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La frilosité franco-algérienne face à l’écriture de l’Histoire

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  • La frilosité franco-algérienne face à l’écriture de l’Histoire

    L’écriture de l’Histoire reste, à chaque fois qu’un évènement ponctuel existe, sujette à controverse et se fait également plus précise à chaque fois et, même si ce n’est que fragmentairement, sont remises en question trop médiatiquement les relations algéro-françaises, exacerbées par une ou des déclarations, en général isolées, de personnalités françaises ou algériennes.

    La révolution algérienne telle qu’évoquée par les historiens algériens ou la guerre d’Algérie vue et revue par des va-t-en guerre dont le vœu altéré serait de la refaire (la guerre) rien que pour satisfaire les fantasmes de quelques nostalgiques de l’Algérie française, revient donc chaque année alimenter les échanges aigres-doux entre les deux pays.

    Mais dans ces balbutiements, dont la gravité n’est pas fortuite, puisqu’ils permettent évidemment d’entretenir un fonds de commerce de part et d’autre des frontières, c’est aux historiens qu’il faudrait plus articulièrement reprocher leur mutisme, sinon leur alignement sur le discours officiel.

    L’Algérie n’arrête pas de subir, dans le temps et l’espace, suivant une périodicité qui en rajoute à l’étrangeté des attaques directes dès lors qu’il s’agit de la nation et indirectes quand elles ciblent des personnalités nationales, proches ou sans relation aucune avec le pouvoir, comme le cas de Djamila Bouhired qui se fait soigner à Paris à la charge de l’Etat algérien et qui, toutefois, est présentée par des milieux de l’extrême-droite française et même de la droite traditionnelle comme une terroriste, poseuse de bombes et non comme une citoyenne qui n’a pris les armes que pour contribuer à la
    libération de l’Algérie.

    Ce que d’ailleurs ont fait des Français à la même époque.


    C’est à partir d’une vision univoque donc qu’est présentée une valeureuse combattante de l’Algérie, mais cette vision a le mérite d’exister et de perpétuer la falsification de l’Histoire sans pour autant que d’autres arguments historiques établis par des historiens, notamment nationaux, établissent, voire rétablissent par des voies, des moyens, des procédés analogues, les événements dans leur stricte réalité. Or, l’histoire de l’Algérie depuis 1830 et, pis, la lutte de libération nationale ne font toujours pas l’objet -c’est du moins ce qui ressort du grand silence des historiens nationaux- d’un intérêt accru, d’un travail de recherche et de collecte de témoignages auprès des vrais acteurs de Novembre 54 et des moments forts, dramatiques et tragiques qui ont endeuillé des milliers de familles et causé près de deux millions de martyr,

    Tous les Algériens, à l’image de Djamila Bouhired, ont été de ces acteurs, plus que ceux qui, mettant à profit le vide sidéral existant, revendiquent le statut de seuls détenteurs de la vérité. Il est normal que d’aucuns essaient d’entretenir l’Histoire à leur manière et convenance pour différentes raisons, politiques notamment : passer sous silence pour certains et en savoir plus pour d’autres.

    Le deuxième cas de figure ne semble pas se poser outre mesure pour nos historiens, du moins dans la limite du sérieux sachant qu’évoquant en début de matinée de jeudi dernier, dans le cadre de la commémoration de la Journée du chahid, sur les ondes de la Chaîne III,

    un chercheur n’a pas manqué de rappeler que le martyr Didouche Mourad était «un grand sportif, un excellent gymnaste et même qu’il fréquentait des jeunes de son… âge». Le contraire aurait été forcément… déprimant et aurait sans doute défiguré le cours de l’Histoire.

    C’est dire en fait la place accordée au travail historiographique par les nôtres.

    Comme l’Histoire ne risque pas d’aller aux historiens, c’est donc à eux qu’échoit le devoir d’y aller et, du coup, de matérialiser le devoir de mémoire pour lequel ils restent comptables devant la société. La démarche est, par voie de conséquence, inverse, et le président de la République n’a eu de cesse de le souligner dans ses discours, et la nécessité de le faire est on ne peut plus probante, pour que, plus jamais, les mémoires n’aient à faillir et que l’Histoire ne soit pervertie.

    Par La Tribune
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