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La réconciliation nationale en Algérie à l'épreuve du Mali

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  • La réconciliation nationale en Algérie à l'épreuve du Mali

    Les autorités en Algérie peuvent avoir raison d’assener le reproche à leurs homologues au Mali qui, à la demande d’Al Qaïda, viennent d’élargir quatre terroristes. Mais n’ont-elles pas elles-mêmes usé et abusé de la concession faite aux terroristes, amnistiant et libérant par bataillons entiers ?

    Alger est en rogne contre Bamako qui a accédé à l’exigence d’Al Qaïda et a libéré quatre terroristes, dont deux de nationalité algérienne, qu’elle détenait. Elle s’est officiellement déclarée offusquée de l’attitude jugée «inamicale» et «dangereuse» des autorités maliennes.

    Du coup, l’ambassadeur d’Algérie à Bamako est rappelé pour consultation et l’ambassadeur du Mali à Alger est convoqué pour explication. Alger, qui a mis de la virulence à dénoncer le comportement des autorités maliennes, en veut à Bamako d’avoir choisi de composer avec l’organisation terroriste Al Qaïda, faisant fi des accords bilatéraux et des conventions internationales relatives à la coopération dans la lutte antiterroriste.

    Les deux Algériens, Mohamed Ben Ali et Tayeb Naïl, des quatre terroristes qui viennent d’être libérés faisaient l’objet de demandes d’extradition de la part d’Alger. Des demandes qui sont restées lettres mortes mais surtout qui n’aboutiront jamais, du moment que les deux terroristes ont été remis à Al Qaïda. «La libération sous le prétexte fallacieux qu’ils ont été jugés et qu’ils ont purgé leurs peines viole les résolutions pertinentes et contraignantes du Conseil de sécurité de l’ONU et les engagements bilatéraux, régionaux et internationaux de lutte contre le terrorisme», a expliqué dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères, ajoutant que «la libération des terroristes recherchés par des pays voisins est un développement dangereux pour la sécurité et la stabilité dans la région sahélo-saharienne et sert objectivement les intérêts du groupe terroriste agissant sous la bannière d’Al Qaïda dans le Maghreb».

    L’argument est imparable. La composition avec le terrorisme sert toujours ce dernier. Bamako n’avait donc pas à agir de la sorte, à plus forte raison lorsqu’on sait que les terroristes élargis replongeraient dans l’action subversive.

    Notamment dans cette région du Sahel saharien sur laquelle Al Qaïda semble avoir jeté son dévolu. La menace terroriste dans la région est bien réelle. Bamako n’avait pas, sous aucun prétexte, à céder à l’exigence d’Al Qaïda puisqu’une telle attitude donne aux ouailles de Ben Laden le statut de belligérants admissibles à la négociation. Ceci alors que la morale et la loi réprouvent leurs agissements criminels.

    Avec ce que Bamako vient de commettre, c’est toute la question de l’attitude à observer face au terrorisme qui se trouve reposée.

    Il apparaît, à travers la réaction de l’Algérie à ce grave antécédent commis par le Mali, qu’il ne faille sous aucun motif faire preuve d’indulgence vis-à-vis des terroristes, surtout lorsque cette indulgence, à l’instar de la politique algérienne de la main tendue, s’accomplit au détriment de la morale et de la justice. Or en Algérie, depuis la fameuse loi dite de la Rahma, prônée sous la présidence de Liamine Zeroual, jusqu’à la charte pour la paix et la réconciliation nationale, en passant par la loi sur la concorde civile, toutes les deux options mises en branle par Abdelaziz Bouteflika, des milliers de terroristes s’en sont trouvés blanchis de leurs crimes, amnistiés sans être même passés par les commissions de probation.

    Au nom de la réconciliation nationale, les victimes et leurs bourreaux sont rangés dans le vague générique de «victimes de la tragédie nationale ». L’amnistié qui a bénéficié aux «Emirs» du GIA, AIS et GSPC ainsi qu’à leurs milliers d’acolytes est-elle conforme aux «résolutions pertinentes et contraignantes du Conseil de sécurité de l’ONU» et «des engagements internationaux» de lutte contre le terrorise ? Là est toute la question !

    Par Sofiane Aït-Iflis - Le Soir
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