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Dernière bourde de BHL. Botul, la philosophie et moi !

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  • Dernière bourde de BHL. Botul, la philosophie et moi !



    Désolé, mais BHL a encore frappé !
    par Pierre Assouline

    Encore BHL ? Je n’y suis pour rien. En fait je me suis tellement fait engueuler par ceux qui me reprochaient de l’avoir critiqué sans avoir lu ses deux nouveaux opus (ils ne voulaient pas voir que je me contentais de critiquer son interview à Transfuge) que, dans un accès de conscience professionnelle, j’ai décidé de m’y mettre. Non pas au gros d’un millier de pages, qui n’est qu’un recueil de textes, articles, entretiens et autres explosions de pensées béhaéliennes (”Le Dit du Lévy” l’eussent intitulé les anciens Japonais), du déjà vu déjà lu déjà connu par définition, mais au maigre de 128 pages De la guerre en philosophie. Son manuel tactique et stratégique d’intellectuel déployé en milieu urbain hostile. Pourquoi pas, bien que là encore, ce ne soit pas du tout neuf puisqu’il s’agit d’une conférence prononcée à Normale sup et étirée pour les besoins de la cause. A l’origine, “Comment je philosophe” était son titre mais l’auteur craignait qu’on ne le soupçonnât de mégalomanie (loin de nous une telle idée !). Cétait donc ça, les “deux livres importants” annoncés par ses admirateurs pour marquer son grand retour sur la scène des idées ?

    Bref, j’ai entrepris de le lire. Barbant au possible. Aussi suffisant qu’insuffisant. A moins que je ne sois pas au niveau. Heureusement c’est court. On sait que Bernard-Henri Lévy est dépourvu du moindre humour. Il ignore le troisième degré, le jeu de mots et tutti quantique. Mais finalement, en reprenant la chose, le sourire, le rire et même l’éclat de rire me sont venus. Grâce à la sagacité d’Aude Lancelin et de son billet sur Bibliobs. Elle suggérait de se rendre page 122, ce que j’ai fait aussitôt. Comme l’auteur entreprend d’y étudier “deux philosophes modernes qui sont parmi les plus acharnés à nier, ou à feindre de nier, leur part de subjectivité”, et qu’il commence avec son ancien maître Althusser, j’avoue que j’avais commencé à baîller dès lors qu’il évoquait l’étranglement de sa femme, et à passer rapidement. Honte sur moi ! Car au bas de la page, on trouve ce passage grandiose, à propos de son deuxième exemple :

    “Ou bien encore Kant, le prétendu sage de Königsberg, le philosophe sans vie et sans corps par excellence, dont Jean-Baptiste Botul a montré au lendemain la Seconde guerre mondiale, dans sa série de conférences aux néo-kantiens du Paraguay que leur héros était un faux abstrait, un pur esprit de pure apparence -et cela à deux titres au moins : le concept de monde nouménal où s’entend l’écho d’une jeunesse spirite, vécue parmi les ombres et les limbes dans un royaume d’êtres énigmatiques et accessibles par la seule télépathie…”

    Suivent une dizaine de lignes sur Kant en “fou furieux de la pensée, enragé du concept”. Le plus drôle, c’est que le philosophe Jean-Baptiste Botul (1896-1947) n’a jamais existé. C’était un canular monté par Frédéric Pagès, philosophe au Canard enchaîné, dans l’inénarrable La vie sexuelle d’Emmanuel Kant (Mille et nuits, 1999 puis 2004) et son complice l’oulipien Hervé Le Tellier. Quelques temps après la publication de leur coup fumant, l’affaire fut éventée. Le Botul se dévoila. Mais manifestement, la nouvelle n’est pas parvenue jusqu’à Marrakech.

    A l’heure où nous mettons sous presse, nos services ignorent encore comment le philosophe se sortira de ce nouveau complot contre son manifeste-programme gonflé au botox. Soit il met sa bévue sur le compte de la ruse de comédien à double masque immergé dans la société du spectacle qui n’y a rien compris. Soit il caviarde le passage. Dans les deux cas, il se ridiculise. Mais y a -t-il une troisième voie ? Nos auditeurs le découvriront peut-être en écoutant les invités de Laure Albernhe ce mercredi matin jusqu’à 9h sur l’excellente antenne de TSF-Jazz (à Paris 89.9). Ou en lisant la réaction de Bernard-Henri Botul sur le site de La Règle du jeu. On attend désormais la liste des grands esprits qui se sont laissés prendre au canular au point de lui accorder crédit encore dix ans après, comme il le prétend pour se défausser, ce qui en dit long sur sa fabrique à concepts. Prochaine étape : BHL à “La Ferme célébrités”. Mais nous, dès demain promis on retourne aux choses sérieuses avec JSB. Du lourd mais si léger quand on se sent touché par la grâce…

  • #2

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