associations, notamment d’avocats proches du parti présidentiel. «La France s’est permis d’incriminer la Turquie pour ce qu’elle a fait en Arménie. Elle a également condamné l’Allemagne pour ses crimes nazis et a eu gain de cause en obtenant des excuses et une indemnisation. Pourquoi ne reconnaît-elle pas alors ses crimes commis en Algérie ? Pourquoi refuse-t-elle ce droit à l’Algérie ?» commente ainsi Ahmed Chenna, secrétaire général de l’Académie de la société civile algérienne.
Depuis 2005 et le vote par la France d’une loi contenant un amendement sur le «rôle positif de la colonisation», et même si cet amendement a été annulé ensuite, les signataires de cette proposition nourrissaient l’idée d’une riposte. D’autant que Paris se refuse toujours à présenter des excuses pour son passé colonial. Lors de sa visite d’Etat à Alger en décembre 2007, Nicolas Sarkozy avait qualifié le système colonial d’«injuste par nature». Une avancée par rapport aux déclarations de ses prédécesseurs, mais qui reste insuffisante pour les 125 députés.
L’initiative tombe à point nommé. Elle intervient alors que le gouvernement est confronté à une vague de mécontentement social et, surtout, à quelques semaines d’une visite officielle de Bernard Kouchner à Alger avec, au programme, un nombre conséquent de sujets sensibles à aborder. Le ministre des Affaires étrangères fera notamment le point sur l’avancée du processus d’indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires français dans le Sahara et sur la renégociation de l’accord bilatéral de 1968 sur le statut particulier des Algériens émigrés en France. Alger ne manquera pas de soulever les mesures de sécurité renforcées dont font l’objet ses ressortissants désireux de voyager dans l’Hexagone.
Réconciliation. Si le message sous-entendu par cette proposition de loi doit être pris au sérieux, il n’est pas certain qu’elle aboutisse. Elle doit d’abord être reprise à son compte par le gouvernement, qui décidera de la soumettre, ou pas, au vote de l’Assemblée. Or les responsables algériens n’ont jamais suivi les positions les plus dures de la mouvance nationaliste sur cette question de la repentance, préférant une démarche plus progressive sur la réconciliation des mémoires. Malgré tout, Paris est prévenu : Alger attend un nouveau pas de la France.
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Ils viennent de déposer une proposition de loi en ce sens à l’Assemblée nationale algérienne, avec pour objectif de «créer des tribunaux spéciaux pour juger les responsables de crimes coloniaux», selon Moussa Abdi, un des initiateurs du projet et député du Front de libération nationale (FLN), un mouvement membre de la majorité présidentielle. D’après un des quinze articles de ce texte, les députés envisagent même la possibilité de porter cette question devant des tribunaux internationaux.
Riposte. Encore à un stade embryonnaire, cette initiative a déjà recueilli le soutien de plusieurs associations, notamment d’avocats proches du parti présidentiel. «La France s’est permis d’incriminer la Turquie pour ce qu’elle a fait en Arménie. Elle a également condamné l’Allemagne pour ses crimes nazis et a eu gain de cause en obtenant des excuses et une indemnisation. Pourquoi ne reconnaît-elle pas alors ses crimes commis en Algérie ? Pourquoi refuse-t-elle ce droit à l’Algérie ?» commente ainsi Ahmed Chenna, secrétaire général de l’Académie de la société civile algérienne.
Depuis 2005 et le vote par la France d’une loi contenant un amendement sur le «rôle positif de la colonisation», et même si cet amendement a été annulé ensuite, les signataires de cette proposition nourrissaient l’idée d’une riposte. D’autant que Paris se refuse toujours à présenter des excuses pour son passé colonial. Lors de sa visite d’Etat à Alger en décembre 2007, Nicolas Sarkozy avait qualifié le système colonial d’«injuste par nature». Une avancée par rapport aux déclarations de ses prédécesseurs, mais qui reste insuffisante pour les 125 députés.
L’initiative tombe à point nommé. Elle intervient alors que le gouvernement est confronté à une vague de mécontentement social et, surtout, à quelques semaines d’une visite officielle de Bernard Kouchner à Alger avec, au programme, un nombre conséquent de sujets sensibles à aborder. Le ministre des Affaires étrangères fera notamment le point sur l’avancée du processus d’indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires français dans le Sahara et sur la renégociation de l’accord bilatéral de 1968 sur le statut particulier des Algériens émigrés en France. Alger ne manquera pas de soulever les mesures de sécurité renforcées dont font l’objet ses ressortissants désireux de voyager dans l’Hexagone.
Réconciliation. Si le message sous-entendu par cette proposition de loi doit être pris au sérieux, il n’est pas certain qu’elle aboutisse. Elle doit d’abord être reprise à son compte par le gouvernement, qui décidera de la soumettre, ou pas, au vote de l’Assemblée. Or les responsables algériens n’ont jamais suivi les positions les plus dures de la mouvance nationaliste sur cette question de la repentance, préférant une démarche plus progressive sur la réconciliation des mémoires. Malgré tout, Paris est prévenu : Alger attend un nouveau pas de la France.
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