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Bonbonnes de Gaz.Comme l’année dernière, une grave pénurie frappe l’approvisionnement des couches défavorisées de la population. Les mauvais choix du gouvernement sont pointés du doigt.
Dans le gouvernorat de Hélouan, difficile de trouver une bonbonne de gaz même sur le marché noir où les prix ont atteint les 50 L.E. Face à l’entrepôt principal du quartier, une trentaine de personnes occupent le trottoir et attendent dans l’espoir de se voir livrer une bonbonne de gaz. La scène se répète quotidiennement depuis trois semaines. Des hommes et des femmes de tous les âges, et même des enfants, sont venus bien avant l’aube pour réserver leur place sur ce trottoir. « Je suis venu ici avant l’aube et j’attends le camion qui livre les bonbonnes. Cela fait 8 heures que j’attends et il n’est toujours pas arrivé », affirme Hag Saleh Ibrahim, un homme de 65 ans. Il ajoute que les responsables de l’entrepôt donnent la priorité aux jeunes vendeurs à vélos. « En attendant de changer ma bonbonne, je laisse mes quatre enfants seuls à la maison. Je passe pratiquement toute la journée ici depuis une semaine », lance Oum Khaled, mère de quatre enfants. Pour elle, il n’est pas question de baisser les bras. « J’attendrai s’il le faut jusqu’à demain, mais je dois nourrir mes enfants », lâche-t-elle. Autour d’Oum Khaled, une nuée d’autres femmes se rassemble et occupe la rue. Certaines ont dû économiser les 50 L.E. que représente le prix d’une bonbonne. Faten fait partie de ce groupe. « Cela fait 4 jours que je viens patienter à l’entrepôt du matin jusqu’au soir sans avoir la chance d’obtenir une bonbonne pour chauffer le lait de ma petite fille », explique cette femme de 25 ans. D’autres femmes comme Oum Sayed, qui trouvent de la difficulté à parler, observent le silence. De temps en temps, elle demande aux gens autour d’elle : « Le camion de bonbonnes de Gaz est-il arrivé ? ». Et la réponse est toujours négative. Soudain, on entend crier : « Un camion, un camion ! ». La cohue lance un soupir de soulagement. Mais peine perdue, ce n’est pas le camion attendu. Et le malaise s’installe à nouveau. Devant l’entrepôt, plusieurs dizaines de bonbonnes de gaz gisent sur le sol. L’entrepôt est vide et pas moyen de parler à un responsable. « Les responsables nous traitent comme des chiens. Ils nous ont claqué la porte au nez. Ils préfèrent vendre les bonbonnes aux vendeurs qui sillonnent les quartiers à vélo », explique Samir Morqoss, qui a dû prendre une journée de congé à l’usine de fer pour venir s’approprier une bonbonne de gaz.
Ce n’est pas la première fois qu’une pénurie de bonbonnes de gaz touche la population. L’année dernière, à la même époque, un problème similaire a eu lieu. Les responsables gouvernementaux avaient affirmé que la crise était passagère et que des comités avaient été créées pour identifier les causes et trouver des solutions. Mais selon Hossam Arafat, responsable des produits pétroliers à la chambre de commerce, le gouvernement est le premier responsable de la crise. « Ce sont les décisions hasardeuses du ministère de la Solidarité Sociale et du gouverneur du Caire qui ont plongé le pays dans cette crise. Le gouverneur du Caire, Abdel-Azim Wazir, a décidé de fermer un grand nombre d’entrepôts contrevenants. Forcément, ceci a donné lieu à des problèmes dans la distribution des bonbonnes et le gouvernorat du Caire n’a malheureusement pas prévu de solution », explique-t-il. Deux autres facteurs ont aggravé la pénurie : l’incendie d’un grand entrepôt dans le quartier d’Al-Warraq au Caire et le mauvais temps qui a bloqué, dans les ports égyptiens, la livraison du gaz importé. « Face à la baisse de l’offre, il y a eu, comme chaque année à cette période, une croissance de la consommation ménagère et industrielle, ce qui, évidemment, n’a pas arrangé les choses », explique Arafat.
Manipulations du marché
Pour certains économistes, cette crise est le résultat de l’absence de plan gouvernemental pour faire face aux pénuries de biens stratégiques. Selon Duha Abdel-Hamid, professeur d’économie à l’Université du Caire, le problème réside dans la réserve stratégique faible de gaz butane et le gouvernement en porte la responsabilité. « Le gouvernement sait qu’on peut être amené à subir une pénurie de stocks stratégiques. Pourquoi être à la merci du marché étranger ? », se demande-t-elle. Hussein Abdel-Razeq, secrétaire général du parti du Rassemblement Unioniste Progressiste (UPI) gauche, se pose, lui, une autre question : « Cette crise ne serait-elle pas provoquée pour des raisons dissimulées ? ». Et d’expliquer : « Cette crise, qui se répète chaque année, ne touche que les bidonvilles et les couches défavorisées de la société, mais elle ne porte pas atteinte aux quartiers huppés qui profitent du réseau de gaz naturel et n’utilisent pas ces bonbonnes. Les gens qui habitent ces quartiers ont du pouvoir tandis que la voix des pauvres n’est jamais entendue par le gouvernement ». Il ajoute que le gouvernement a laissé la responsabilité des entrepôts aux mains des commerçants et des agents de distribution privés plutôt que de créer des centres de distribution de l’Etat, ce qui a permis à cette poignée de commerçants des manipulations du marché et a donné lieu à l’émergence du marché noir. « Je n’exclus pas qu’il y ait une volonté gouvernementale d’augmenter le prix des bonbonnes de 5 à 10 L.E. après la crise », affirme Abdel-Razeq. En fait, le secteur privé possède et gère 2 700 entrepôts privés de bonbonnes de gaz face aux 170 seulement appartenant à la société gouvernementale Petrogaz.
Les foyers privés de feu
Dans le gouvernorat de Hélouan, difficile de trouver une bonbonne de gaz même sur le marché noir où les prix ont atteint les 50 L.E. Face à l’entrepôt principal du quartier, une trentaine de personnes occupent le trottoir et attendent dans l’espoir de se voir livrer une bonbonne de gaz. La scène se répète quotidiennement depuis trois semaines. Des hommes et des femmes de tous les âges, et même des enfants, sont venus bien avant l’aube pour réserver leur place sur ce trottoir. « Je suis venu ici avant l’aube et j’attends le camion qui livre les bonbonnes. Cela fait 8 heures que j’attends et il n’est toujours pas arrivé », affirme Hag Saleh Ibrahim, un homme de 65 ans. Il ajoute que les responsables de l’entrepôt donnent la priorité aux jeunes vendeurs à vélos. « En attendant de changer ma bonbonne, je laisse mes quatre enfants seuls à la maison. Je passe pratiquement toute la journée ici depuis une semaine », lance Oum Khaled, mère de quatre enfants. Pour elle, il n’est pas question de baisser les bras. « J’attendrai s’il le faut jusqu’à demain, mais je dois nourrir mes enfants », lâche-t-elle. Autour d’Oum Khaled, une nuée d’autres femmes se rassemble et occupe la rue. Certaines ont dû économiser les 50 L.E. que représente le prix d’une bonbonne. Faten fait partie de ce groupe. « Cela fait 4 jours que je viens patienter à l’entrepôt du matin jusqu’au soir sans avoir la chance d’obtenir une bonbonne pour chauffer le lait de ma petite fille », explique cette femme de 25 ans. D’autres femmes comme Oum Sayed, qui trouvent de la difficulté à parler, observent le silence. De temps en temps, elle demande aux gens autour d’elle : « Le camion de bonbonnes de Gaz est-il arrivé ? ». Et la réponse est toujours négative. Soudain, on entend crier : « Un camion, un camion ! ». La cohue lance un soupir de soulagement. Mais peine perdue, ce n’est pas le camion attendu. Et le malaise s’installe à nouveau. Devant l’entrepôt, plusieurs dizaines de bonbonnes de gaz gisent sur le sol. L’entrepôt est vide et pas moyen de parler à un responsable. « Les responsables nous traitent comme des chiens. Ils nous ont claqué la porte au nez. Ils préfèrent vendre les bonbonnes aux vendeurs qui sillonnent les quartiers à vélo », explique Samir Morqoss, qui a dû prendre une journée de congé à l’usine de fer pour venir s’approprier une bonbonne de gaz. Ce n’est pas la première fois qu’une pénurie de bonbonnes de gaz touche la population. L’année dernière, à la même époque, un problème similaire a eu lieu. Les responsables gouvernementaux avaient affirmé que la crise était passagère et que des comités avaient été créées pour identifier les causes et trouver des solutions. Mais selon Hossam Arafat, responsable des produits pétroliers à la chambre de commerce, le gouvernement est le premier responsable de la crise. « Ce sont les décisions hasardeuses du ministère de la Solidarité Sociale et du gouverneur du Caire qui ont plongé le pays dans cette crise. Le gouverneur du Caire, Abdel-Azim Wazir, a décidé de fermer un grand nombre d’entrepôts contrevenants. Forcément, ceci a donné lieu à des problèmes dans la distribution des bonbonnes et le gouvernorat du Caire n’a malheureusement pas prévu de solution », explique-t-il. Deux autres facteurs ont aggravé la pénurie : l’incendie d’un grand entrepôt dans le quartier d’Al-Warraq au Caire et le mauvais temps qui a bloqué, dans les ports égyptiens, la livraison du gaz importé. « Face à la baisse de l’offre, il y a eu, comme chaque année à cette période, une croissance de la consommation ménagère et industrielle, ce qui, évidemment, n’a pas arrangé les choses », explique Arafat.
Manipulations du marché
Pour certains économistes, cette crise est le résultat de l’absence de plan gouvernemental pour faire face aux pénuries de biens stratégiques. Selon Duha Abdel-Hamid, professeur d’économie à l’Université du Caire, le problème réside dans la réserve stratégique faible de gaz butane et le gouvernement en porte la responsabilité. « Le gouvernement sait qu’on peut être amené à subir une pénurie de stocks stratégiques. Pourquoi être à la merci du marché étranger ? », se demande-t-elle. Hussein Abdel-Razeq, secrétaire général du parti du Rassemblement Unioniste Progressiste (UPI) gauche, se pose, lui, une autre question : « Cette crise ne serait-elle pas provoquée pour des raisons dissimulées ? ». Et d’expliquer : « Cette crise, qui se répète chaque année, ne touche que les bidonvilles et les couches défavorisées de la société, mais elle ne porte pas atteinte aux quartiers huppés qui profitent du réseau de gaz naturel et n’utilisent pas ces bonbonnes. Les gens qui habitent ces quartiers ont du pouvoir tandis que la voix des pauvres n’est jamais entendue par le gouvernement ». Il ajoute que le gouvernement a laissé la responsabilité des entrepôts aux mains des commerçants et des agents de distribution privés plutôt que de créer des centres de distribution de l’Etat, ce qui a permis à cette poignée de commerçants des manipulations du marché et a donné lieu à l’émergence du marché noir. « Je n’exclus pas qu’il y ait une volonté gouvernementale d’augmenter le prix des bonbonnes de 5 à 10 L.E. après la crise », affirme Abdel-Razeq. En fait, le secteur privé possède et gère 2 700 entrepôts privés de bonbonnes de gaz face aux 170 seulement appartenant à la société gouvernementale Petrogaz.
Ola Hamdi
al ahram hebdo
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