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Pendant que le titanic cherche sa pierre tombale

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    Pendant que le Titanic cherche sa pierre tombale

    par Kamel Daoud
    C'est l'histoire de deux Algériens. L'un assis sur la tête de l'autre (mais on ne sait pas dans quel ordre), qui regardent la mer en se regardant dans les yeux pour surveiller ce que font leur mains. Le premier est connu mais n'a pas de nom, le second est inconnu mais son nom est partout. Le premier est premier depuis des années, le second n'est le second de personne depuis toujours. Que se disent-ils ?

    - C'est toi qui a mangé finalement l'autoroute, tes yeux sont tout bridés ?

    - Je n'avais rien à manger puisque tu as pris tout Sonatrach et ses fils.

    - D'accord, mais c'est toi qui a commencé avec Annaba ?

    - Non, à Annaba, c'est toi qui a commencé après que Boudiaf ait mal fini.

    - Pourquoi tu me parles de Boudiaf dit le second au premier qui n'est pas premier, en plissant les yeux avec soupçon.

    - Parce que ça sera ma réponse à ta réponse, dit le premier qui ne veut pas de second dans les pattes.

    - Qui a tué Boudiaf ? osa le premier en élevant la voix pour qu'on l'entende.

    - Le rideau. Et qui a arrêté les fils de Meziane ? répliqua le second.

    - Le téléphone, s'expliqua le premier après un moment de réflexion et l'utilisation d'un joker selon les règles du jeu « qui veut gagner des millions de martyrs ? ».

    - Qu'est-ce qu'un journal ? interrogea le premier déguisé en mascarien

    - C'est un ministre du ministre de l'énergie, s'esclaffa le second qui préféra jouer à l'algérois qui raconte la blague de deux mascariens.

    Profitant alors de ce dialogue sans réponses, les deux posèrent des questions qui n'avaient jamais eu de réponses depuis l'aube de l'humanité.

    - Y a-t-il une vie après la mort ? interrogea le premier à l'occasion de cette rencontre entre un homme qui veut savoir face à une entreprise unipersonnelle qui est payée pour tout savoir.

    - Parfois, mais souvent il n'y a que des dossiers ou des condoléances.

    - Ok. On va pouvoir conclure : donnes moi sept de tes hommes à pendre, je te donnerais deux de mes ministres à réduire en poudre, proposa l'élu au galonné.

    - N'y penses pas, répondit fermement le second qui a toujours été premier. N'oublies pas le proverbe qui dit « il ne reste du Titanic qu'une chanson ».

    - Tu sais, on est tous les deux proches de la mort, tenta avec une fausse compassion le premier.

    - On est toujours proche de la mort, même à la naissance. C'est la vie qui est lointaine de chacun, répliqua le second avec la même philosophie de poche.

    - Il y aura beaucoup d'affaires ces jours-ci tu sais. J'ai des juges dans une commission et le peuple et même Boumediene qui va revenir dans deux jours du Vietnam.

    - J'ai un rideau, un téléphone et les vrais résultats des élections, murmura mystérieusement le second.

    - Tu existes ? lança le premier.

    - Dieu est grand, je ne suis qu'un second, répondit le second en caressant la mer.

    - Je suis quand même le numéro Un, cria le premier.

    - Oui, mais ce n'est qu'un numéro de cirque.

    - Comment va finir cette affaire ? finit par se lamenter le premier.

    - Bof, tu sais, vous les numéros un, vous finissez toujours comme joueurs de dominos, ici, à Batna ou dans l'au-delà.

    Bien sûr, ce dialogue est faux et sans fin. C'est l'explication du peuple par le peuple sur ce qui se passe ces temps-ci. A défaut de TPS, on a ce méli-mélo entre pseudo clans, luttes au sommet, coups bas, DRS et Présidence. C'est faux, c'est vrai, mais il est sûr que cela ne se mange pas car c'est périmé depuis longtemps. On est fatigué et de plus en plus pauvre. Même le Titanic rêve du repos des profondeurs.

    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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