Les services de renseignement occupent une place privilégiée au sein de l'Etat iranien. En effet, c'est en grande partie sur eux que repose la sécurité du régime théocratique.
Leur mission première est de combattre toute menace qui pèse sur le régime des mollahs, qu'elle soit d'origine intérieure ou extérieure. Ainsi, traditionnellement, ces services ont toujours fait une chasse féroce aux opposants politiques, ethniques ou religieux.
Leur deuxième tâche consiste à s'opposer aux actions du « grand » et « petit Satan » et à leurs alliés (les Etats-Unis, Israël et les Occidentaux en général), c'est-à-dire combattre ces Etats en menant une guerre secrète qui a beaucoup fait appel au terrorisme dans le passé. Cette action se poursuit actuellement sur les théâtres afghan et irakien. Plus discrète encore sont les opérations que mènent les services iraniens au Yémen et sur l'ensemble des continents africain et sud-américain via l'importante diaspora libanaise qui est infiltrée depuis des lustres par le Hezbollah libanais, lequel sert d'intermédiaire aux services de Téhéran.
La dernière mission qui leur est confiée, et non des moindres, consiste à participer à la mise à niveau des forces armées et du potentiel nucléaire. En effet, face à l'embargo décrété par la communauté internationale, les services iraniens doivent trouver sur le marché parallèle les pièces de rechange et les composants qui sont indispensables au pays pour poursuivre la modernisation de son arsenal militaire en général, et la réalisation d'une force de frappe nucléaire en particulier.
Afin de mener à bien ces missions aussi variées que diverses, les services de Téhéran ont mis en place un maillage serré dans toutes les provinces iraniennes et sur l'ensemble de la planète.
Le ministère du renseignement et de la sécurité (Vevak)
Entre 1981 et 1984, un organisme portant le nom de Savama ( Sazman-e Ettela'at va Amniyat-e Melli-e Iran ) a existé. Il s'apparentait à un service spécial, car il semble que sa seule mission ait consisté à éliminer tout ce qui pouvait être considéré comme une opposition directe ou potentielle au régime des mollahs, aussi bien en Iran qu'à l'étranger. En effet, à l'époque les nouveaux maîtres de Téhéran craignaient d'être renversés par une opposition intérieure car ils n'avaient pas encore réussi à asseoir solidement leur régime.
Une fois que la situation a été jugée suffisamment stabilisée, un véritable service de renseignement a vu le jour : le ministère du Renseignement et de la Sécurité nationale, Vevak ( Vezarat-e Ettela'at va Amniyat Keshvar ). Il est créé officiellement le 18 août 1984, alors que Mir Hossein Moussavi est Premier ministre. Son premier chef est alors l'ayatollah Mohammad Mohammed Reychari (tous ses successerus seront également ds religieux). Le Vevak reprend les attributions de la Savak, service spécial particulièrement redoutable qui sévissait du temps du Shah.
Bien que nombre d'officiers de ce service aient été exécutés après la révolution, le nouveau pouvoir a l'intelligence d'en retourner un certain nombre qui apportent leurs compétences professionnelles à la constitution du nouveau service.
Le plus connu est l'ancien numéro deux de la Savak, le général Hossein Fardoust, qui est affecté comme conseiller auprès du bureau de renseignement du Premier ministre de l'époque, Medhi Bazargan. C'est sous l'égide de cet organisme que la Savama puis le Vevak voient le jour. Cependant, Fardoust est ensuite emprisonné et décède en prison le 18 mai 1987.
Le Vevak est très actif à l'intérieur comme à l'étranger. Sa mission première consiste toujours à traquer les opposants au régime. Mais, avec le temps, d'autres objectifs sont venus se greffer à la mission initiale. Un des plus importants consiste à approvisionner l'Iran en matériels soumis à embargo, au premier rang desquels se trouvent les armements, les pièces de rechange militaires et tout ce qui est nécessaire au développement d'un programme nucléaire. Une autre mission nouvelle consiste à préparer les représailles au cas où les Etats-Unis ou Israël (ou les deux Etats ensemble) envisageraient une intervention armée afin d'interrompre le développement du programme nucléaire national.
Le chef actuel du Vevak est le mollah Heydar Moslehi. Son prédécesseur, Qolem Mohseini Ejei, a été démis de ses fonctions la 26 juillet 2009. Il lui aurait été reproché de ne pas avoir su bien gérer la crise contestataire qui secoue le pays. Il avait été investi après la première élection du président Mahmoud Ahmadinejad, le 24 août 2005. Il avait lui-même succédé à Ali Younessi, qui était affublé du terme de « réformateur ». Un des chefs les plus célèbres du Vevak est l'hodjaloteslam Ali Fallahian, qui a été en fonction de 1989 à 1997.
Avec d'autres dignitaires du régime - dont l'ayatollah Hachemi Rafsandjani, Mohsen Rezaï et deux de ses successeurs, Dorri Najafabadi (nommé en 1998) et Ali Younessi (nommé en février 1999) - il fait l'objet d'un mandat d'arrêt international pour l'assassinat de dissidents en septembre 1992, à Berlin.
Organisation
En théorie, le Vevak est placé sous l'autorité du Conseil suprême de la Sécurité nationale (CSSN), l'organisme le plus élevé de la Défense. En fait, il répond de ses actes directement auprès du Guide suprême de la révolution, l'Ayatollah Ali Khamenei. Son quartier général est situé à Téhéran, dans les anciens locaux de la Savak.
Le Vevak comprend 15 000 personnels, tous civils, à la différence de la défunte Savak qui avait un statut militaire. Entre 2 000 et 8 000 de ses membres sont affectés à l'étranger. Cette estimation est imprécise car il est difficile de comptabiliser les officiers traitants, présents pour des missions de courte ou moyenne durée, à l'étranger. En général, un résident sous couverture diplomatique reste en place de trois à cinq ans. Un clandestin peu passer sa vie à l'étranger.
Le Vevak se compose de cinq directions, placées sous l'autorité d'une direction générale qui porte le numéro 10 :
* la direction de l'Analyse et de la Stratégie (n°11) a en charge une mission d'analyse au profit des hautes autorités, mais aussi les opérations de désinformation ;
* la direction de la Sécurité Intérieure (n°12) est chargée de la protection des institutions étatiques et du contrôle des lieux de transit internationaux (aéroports, ports, frontières) ;
* la direction de la Sécurité nationale (n°13) a pour mission de surveiller tous les mouvements d'opposition ;
* la direction du Contre-espionnage (n°14) est compétente aussi bien à l'intérieur qu'à l'étranger ;
* la direction du Renseignement extérieur (n°15) regroupe les missions de recherche et d'analyse de renseignements. Elle est divisée en départements géographiques et thématiques. Le département n°155 a en charge le soutien de mouvements islamiques. Le département n°157 qui est implanté au sein du ministère des Affaires étrangères a pour mission de gérer les postes dissimulés dans les représentations diplomatiques.
A côté de ces directions se trouve des départements d'importance inégale :
* le département des affaires extérieures ;
* le département du renseignement intérieur ;
* le département de la planification ;
* le département d'étude des religions ;
* le département du renseignement sur Téhéran ;
* le département de la documentation ouverte ;
* le département du procureur général ;
* le département des opérations ;
* le département de la formation ;
* le département de l'administration ;
* le département des approvisionnements ;
* le département des services financiers.
Les membres du Vevak sont étroitement contrôlés et encourent les pires sanctions en cas de manquement à la sécurité. Par le passé, certains de ses responsables, même parmi les plus importants, ont fait l'objet de purges sanglantes, à l'exemple du vice-ministre de la Sécurité (statutairement, le numéro deux du Vevak), Saïd Emami qui a été incarcéré puis qui s'est « suicidé » en prison pour « raison d'Etat ». En fait, Emami aurait supervisé l'assassinat d'une centaine d'opposants en Iran. Cette sale besogne étant devenue trop voyante, le pouvoir aurait supprimé ce témoin gênant.
Généralement, les fonctionnaires du Vevak ne sont pas des islamistes purs et durs mais plutôt des nationalistes. C'est pour cette raison qu'ils sont surveillés de près par des pasdaran qui s'assurent de leur loyauté. Il y a d'ailleurs là un mystère. En effet, une grande partie des personnels du Vevak sont d'anciens pasdaran. On peut s'interroger sur le pourquoi de cette défiance affichée.
Peut-être que leur contact avec le monde extérieur a émoussé leur foi dans le régime. C'était déjà le cas avec beaucoup de membres du KGB qui purent constater, à leur époque, que le monde capitaliste ne correspondait pas à l'image que le Parti communiste véhiculait.
La Suite...
Leur mission première est de combattre toute menace qui pèse sur le régime des mollahs, qu'elle soit d'origine intérieure ou extérieure. Ainsi, traditionnellement, ces services ont toujours fait une chasse féroce aux opposants politiques, ethniques ou religieux.
Leur deuxième tâche consiste à s'opposer aux actions du « grand » et « petit Satan » et à leurs alliés (les Etats-Unis, Israël et les Occidentaux en général), c'est-à-dire combattre ces Etats en menant une guerre secrète qui a beaucoup fait appel au terrorisme dans le passé. Cette action se poursuit actuellement sur les théâtres afghan et irakien. Plus discrète encore sont les opérations que mènent les services iraniens au Yémen et sur l'ensemble des continents africain et sud-américain via l'importante diaspora libanaise qui est infiltrée depuis des lustres par le Hezbollah libanais, lequel sert d'intermédiaire aux services de Téhéran.
La dernière mission qui leur est confiée, et non des moindres, consiste à participer à la mise à niveau des forces armées et du potentiel nucléaire. En effet, face à l'embargo décrété par la communauté internationale, les services iraniens doivent trouver sur le marché parallèle les pièces de rechange et les composants qui sont indispensables au pays pour poursuivre la modernisation de son arsenal militaire en général, et la réalisation d'une force de frappe nucléaire en particulier.
Afin de mener à bien ces missions aussi variées que diverses, les services de Téhéran ont mis en place un maillage serré dans toutes les provinces iraniennes et sur l'ensemble de la planète.
Le ministère du renseignement et de la sécurité (Vevak)
Entre 1981 et 1984, un organisme portant le nom de Savama ( Sazman-e Ettela'at va Amniyat-e Melli-e Iran ) a existé. Il s'apparentait à un service spécial, car il semble que sa seule mission ait consisté à éliminer tout ce qui pouvait être considéré comme une opposition directe ou potentielle au régime des mollahs, aussi bien en Iran qu'à l'étranger. En effet, à l'époque les nouveaux maîtres de Téhéran craignaient d'être renversés par une opposition intérieure car ils n'avaient pas encore réussi à asseoir solidement leur régime.
Une fois que la situation a été jugée suffisamment stabilisée, un véritable service de renseignement a vu le jour : le ministère du Renseignement et de la Sécurité nationale, Vevak ( Vezarat-e Ettela'at va Amniyat Keshvar ). Il est créé officiellement le 18 août 1984, alors que Mir Hossein Moussavi est Premier ministre. Son premier chef est alors l'ayatollah Mohammad Mohammed Reychari (tous ses successerus seront également ds religieux). Le Vevak reprend les attributions de la Savak, service spécial particulièrement redoutable qui sévissait du temps du Shah.
Bien que nombre d'officiers de ce service aient été exécutés après la révolution, le nouveau pouvoir a l'intelligence d'en retourner un certain nombre qui apportent leurs compétences professionnelles à la constitution du nouveau service.
Le plus connu est l'ancien numéro deux de la Savak, le général Hossein Fardoust, qui est affecté comme conseiller auprès du bureau de renseignement du Premier ministre de l'époque, Medhi Bazargan. C'est sous l'égide de cet organisme que la Savama puis le Vevak voient le jour. Cependant, Fardoust est ensuite emprisonné et décède en prison le 18 mai 1987.
Le Vevak est très actif à l'intérieur comme à l'étranger. Sa mission première consiste toujours à traquer les opposants au régime. Mais, avec le temps, d'autres objectifs sont venus se greffer à la mission initiale. Un des plus importants consiste à approvisionner l'Iran en matériels soumis à embargo, au premier rang desquels se trouvent les armements, les pièces de rechange militaires et tout ce qui est nécessaire au développement d'un programme nucléaire. Une autre mission nouvelle consiste à préparer les représailles au cas où les Etats-Unis ou Israël (ou les deux Etats ensemble) envisageraient une intervention armée afin d'interrompre le développement du programme nucléaire national.
Le chef actuel du Vevak est le mollah Heydar Moslehi. Son prédécesseur, Qolem Mohseini Ejei, a été démis de ses fonctions la 26 juillet 2009. Il lui aurait été reproché de ne pas avoir su bien gérer la crise contestataire qui secoue le pays. Il avait été investi après la première élection du président Mahmoud Ahmadinejad, le 24 août 2005. Il avait lui-même succédé à Ali Younessi, qui était affublé du terme de « réformateur ». Un des chefs les plus célèbres du Vevak est l'hodjaloteslam Ali Fallahian, qui a été en fonction de 1989 à 1997.
Avec d'autres dignitaires du régime - dont l'ayatollah Hachemi Rafsandjani, Mohsen Rezaï et deux de ses successeurs, Dorri Najafabadi (nommé en 1998) et Ali Younessi (nommé en février 1999) - il fait l'objet d'un mandat d'arrêt international pour l'assassinat de dissidents en septembre 1992, à Berlin.
Organisation
En théorie, le Vevak est placé sous l'autorité du Conseil suprême de la Sécurité nationale (CSSN), l'organisme le plus élevé de la Défense. En fait, il répond de ses actes directement auprès du Guide suprême de la révolution, l'Ayatollah Ali Khamenei. Son quartier général est situé à Téhéran, dans les anciens locaux de la Savak.
Le Vevak comprend 15 000 personnels, tous civils, à la différence de la défunte Savak qui avait un statut militaire. Entre 2 000 et 8 000 de ses membres sont affectés à l'étranger. Cette estimation est imprécise car il est difficile de comptabiliser les officiers traitants, présents pour des missions de courte ou moyenne durée, à l'étranger. En général, un résident sous couverture diplomatique reste en place de trois à cinq ans. Un clandestin peu passer sa vie à l'étranger.
Le Vevak se compose de cinq directions, placées sous l'autorité d'une direction générale qui porte le numéro 10 :
* la direction de l'Analyse et de la Stratégie (n°11) a en charge une mission d'analyse au profit des hautes autorités, mais aussi les opérations de désinformation ;
* la direction de la Sécurité Intérieure (n°12) est chargée de la protection des institutions étatiques et du contrôle des lieux de transit internationaux (aéroports, ports, frontières) ;
* la direction de la Sécurité nationale (n°13) a pour mission de surveiller tous les mouvements d'opposition ;
* la direction du Contre-espionnage (n°14) est compétente aussi bien à l'intérieur qu'à l'étranger ;
* la direction du Renseignement extérieur (n°15) regroupe les missions de recherche et d'analyse de renseignements. Elle est divisée en départements géographiques et thématiques. Le département n°155 a en charge le soutien de mouvements islamiques. Le département n°157 qui est implanté au sein du ministère des Affaires étrangères a pour mission de gérer les postes dissimulés dans les représentations diplomatiques.
A côté de ces directions se trouve des départements d'importance inégale :
* le département des affaires extérieures ;
* le département du renseignement intérieur ;
* le département de la planification ;
* le département d'étude des religions ;
* le département du renseignement sur Téhéran ;
* le département de la documentation ouverte ;
* le département du procureur général ;
* le département des opérations ;
* le département de la formation ;
* le département de l'administration ;
* le département des approvisionnements ;
* le département des services financiers.
Les membres du Vevak sont étroitement contrôlés et encourent les pires sanctions en cas de manquement à la sécurité. Par le passé, certains de ses responsables, même parmi les plus importants, ont fait l'objet de purges sanglantes, à l'exemple du vice-ministre de la Sécurité (statutairement, le numéro deux du Vevak), Saïd Emami qui a été incarcéré puis qui s'est « suicidé » en prison pour « raison d'Etat ». En fait, Emami aurait supervisé l'assassinat d'une centaine d'opposants en Iran. Cette sale besogne étant devenue trop voyante, le pouvoir aurait supprimé ce témoin gênant.
Généralement, les fonctionnaires du Vevak ne sont pas des islamistes purs et durs mais plutôt des nationalistes. C'est pour cette raison qu'ils sont surveillés de près par des pasdaran qui s'assurent de leur loyauté. Il y a d'ailleurs là un mystère. En effet, une grande partie des personnels du Vevak sont d'anciens pasdaran. On peut s'interroger sur le pourquoi de cette défiance affichée.
Peut-être que leur contact avec le monde extérieur a émoussé leur foi dans le régime. C'était déjà le cas avec beaucoup de membres du KGB qui purent constater, à leur époque, que le monde capitaliste ne correspondait pas à l'image que le Parti communiste véhiculait.
La Suite...
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