Le fait est suffisamment remarquable pour ne pas passer inaperçu : Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en avril 1999, le président algérien ne prononcera ni discours ni fera d’apparition publique à l’occasion de la célébration de la nationalisation des hydrocarbures, décidée par le président Houari Boumediene le 24 février 1971.
Bien sûr le président Bouteflika s’est fendu d’un discours écrit adressé à la nation à l’occasion de cette commémoration, bien sûr qu’il a rappelé la poursuite de la lutte contre la corruption « sous toutes ses formes », mais les faits sont là : ce mercredi 24 février 2010, Bouteflika ne fera pas d’apparition publique encore moins prononcera un discours à ses compatriotes. Laissons le soin aux journalistes du palais d’ergoter sur une prétendue bouderie du chef de l’Etat qui exprimerait ainsi, par son absence sur la scène publique, son mécontentement sur la mauvaise gestion des deniers publics, allons creuser plus loin…
Depuis l’éclatement du scandale de corruption qui touche Sonatrach (la plus grande entreprise du pays qui assure 98 % des rentrées financières de l’Algérie) ainsi que celui qui éclabousse le projet de l’autoroute est-ouest, présenté comme le chantier du siècle pour avoir englouti plus de 13 milliards de dollars, le chef de l’Etat s’est muré dans le silence. Pourquoi diable Bouteflika reste-t-il muet sur ces deux scandales alors que tout le monde attendait de lui qu’il prenne la parole, qu’il parle à ses concitoyens, qu’il réprouve ses pratiques, qu’il les condamne, qu’il donne des instructions fermes au gouvernement pour faire toute la lumière sur ces affaires qui choquent les Algériens ? Comment lui le champion de la parole, le président parangon de la lutte contre la corruption ; comment Bouteflika qui truste de sa présence les médias publics jusqu’à l’overdose, lui qui refusait d’être un ¾ président, lui qui a concentré tous les pouvoirs au point de remettre en cause le pluralisme politique, est-il réduit aujourd’hui au rôle de président transparent, effacé, reclus dans sa résidence sur les hauteurs d’Alger, coupé de ce peuple, de ses ministres ?
Le mutisme de Bouteflika à ses explications. D’abord les scandales mettent en cause les plus proches collaborateurs du chef de l’Etat, du moins les hommes à qui il a confié la gestion des grands ministères : celui de l’énergie et des Mines et celui des Travaux publics. Les enquêtes en cours révèlent que la gestion de ses deux départements a engendré de graves préjudices au trésor public qui se chiffreraient en milliards de dollars. Sur ces deux dossiers, le chef de l’Etat se retrouve, d’une manière ou d’une autre, dans une position très inconfortable : laisser l’enquête aller à son terme équivaudrait à lâcher ses deux ministères. Impensable qu’on sait que Sonatrach constitue le coffre-fort qui permet au clan de Bouteflika de prospérer, de financer ses campagnes électorales, de rétribuer les courtisans du clan, d’alimenter les entrepreneurs locaux et étrangers avec de petits et gros contrats. Pour ainsi dire Sonatrach n’est plus le poumon qui fait vivre l’Algérie, mais la mamelle qui fait prospérer le clan présidentiel. Mettre des entraves sur ces enquêtes, tenter de freiner leur avancement, seraient interprété comme un signe de la part du chef de l’Etat de vouloir protéger ses affidés, ses hommes, sa cour... C’est sans doute le cas du ministre de l’énergie, Chakib Khelil, ami de Bouteflika. Alors que le ministre devait au moins démissionner de son poste suite au scandale de Sonatrach, ne voit-il pas qu’il continue d’exercer ses fonctions, se permettant même le luxe de donner des leçons de journalisme à la presse de son pays. Mais prés deux mois après les révélations du scandale de corruption de Sonatrach, plus de cinq mois après celui de l’autoroute est –ouest, le chef de l’Etat se retrouve dans une position intenable…Il ne s’exprime pas sur le sujet, il se garde de porter un jugement, il ne condamne pas, il ne soutient pas, bref, Bouteflika fait comme s’il ne se passait rien de grave dans ce pays. Sonatrach éclaboussée par des scandales de corruption ? Ce n’es pas important… L’autoroute gangrénée par la tchipa ?Toujours pas important, c’est un détail… Mais alors comment comprendre cette attitude du chef de l’Etat ? Comment comprendre cette position de démission de la part du président de la République, celui-là même qui a fait modifier la constitution pour se faire réélire pour un troisième mandat, quitte à fouler aux pieds le principe de l’alternance, quitte à se faire passer pour un potentat, quitte encore à instaurer la mandature à vie en Algérie ?
Un président handicapé par la maladie
L’autre explication, non moins importante réside dans l’état de santé du président. Bouteflika est de plus en plus handicapé. Certes le président s’est remis de son hospitalisation en décembre 2006 au Val de Grâce, à Paris, pour un ulcère hémorragique, mais les séquelles de cette maladie sont de plus en visibles. Difficile à dissimuler malgré tous les soins modernes dont il dispose en Algérie, en Suisse et en France. Aujourd’hui, Bouteflika a réduit son rythme de travail, il se rend de moins en moins à son bureau à la présidence, accorde très peu d’audiences aux hôtes de l’Algérie, voyage très peu – lui qui fut un président voyageur -, réunit de moins en moins son conseil des ministres…Bref, c’est un président démuni de ses capacités physiques et intellectuelles qui n’exerce plus ses fonctions de chef de l’Etat. A Alger, on dit même que l’état de santé du président s’est dégradée ces derniers temps car il subirait des pertes de mémoire de plus en plus fréquentes…Vrai ou faux ? Le constat est tout de même alarmant : Bouteflika est un président absent, déconnecté des réalités du pays… A en croire les voix officielles, les sources plus au moins autorisées, les journaux qui émargent au budget de l’Etat, le président est un homme bien portant, un chef d’Etat qui exerce pleinement ses fonctions, qui suit tous les dossiers. Oui, mais qu’est ce qui l’empêche alors de parler, de taper du poing, de faire valoir ses fonctions, son pouvoir, bref qu’est ce qui empêche Bouteflika de s’exprimer sur les scandales de corruption, là ou tout le monde l’attend…
Khaled Bahbouh Kalima .com
Bien sûr le président Bouteflika s’est fendu d’un discours écrit adressé à la nation à l’occasion de cette commémoration, bien sûr qu’il a rappelé la poursuite de la lutte contre la corruption « sous toutes ses formes », mais les faits sont là : ce mercredi 24 février 2010, Bouteflika ne fera pas d’apparition publique encore moins prononcera un discours à ses compatriotes. Laissons le soin aux journalistes du palais d’ergoter sur une prétendue bouderie du chef de l’Etat qui exprimerait ainsi, par son absence sur la scène publique, son mécontentement sur la mauvaise gestion des deniers publics, allons creuser plus loin…
Depuis l’éclatement du scandale de corruption qui touche Sonatrach (la plus grande entreprise du pays qui assure 98 % des rentrées financières de l’Algérie) ainsi que celui qui éclabousse le projet de l’autoroute est-ouest, présenté comme le chantier du siècle pour avoir englouti plus de 13 milliards de dollars, le chef de l’Etat s’est muré dans le silence. Pourquoi diable Bouteflika reste-t-il muet sur ces deux scandales alors que tout le monde attendait de lui qu’il prenne la parole, qu’il parle à ses concitoyens, qu’il réprouve ses pratiques, qu’il les condamne, qu’il donne des instructions fermes au gouvernement pour faire toute la lumière sur ces affaires qui choquent les Algériens ? Comment lui le champion de la parole, le président parangon de la lutte contre la corruption ; comment Bouteflika qui truste de sa présence les médias publics jusqu’à l’overdose, lui qui refusait d’être un ¾ président, lui qui a concentré tous les pouvoirs au point de remettre en cause le pluralisme politique, est-il réduit aujourd’hui au rôle de président transparent, effacé, reclus dans sa résidence sur les hauteurs d’Alger, coupé de ce peuple, de ses ministres ?
Le mutisme de Bouteflika à ses explications. D’abord les scandales mettent en cause les plus proches collaborateurs du chef de l’Etat, du moins les hommes à qui il a confié la gestion des grands ministères : celui de l’énergie et des Mines et celui des Travaux publics. Les enquêtes en cours révèlent que la gestion de ses deux départements a engendré de graves préjudices au trésor public qui se chiffreraient en milliards de dollars. Sur ces deux dossiers, le chef de l’Etat se retrouve, d’une manière ou d’une autre, dans une position très inconfortable : laisser l’enquête aller à son terme équivaudrait à lâcher ses deux ministères. Impensable qu’on sait que Sonatrach constitue le coffre-fort qui permet au clan de Bouteflika de prospérer, de financer ses campagnes électorales, de rétribuer les courtisans du clan, d’alimenter les entrepreneurs locaux et étrangers avec de petits et gros contrats. Pour ainsi dire Sonatrach n’est plus le poumon qui fait vivre l’Algérie, mais la mamelle qui fait prospérer le clan présidentiel. Mettre des entraves sur ces enquêtes, tenter de freiner leur avancement, seraient interprété comme un signe de la part du chef de l’Etat de vouloir protéger ses affidés, ses hommes, sa cour... C’est sans doute le cas du ministre de l’énergie, Chakib Khelil, ami de Bouteflika. Alors que le ministre devait au moins démissionner de son poste suite au scandale de Sonatrach, ne voit-il pas qu’il continue d’exercer ses fonctions, se permettant même le luxe de donner des leçons de journalisme à la presse de son pays. Mais prés deux mois après les révélations du scandale de corruption de Sonatrach, plus de cinq mois après celui de l’autoroute est –ouest, le chef de l’Etat se retrouve dans une position intenable…Il ne s’exprime pas sur le sujet, il se garde de porter un jugement, il ne condamne pas, il ne soutient pas, bref, Bouteflika fait comme s’il ne se passait rien de grave dans ce pays. Sonatrach éclaboussée par des scandales de corruption ? Ce n’es pas important… L’autoroute gangrénée par la tchipa ?Toujours pas important, c’est un détail… Mais alors comment comprendre cette attitude du chef de l’Etat ? Comment comprendre cette position de démission de la part du président de la République, celui-là même qui a fait modifier la constitution pour se faire réélire pour un troisième mandat, quitte à fouler aux pieds le principe de l’alternance, quitte à se faire passer pour un potentat, quitte encore à instaurer la mandature à vie en Algérie ?
Un président handicapé par la maladie
L’autre explication, non moins importante réside dans l’état de santé du président. Bouteflika est de plus en plus handicapé. Certes le président s’est remis de son hospitalisation en décembre 2006 au Val de Grâce, à Paris, pour un ulcère hémorragique, mais les séquelles de cette maladie sont de plus en visibles. Difficile à dissimuler malgré tous les soins modernes dont il dispose en Algérie, en Suisse et en France. Aujourd’hui, Bouteflika a réduit son rythme de travail, il se rend de moins en moins à son bureau à la présidence, accorde très peu d’audiences aux hôtes de l’Algérie, voyage très peu – lui qui fut un président voyageur -, réunit de moins en moins son conseil des ministres…Bref, c’est un président démuni de ses capacités physiques et intellectuelles qui n’exerce plus ses fonctions de chef de l’Etat. A Alger, on dit même que l’état de santé du président s’est dégradée ces derniers temps car il subirait des pertes de mémoire de plus en plus fréquentes…Vrai ou faux ? Le constat est tout de même alarmant : Bouteflika est un président absent, déconnecté des réalités du pays… A en croire les voix officielles, les sources plus au moins autorisées, les journaux qui émargent au budget de l’Etat, le président est un homme bien portant, un chef d’Etat qui exerce pleinement ses fonctions, qui suit tous les dossiers. Oui, mais qu’est ce qui l’empêche alors de parler, de taper du poing, de faire valoir ses fonctions, son pouvoir, bref qu’est ce qui empêche Bouteflika de s’exprimer sur les scandales de corruption, là ou tout le monde l’attend…
Khaled Bahbouh Kalima .com
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