Pas si sûr. Même si le rapport onusien qui vient de tomber reconnaît des résultats réalisés, il n’y a pas de quoi pavoiser. Les tonnes de hachisch interceptées chaque semaine aux frontières montrent que la bête immonde est encore en vie.
Rien que pour cela, c’est donc trop tôt pour crier victoire. Car, dans la cartographie mondiale de la drogue, le Maroc reste en pole position. Et il faudra des moyens et des fonds supplémentaires pour espérer arriver à des résultats concrets et décisifs.
C’est l’économie de régions toutes entières qui doit être reconvertie. L’expérience des cultures de substitution, à l’instar de «l’amandier contre le cannabis», n’a pas donné ses véritables fruits.
Toutefois, Rabat a accompli des efforts en vue de réduire substantiellement les superficies cultivées. Le slogan de ville sans hachisch a eu des effets. Les pays européens le lui reconnaissent.
Mais cela ne suffit pas. Car dans l’équation, les paysans du Nord, qui sont les producteurs, ne sont pas ceux qui profitent vraiment de ce business. Le produits des ventes leur assurent à peine la survie.
Les plus-values juteuses sont tirées par d’autres que sont les intermédiaires, les grossistes, les transporteurs… Par ses enjeux et des ramifications souterraines, ce dossier doit être pris au sérieux.
C’est de notoriété publique que l’explosion immobilière de ces dernières années trouve son origine également dans le blanchiment de l’argent en provenance de ces réseaux narcotrafiquants. Ce n’est pas encore le cartel de Medellin, mais si on ne prend garde, ces réseaux peuvent investir le monde politique pour constituer des mafias qui mettront demain le système en danger. C’est pour cela que la guerre contre ce fléau doit être totale. C’est une hydre à plusieurs têtes qu’il faudra couper.
Mohamed CHAOUI leconomiste 25/02/2010
Cannabis au Maroc, une histoire qui remonte au XVème siècle déjà
Les historiens s'accordent pour établir l'existence de cultures de cannabis dans la région de Kétama, dans le Rif central, au XVe siècle. Mais selon certains, ces cultures remonteraient à l'arrivée des immigrants arabes dans la région, à partir du VIIe siècle. Bien plus tard, le sultan Moulay Hassan (1873 - 1894) avait donné l'autorisation de cultiver le cannabis à cinq douars de Kétama et Beni Khaled dans le pays Senhaja.
Le cannabis du nord du Maroc était produit pour l'autoconsommation. Au XXe siècle, et à partir de 1912, le Royaume fut séparé en deux zones, l'une placée sous administration française, l'autre sous tutelle espagnole. L'Espagne permit à certaines tribus de continuer à cultiver le cannabis.Durant les cinq ans pendant lesquels Abdelkrim Al Khattabi maintint dans le Rif un Etat indépendant (1921-1926), la production de cannabis diminua notablement sous l'influence de ce chef berbère qui considérait que sa consommation était contraire aux préceptes de l’Islam. Après la défaite du chef rebelle, les autorités espagnoles autorisèrent, pour amadouer les tribus de la région, la culture du cannabis autour du noyau initial de Kétama.
En 1906, la conférence d'Algésiras avait concédé le monopole des achats et ventes du tabac et du cannabis dans le pays à la Régie marocaine des kifs et tabacs.
La prohibition de la production de cannabis au Maroc sous protectorat français remonte au dahir du 22 décembre 1932. La France, qui avait interdit la production et le trafic sur son territoire métropolitain en 1916, décida de faire appliquer sa législation et ses engagements internationaux en la matière à ses colonies. Le dahir de 1932 interdit donc la culture du cannabis, à l'exception de celui cultivé, sous le contrôle de la Régie, dans le Haouz et le Gharb Finalement, le dahir du 24 avril 1954 étendit l'interdiction de la culture et de la consommation du cannabis à tout le Maroc sous protectorat français.
Après l'indépendance du Maroc, en 1956, cette prohibition fut étendue à tout le territoire national, zone ex-espagnole comprise. Cette décision fut très mal accueillie par les milliers de petits cultivateurs qui avaient jusqu'alors bénéficié de la tolérance espagnole à l'égard de la culture du cannabis. Le gouvernement marocain décida donc d'autoriser la culture dans un périmètre restreint, situé exclusivement autour du village d'Azilal, au pied du Mont Tiddighine (Province d’Al Hoceima).
En 1958, un certain nombre de facteurs, tels que l'extension à la zone nord du régime forestier du reste du pays, le fort taux de chômage de la région, ou encore la hausse des prix consécutive à l'unification des monnaies, provoquèrent la «révolte des montagnes», matée par l'armée au printemps 1959. Ces évènements amenèrent l’Etat marocain à tolérer la culture de cannabis, permettant aux habitants du Rif de survivre. C'est ainsi que malgré l'extension du dahir de 1954, la culture du cannabis fut tolérée chez certaines tribus du Rif
lavieeco
Rien que pour cela, c’est donc trop tôt pour crier victoire. Car, dans la cartographie mondiale de la drogue, le Maroc reste en pole position. Et il faudra des moyens et des fonds supplémentaires pour espérer arriver à des résultats concrets et décisifs.
C’est l’économie de régions toutes entières qui doit être reconvertie. L’expérience des cultures de substitution, à l’instar de «l’amandier contre le cannabis», n’a pas donné ses véritables fruits.
Toutefois, Rabat a accompli des efforts en vue de réduire substantiellement les superficies cultivées. Le slogan de ville sans hachisch a eu des effets. Les pays européens le lui reconnaissent.
Mais cela ne suffit pas. Car dans l’équation, les paysans du Nord, qui sont les producteurs, ne sont pas ceux qui profitent vraiment de ce business. Le produits des ventes leur assurent à peine la survie.
Les plus-values juteuses sont tirées par d’autres que sont les intermédiaires, les grossistes, les transporteurs… Par ses enjeux et des ramifications souterraines, ce dossier doit être pris au sérieux.
C’est de notoriété publique que l’explosion immobilière de ces dernières années trouve son origine également dans le blanchiment de l’argent en provenance de ces réseaux narcotrafiquants. Ce n’est pas encore le cartel de Medellin, mais si on ne prend garde, ces réseaux peuvent investir le monde politique pour constituer des mafias qui mettront demain le système en danger. C’est pour cela que la guerre contre ce fléau doit être totale. C’est une hydre à plusieurs têtes qu’il faudra couper.
Mohamed CHAOUI leconomiste 25/02/2010
Cannabis au Maroc, une histoire qui remonte au XVème siècle déjà
Les historiens s'accordent pour établir l'existence de cultures de cannabis dans la région de Kétama, dans le Rif central, au XVe siècle. Mais selon certains, ces cultures remonteraient à l'arrivée des immigrants arabes dans la région, à partir du VIIe siècle. Bien plus tard, le sultan Moulay Hassan (1873 - 1894) avait donné l'autorisation de cultiver le cannabis à cinq douars de Kétama et Beni Khaled dans le pays Senhaja.
Le cannabis du nord du Maroc était produit pour l'autoconsommation. Au XXe siècle, et à partir de 1912, le Royaume fut séparé en deux zones, l'une placée sous administration française, l'autre sous tutelle espagnole. L'Espagne permit à certaines tribus de continuer à cultiver le cannabis.Durant les cinq ans pendant lesquels Abdelkrim Al Khattabi maintint dans le Rif un Etat indépendant (1921-1926), la production de cannabis diminua notablement sous l'influence de ce chef berbère qui considérait que sa consommation était contraire aux préceptes de l’Islam. Après la défaite du chef rebelle, les autorités espagnoles autorisèrent, pour amadouer les tribus de la région, la culture du cannabis autour du noyau initial de Kétama.
En 1906, la conférence d'Algésiras avait concédé le monopole des achats et ventes du tabac et du cannabis dans le pays à la Régie marocaine des kifs et tabacs.
La prohibition de la production de cannabis au Maroc sous protectorat français remonte au dahir du 22 décembre 1932. La France, qui avait interdit la production et le trafic sur son territoire métropolitain en 1916, décida de faire appliquer sa législation et ses engagements internationaux en la matière à ses colonies. Le dahir de 1932 interdit donc la culture du cannabis, à l'exception de celui cultivé, sous le contrôle de la Régie, dans le Haouz et le Gharb Finalement, le dahir du 24 avril 1954 étendit l'interdiction de la culture et de la consommation du cannabis à tout le Maroc sous protectorat français.
Après l'indépendance du Maroc, en 1956, cette prohibition fut étendue à tout le territoire national, zone ex-espagnole comprise. Cette décision fut très mal accueillie par les milliers de petits cultivateurs qui avaient jusqu'alors bénéficié de la tolérance espagnole à l'égard de la culture du cannabis. Le gouvernement marocain décida donc d'autoriser la culture dans un périmètre restreint, situé exclusivement autour du village d'Azilal, au pied du Mont Tiddighine (Province d’Al Hoceima).
En 1958, un certain nombre de facteurs, tels que l'extension à la zone nord du régime forestier du reste du pays, le fort taux de chômage de la région, ou encore la hausse des prix consécutive à l'unification des monnaies, provoquèrent la «révolte des montagnes», matée par l'armée au printemps 1959. Ces évènements amenèrent l’Etat marocain à tolérer la culture de cannabis, permettant aux habitants du Rif de survivre. C'est ainsi que malgré l'extension du dahir de 1954, la culture du cannabis fut tolérée chez certaines tribus du Rif
lavieeco
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