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France: Identité nationale

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    France: Identité nationale

    René Naba | 14.01.2010 | Paris

    Paris. Le débat est cyclique, comme une fuite en avant, comme pour détourner l’attention sur les graves problèmes structurels de la France, le déficit abyssal de ses finances publiques (4), la faillite et l’impunité de ses élites, la délitescence de son tissu social, la docilité de sa presse, l’inconsistance du débat public inter partisan, la nécrose de ses circuits de décision, comme en témoigne le dernier avatar nucléaire français à Abou Dhabi où la France s’est vue rafler, fin décembre, un marché de 40 milliards de dollars par un consortium américano sud coréen, malgré le tapage médiatique de Nicolas Sarkozy.
    Le débat est cyclique sur une thématique unique dans ses diverses déclinaisons, le voile, la burqua, les minarets, le rôle positif de la colonisation, comme une fuite en avant, comme pour occulter l’essentiel, la dette d’honneur de la France à l’égard de ses immigrés, tant pour la défense de son indépendance, –à deux reprises au cours d’un même siècle, durant les deux guerres mondiales, fait rarissime dans l’histoire–, que pour leur contribution au rayonnement de la France à travers le Monde.
    L’oeuvre salutaire qu’il est prioritaire d’initier est non un travail d’exaltation chauvine propice à tous les débordements, mais un travail de «déconstruction» des mythes fondateurs de la grandeur française, une lecture fractale de l’histoire de France, afin de fonder l’identité nationale sur une connaissance concrète et non sublimée de l’histoire de France et de cimenter l’unité nationale par la prise en compte des diverses composantes de la population nationale et non sur la stigmatisation du métèque.
    Sauf à abdiquer devant les tenants de l’anglosphère, sauf à se draper dans un splendide isolement, sauf à se voiler la face dans un splendide aveuglement, le débat ne saurait se réduire à un duel narcissique entre la France et elle-même s’offrant en spectacle au reste du monde, au nom de l’exception française, mais à un débat sur le positionnement de la France au sein de son bassin naturel de déploiement, la Francophonie, gage de son rayonnement et justificatif de son statut de grande puissance, membre permanent du conseil de sécurité. Un statut dont elle n’aurait jamais rêvé au vu de ses piètres performances durant la Deuxième guerre mondiale (1939-1945), mais dont elle est redevable à sa possession d’un empire d’outre mer et à la logique des blocs au paroxysme de la guerre froide.
    Le ressentiment est fort, à la mesure de l’usurpation. Il est à espérer que la célébration en 2010 de l’Année de l’Afrique en France par la participation des troupes africaines au défilé du 14 juillet, donnera l’occasion d’une réhabilitation de l’image du «Bougnoule» dans l’imaginaire français et la réhabilitation de la contribution de la «piétaille de la république» à la grandeur de la France.
    N’en déplaise aux intellectuels de cour, l’exception française est une singularité qui se vit comme une impunité, une spécificité qui se vit comme une spéciosité. Premier pays à avoir institutionnalisé la terreur comme mode de gouvernement, avec Maximilien de Robespierre, sous la Révolution française (1794), la France est aussi le premier pays à inaugurer la piraterie aérienne, en 1955, avec le déroutement de l’avion des chefs historiques du mouvement indépendantiste algérien (Ahmad Ben Bella, Mohamad Khider, Mohamad Boudiaf et Krim Belkacem), donnant ainsi l’exemple aux militants du tiers-monde en lutte pour leur indépendance.
    La récidive dans la singularité est aussi un trait de l’exception française: ce pays jacobin, égalisateur et égalitariste se singularisera, aussi, en étant le seul pays au monde à avoir officialisé le «gobino-darwinisme juridique», en codifiant en Droit «la théorie de l’inégalité des races», une codification opérée sans discernement, pour promouvoir non l’égalité, mais la ségrégation.
    La «Patrie des Droits de L’Homme» et des compilations juridiques modernes -le code civil et le code pénal- est en effet le pays de la législation discriminatoire, le pays de la codification de l’abomination, le pays du «Code Noir» de l’esclavage, sous la Monarchie, du «Code de l’indigénat» en Algérie, sous la République, qu’il mettra en pratique avec les «expositions ethnologiques», ces «zoos humains» dressés pour ancrer dans l’imaginaire collectif des peuples du tiers monde l’idée d’une infériorité durable des «peuples de couleur», et, par contrecoup, la supériorité de la race blanche…. comme si le blanc n’était pas une couleur, même si ses tenants la vivent comme immaculée, ce qui est loin d’être le cas, à en juger par les turpitudes de son Histoire.
    Pour mémoire, mais faut-il le rappeler?, les trois grandes figures tutélaires du XX me siècle pour leur contribution à la morale universelle auront été trois personnalités du tiers monde colonisé, le Mahatma Gandhi (Inde), Nelson Mandela (Afrique du Sud), et, pour l’espace francophone, le Martiniquais Aimé Césaire, trois apôtres de la non-violence, une consécration qui retentit comme un camouflet pour les pays occidentaux avec leur cortège de nazisme, de fascisme, de totalitarisme et d’esclavagisme. Et, pour douloureuse qu’elle puisse être pour notre amour propre national, force nous est de relever que la France, en contrechamps, aura été le seul grand pays européen à l’articulation majeure des deux grands fléaux de l’Occident de l’époque contemporaine, «les penchants criminels de l’Europe démocratique», la traite négrière et l’extermination des Juifs, contrairement à la Grande Bretagne qui a pratiqué la traite négrière exclusivement, sans aucunement participé à l’extermination des Juifs, contrairement même à l’Allemagne qui a conçu et réalisé, elle, la solution finale de la question juive, mais sans participation significative à la traite négrière.
    Le devoir de vérité ne constitue donc pas, selon une analyse chauvine, une pantalonnade assimilable «aux sanglots de l’homme blanc», mais un acte de courage moral de salubrité publique.
    L’erreur est humaine mais sa répétition est diabolique. Pour la prévenir, il importe de se remémorer que l’identité française était vichyste sous Pétain et l’écrasante majorité de Français se reconnaissait en elle, alors qu’elle était farouchement combattue par les métèques de la République.
    L’identité française, son honneur et sa grandeur se vivent et se revendiquent dans le «rôle positif» de la colonisation avec le Docteur Albert Schweitzer de Lambaréné (Gabon), et, dans les 955.491 soldats coloniaux de l’outre mer qui ont combattu pour la France durant les deux guerres mondiales (1914-1918, 1939-1945), dont 113.000 «indigènes de la République» tombés sur le champ d’honneur, abreuvant durablement les sillons de France de leur «sang impur». 113.000 indigènes morts pour la France, soit autant que la population conjuguée des villes de Dreux, de Vitrolles et d’Orange, les trois anciens fiefs du Front National, sans qu’il ait été question alors de «seuil de tolérance», encore moins de test ADN, ou de charters de la honte, mais de sang à verser à profusion.
    L’identité française se vit et se revendique dans «le privilège de la terre de France», qui affranchissait tout esclave dès l’instant qu’il foulait le sol de France, la France terre d’asile et non dans la France de la «Venus Hottentote» et des «zoos humains». Dans la France de Valmy et du Pont d’Arcole et non dans celle du sabordage de la flotte française de Toulon ou de l’expédition punitive de Suez. Dans la «France Libre» et non dans la France de Sétif (Algérie) et de Thiaroye (Sénégal).
    Dans la France des convictions républicaines et non dans celle des transfuges cosmopolites qui déconsidèrent l’engagement politique. Dans le Préfet Jean Moulin et non le Préfet Maurice Papon, dans les métèques du groupe Manouchian, ces parias de l’Affiche rouge, et non dans la France vichyste, complice du nazisme, dans Guy Moquet et non dans son dénonciateur, le ministre de l’intérieur de l’époque, et ses sbires de la police française, pourvoyeurs de ses bourreaux allemands.
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