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Projet de loi criminalisant le colonialisme, le feu vert de l’APN

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  • Projet de loi criminalisant le colonialisme, le feu vert de l’APN

    Tout porte à croire que le projet de loi criminalisant le colonialisme sera concrétisé dans peu de temps, peut-être même lors de la session de printemps qui sera ouverte mardi prochain.

    Ce projet, qui a fait couler beaucoupd’encre, a reçu le feu vert du bureau del’Assemblée populaire nationale (APN).

    Ce dernier, réuni ce jeudi, a annoncé dans un communiqué avoir décidé de le soumettre pour avis au gouvernement, comme tout autre projet de loi «car remplissant les conditions, conformément à l’article 25 de la loi organique» fixant l’organisation et le fonctionnement des deux chambres du Parlement ainsi que leurs relations avec le gouvernement.

    Selon les dispositions de cet article, «le gouvernement fait part de son avis au bureau de l’Assemblée populaire nationale, dans un délai ne pouvant excéder deux mois».

    Ce projet de loi, dont l’initiateur est le député du FLN, Moussa Abdi, a été signé par 125 députés appartenant à différentes formations politiques représentées à la Chambre basse.

    Constitué de 20 articles initialement, il exige de la France, notamment, de reconnaître tous les crimes commis en Algérie durant sa présence, de présenter des excuses officielles au peuple algérien et verser des indemnisations financières.

    Ce projet de loi prévoit aussi la création d’une cour pénale pour juger les criminels de guerre. Le bureau de l’APN, rappelons-le , a déjà examiné ce projet de loi il y a quelques semaines déjà et renvoyé à ses membres pour qu’il y apportent certains correctifs portant surtout sur la forme.

    Cette attitude du bureau de l’APN, a fait dire à beaucoup d’observateurs que ce projet de loi ne verra jamais le jour alors qu’il a déjà reçu l’aval et l’appui non seulement du FLN, mais aussi des deux autres partis de l’Alliance, dont les députés constituent la majorité absolue à la Chambre basse. En accordant son quitus à ce projet de loi, l’APN fera sûrement beaucoup de mécontents en France.

    Car, dans ce pays, des voix se sont élevées pour critiquer et dénoncer ce projet de loi, qui a été perçu comme un moyen de pression de l’Algérie sur la France.

    Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères, a même déclaré que ce projet ne sera jamais accepté par le gouvernement algérien.

    La classe politique française, particulièrement celle de droite, a alors redoublé d’animosité à l’adresse de l’Algérie, exacerbant ainsi davantage la crise qui secoue les relations entre les deux pays. Des relations qui traversent une de leur plus mauvaise période comme l’attestent si bien les récents propos du chef de la diplomatie française.

    Bernard Kouchner, qui attend toujours le O.K d’Alger pour effecteur une visite, a, en effet, indiqué que ces relations pourraient «peut-être s’améliorer lorsque la génération de l’Indépendance, celle des moudjahidine, ne sera plus au pouvoir en Algérie».

    Ces déclarations malveillantes ont suscité un tollé général en Algérie et le président français a dépêché le secrétaire général de l’Elysée pour calmer le jeu.

    Mais l’envoyé spécial de Nicolas Sarkozy n’a pas été reçu par le président de la République, mais par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Cela dit, maintenant que l’APN a transmis ce projet de loi au gouvernement, c’est à ce dernier de trancher.

    Et sur ce plan, tout indique qu’il ne manquera pas d’émettre un avis favorable, car il ne peut aller à contre sens de la volonté populaire.

    Par Amine Salama
    Midi libre

  • #2
    Référendum

    Bon, maintenant que les choses sont ce qu'elles sont, je pense que ce truc devrqit être rendu public et débattu et, pourquoi pas, soumis à référendum si nécéssaire.
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

    Commentaire


    • #3
      Ce projet sera débattu au parlement une fois validé par le gouvernement.
      Après son adoption, il doit avoir l'aval du président et le conseil constitutionnel pour avoir le statut de loi.
      L'adoption des lois obéit à des règles strictes. Ne devançant les choses.

      Commentaire


      • #4
        Benjamin Stora décrypte le projet de loi algérien criminalisant la colonisation
        jeudi 25 février 2010
        Le dépôt d’une proposition de loi criminalisant le colonialisme français a été annoncé début février par un député FLN, Moussa Abdi, professeur d’histoire à Chlef. Ce texte aurait été remanié à plusieurs reprises ces dernières semaines et on ne sait toujours pas si le gouvernement algérien a décidé de l’inscrire au programme de l’Assemblée.

        Pierre Puchot en publie une version sur le site Mediapart ainsi qu’une analyse par Benjamin Stora pour qui ce texte marque un durcissement dans les rapports entre Paris et Alger [1].

        Proposition de loi pour la criminalisation de la colonisation française de 1830 à 1962
        ARTICLE PREMIER : Le but de cette loi est de condamner la colonisation française, ainsi que tous les actes criminels commis en Algérie de 1830 à 1962, et toutes les conséquences négatives qui en découlent.
        ARTICLE 2 : Sont considérés comme actes criminels les crimes de guerre, les crimes collectifs et les crimes contre l’humanité, contraires aux droits de l’homme, aux Conventions de Genève et aux articles 5, 6, 7 et 8 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
        ARTICLE 3 : La prescription n’est pas applicable aux actes criminels cités dans l’article 2, et aux conséquences négatives qui en résultent.
        ARTICLE 4 : Un tribunal criminel algérien sera spécialement créé dans le but de juger tous les criminels de guerre et les crimes contre l’humanité.
        ARTICLE 5 : Sera jugée devant le tribunal criminel algérien toute personne ayant commis ou participé à tout acte contre le peuple algérien cité dans l’article 2 de cette loi.
        ARTICLE 6 : Le gouvernement algérien garantit les droits de la défense aux accusés devant le tribunal criminel algérien.
        ARTICLE 7 : L’accusé sera convoqué selon les normes en vigueur, et s’il ne se présente pas, sera recherché par Interpol s’il n’est pas sur le territoire algérien.
        ARTICLE 8 : Les audiences du tribunal criminel algérien seront publiques.
        ARTICLE 9 : Le tribunal criminel algérien rend des jugements définitifs.
        ARTICLE 10 : Le tribunal criminel algérien ne prend en considération ni le poste occupé par l’accusé ni sa nationalité durant toutes les étapes du procès.
        ARTICLE 11 : Toute victime de guerre ou de crime contre l’humanité a le droit de porter plainte devant le tribunal criminel algérien, et de demander réparation et dommages pour les préjudices causés par lesdits crimes.
        ARTICLE 12 : Les organismes et associations algériens peuvent représenter les victimes décédées et celles n’ayant personne pour les défendre devant le tribunal criminel algérien, et peuvent se constituer partie civile durant toutes les étapes du procès.
        ARTICLE 13 : En cas de décès de l’accusé, le gouvernement français assume toutes les poursuites judiciaires.
        ARTICLE 14 : Le gouvernement français assume tous les crimes commis contre le peuple algérien pendant la colonisation, et leurs effets retardateurs sur la marche civilisationnelle de développement de l’Algérie de 1830 à 1962, ainsi que toutes les conséquences, jusqu’à ce jour, des mines et des radiations résultant des essais nucléaires.
        ARTICLE 15 : La France doit remettre à l’Algérie toutes les archives nationales de toute nature (écrite, sonore ou visuelle), ainsi que tout monument historique pillé.
        ARTICLE 16 : La France doit remettre à l’Algérie les listes des Algériens recherchés, morts ou vivants, en mentionnant leur localisation, ainsi que les listes des exilés.
        ARTICLE 17 : La France doit remettre à l’Algérie les plans des lieux où se trouvent des mines, ainsi que des lieux où se trouvent des substances potentiellement dangereuses pour la population et le territoire.
        ARTICLE 18 : L’avenir des relations bilatérales entre les deux pays restera lié à la reconnaissance de ces crimes par la France, dont le peuple algérien tient à recevoir des excuses, et à la réparation des préjudices moraux et matériels causés durant colonisation.
        ARTICLE 19 : Cette loi entre en vigueur et sera applicable dèsson adoption par le Parlement.
        ARTICLE 20 : Cette loi sera publiée dans le Journal Officiel de la République algérienne démocratique et populaire

        LDH TOULON

        ... /.... SUITE APRES
        « Mais quand on parle au peuple dans sa langue, il ouvre grand les oreilles. On parle de l'arabe, on parle du français, mais on oublie l'essentiel, ce qu'on appelle le berbère..."

        Commentaire


        • #5
          Analyse

          « Un texte qui, selon Benjamin Stora, marque un durcissement dans les rapports entre Paris et Alger » par Pierre Puchot, Mediapart le 25 février 2010 [2]
          •Que pensez-vous de cette proposition de loi algérienne « pour la criminalisation de la colonisation française de 1830 à 1962 » ?
          C’est un mélange de dénonciation du système colonial, principalement des critiques très virulentes de ce système en Algérie, et de demandes particulières tout à fait classiques et légitimes, notamment sur les expériences atomiques, la liste des personnes disparues, ou la restitution des cartes des mines posées en Algérie. Tout cela pose la question de l’efficacité de ce genre de démarche, car il faut resituer ces demandes dans le temps. Si l’on prend par exemple la demande de restitution des archives, que formule le texte, c’est une demande qui dure depuis plus de trente ans. Et les relations franco-algériennes sur cette question ont été très tumultueuses, pour ne pas dire plus. Sous Georges Pompidou, plusieurs meurtres d’Algériens à Marseille en 1971 avaient entraîné la nationalisation du pétrole en Algérie par Boumediene. On a aussi oublié les relations très tendues entre Valéry Giscard d’Estaing et le président algérien, notamment sur le problème du Sahara occidental. Les relations entre les deux pays étaient pratiquement au point mort, et il a fallu l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 pour que se produise une « détente ». Une des premières revendications qui a été formulée par l’Algérie à cette époque-là, c’était la restitution des archives ! Claude Cheysson était ministre des affaires étrangères, et sa visite à Alger en 1984 avait suscité de nombreuses protestations en France, puisque Cheysson avait envisagé la possibilité de restituer une partie des archives.

          Ce contentieux n’est donc ni momentané, ni conjoncturel. La décennie 1990, pendant laquelle l’Algérie a dû faire face à la guerre civile, a un peu tempéré l’urgence de cette question. Mais cela n’a pas empêché par exemple l’échec, en octobre 1995 à New York, de la rencontre du président Zeroual et Jacques Chirac. Il a d’ailleurs fallu attendre la visite de Chirac en 2003 pour que s’opère un certain réchauffement. Du discours du Vél d’Hiv en 1995 à ceux sur l’esclavage en 2006 et Madagascar en 2005, Jacques Chirac a fait progresser les questions mémorielles. Sur le plan économique, en revanche, les relations ont toujours été très bonnes.

          En 2000, la publication du livre du général Aussaresses avait relancé une grande dispute mémorielle entre les deux pays. Le problème, c’est qu’en France on ne peut juger personne en rapport avec ses actes commis durant la guerre d’Algérie. La chaîne d’amnisties juridiques qui a été construite en France depuis les accords d’Evian de mars 1962 ne permet pas sur le plan juridique, donc politique et mémoriel, d’aborder cette question de manière sereine.

          •Justement, l’article 4 du projet de loi évoque la création d’un tribunal pénal spécifique en Algérie...
          En tant qu’historien, je peux difficilement me prononcer sur le fait que l’on écrive l’histoire dans les prétoires, ce qui pourrait ainsi se substituer à l’établissement de vérités historiques. Nous avons un débat sur ce thème en France depuis de nombreuses années.

          Sur ce problème de justice, en France, depuis 1962, une chaîne juridique très complexe ne permet pas de juger des responsables politiques. Or, s’ils ne sont pas jugés en France, je ne vois pas comment les tribunaux algériens pourraient s’en emparer. Il faut signaler que cette demande est formulée cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie, et la plupart des hommes politiques français mêlés à cette histoire sont aujourd’hui décédés. Je ne vois pas quel responsable politique pourrait comparaître devant un tribunal. On peut donc se poser la question de l’efficacité sur le plan juridique de ce texte, qui peut être davantage considéré comme une déclaration politique.

          •Comment comprenez-vous l’article 14, qui pose que « le gouvernement français assume tous les crimes commis contre le peuple algérien pendant la colonisation, et leurs effets retardateurs sur la marche civilisationnelle du développement de l’Algérie de 1880 à 1962 » ? Peut-on l’interpréter comme une demande de formulation d’excuses ?
          Visiblement, c’est une demande de cet ordre. Mais elle est formulée de manière très compliquée. Le problème, c’est que, pour établir la vérité des faits, il faudrait que l’Etat algérien donne les moyens aux historiens algériens de travailler pour établir l’ensemble de ces pratiques coloniales. Or une partie des faits qui ont été établis par des historiens l’ont été dans des thèses soutenues en France, dans les années 2000, pour les massacres de Sétif et Guelma, sur la répression de l’immigration algérienne en France, sur la justice française pendant la guerre d’Algérie, ou sur la torture française pendant la guerre (la thèse de Raphaëlle Branche). On aimerait que les travaux universitaires qui permettent d’établir ce type de faits puissent se développer davantage en Algérie. Que les historiens algériens puissent travailler, par exemple, sur la destruction des villages par l’armée française, sur les camps de regroupement, sur l’utilisation du napalm ou le nombre de personnes irradiées au Sahara. Travailler, aussi, sur les crises intérieures du nationalisme algérien.

          •Comment expliquer que cette proposition de loi sorte maintenant ? Le député du FLN Moussa Abdi a confié à plusieurs reprises qu’il comptait présenter le texte à l’Assemblée au printemps.
          Cette question de la demande d’excuses et de déclaration s’inscrit dans la durée des rapports franco-algériens. On ne peut donc pas la lier à une conjoncture particulière, encore qu’il ne faille pas écarter non plus les luttes internes de pouvoir et les affaires de corruption qui peuvent éclater. Je crois qu’il s’agit d’une reprise de l’activité d’Alger sur ce problème mémoriel. Il n’y a que le travail historique qui permette d’éclaircir ce qui relève des manoeuvres et des calculs politiques, et ce qui relève de la recherche de l’établissement des faits.

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          • #6
            •En France, l’Elysée a l’air de prendre la chose très au sérieux. Nicolas Sarkozy a d’ailleurs dépêché à Alger Claude Guéant et Jean-David Levitte le week-end dernier ?
            Bien entendu : l’Algérie demeure un très grand partenaire de la France sur le plan économique et politique. Ce pays possède la plus grande façade méditerranéenne. Lors du lancement de l’Union pour la Méditerranée, on a vu comment Alger a joué un rôle essentiel. Il y a en outre la question des hydrocarbures, et le fait qu’il y ait en France une immigration algérienne très importante, qui vit ici depuis de nombreuses années. Les histoires de traumatisme, d’excuses, sont des questions qui traversent progressivement la société française, portées notamment par les enfants et petits-enfants de l’immigration algérienne. C’est d’ailleurs un problème très préoccupant : les blessures se transmettent à travers les groupes porteurs de la mémoire algérienne : les enfants de l’immigration algérienne, ceux des pieds-noirs, ceux des soldats de l’armée française ?

            Cette question de reconnaissance continue donc de peser sur la scène politique et culturelle française. D’ailleurs, quand on parle de guerre des mémoires, ce qui vient directement à l’esprit, c’est l’histoire algérienne. C’est la question la plus lourde, qui n’a pas été véritablement regardée en face par l’Etat. Depuis dix ans, s’est installée une crise des mémoires, même s’il y a quand même plusieurs choses de faites, comme la restitution par la France des cartes des mines posées aux frontières marocaine et tunisienne, celle des archives audiovisuelles de l’INA, le discours de Sarkozy à Constantine en 2007 qualifiant le système colonial « d’asservissement », le discours de Bernard Bajolet en 2008 sur les massacres de Sétif et Guelma.

            Mais, visiblement, ce qu’attendent les Algériens à la veille du cinquantenaire de l’indépendance en 2012, c’est qu’il y ait un geste plus fort de la France, plutôt qu’une multiplication de petits pas.

            •On en revient à cette question de la repentance, dont Sarkozy ne veut pas entendre parler...
            Le mot « repentance » n’est pas utilisé en Algérie, mais en France, dans le cadre du discours de « l’anti-repentance ». Ce mot n’appartient pas au vocabulaire politique ou religieux algérien. Ce que les Algériens ont exigé pendant longtemps, c’était la reconnaissance de ce qu’était la nature du système colonial, et au profit de qui ce système avait été instauré. Et puis il y a eu un durcissement mémoriel depuis une dizaine d’années, qui fonctionne par rapport à une amnésie française. Et il existe aussi en rapport avec le fait qu’au plan international, la question des blessures mémorielles est devenue un instrument politique. On le voit par exemple dans les rapports entre la Chine et le Japon, ou de l’Argentine et de la Grande-Bretagne à propos des Malouines. Il y a le sentiment chez un certain nombre d’Etats, que l’ère coloniale est finie, et qu’il faudrait que les anciennes grandes puissances en prennent conscience. On voit également les « craquements » en Afrique avec ce que l’on appelle la « deuxième indépendance » : les mouvements de jeunesse au Sénégal, en Côte d’Ivoire ? La fermeture de la base française à Dakar qui a suscité toute une série de mobilisations mais aussi de calculs politiques et de polémiques.

            Aujourd’hui, la gestion du temps colonial passé est devenue un outil d’action politique. Depuis plusieurs mois, la Tunisie elle aussi se met à aborder cette question des « excuses ». La mémoire est un enjeu de politique intérieure, comme internationale. L’Algérie est dans cette logique.

            •Peut-on imaginer un règlement à l’italienne (excuses présentées à la Libye et indemnisation financière) entre la France et l’Algérie ?
            Non, je ne pense pas. L’Italie est restée peu de temps en Libye, à peine une vingtaine d’années. Il n’y a pas eu de colonisation de peuplement. La relation entre la France et l’Algérie est beaucoup plus profonde, conflictuelle : une colonie d’un million de personnes, le déracinement de centaines de milliers de paysans, une guerre cruelle de sept ans, la chute de la IVe République... En France, l’examen critique du colonialisme se heurte à des groupes d’intérêts très puissants. Car l’Algérie française représentait une grande partie de l’empire colonial : le nationalisme français et l’orgueil national se sont façonnés autour de cet Empire. Par sa magie du verbe, autour de la « grandeur de la France », le général de Gaulle avait réussi à faire « oublier » cette perte d’Empire, à la dépasser, mais fondamentalement la France est en difficulté pour repenser un nationalisme sans l’Empire. C’est propre à tous les pays européens qui ont un grand passé colonial : Belgique, Pays-Bas, Grande-Bretagne... Il faudrait inventer des initiatives communes sur le plan symbolique. Cela ne peut pas être des lieux de mémoire comme le cimetière de Verdun entre la France et l’Allemagne.

            Mais il me semble que l’on peut réfléchir à une réconciliation entre anciens combattants. On ne fait la paix des mémoires qu’avec ceux qui se sont combattus. Et puis, il y a les enfants de soldats, de harkis et de combattants de l’ALN... qui ne sont responsables de rien et qui pourraient trouver des espaces de réconciliation mémorielle.

            •N’y a-t-il pas tout de même de ce point de vue une particularité française, par exemple cette tentative avortée en 2005 d’inscrire dans la loi un prétendu « rôle positif de la colonisation » ?
            C’est certain : si cette proposition de loi algérienne durcit les rapports entre les deux pays, c’est aussi en réponse notamment à cette loi française. Le débat en France sur ces questions s’est mené très tardivement et dans des mauvaises conditions, notamment à cause de l’amnésie française, qui continue d’être organisée sur cette question du système colonial. Il y a en France une véritable mise en scène de l’oubli, alors que l’on sait depuis longtemps beaucoup de choses sur les exactions et les tortures commises, notamment par les travaux des historiens.


            P.-S.
            Quelques compléments sur ce site

            •Archives : en février 2008, la France remet à l’Algérie une partie de ses archives filmées (lire).

            La synthèse du Contentieux archivistique algéro-français, datant de 1996, mise à jour le 15 février 2010, par Abdelkrim Badjadja, Conservateur en Chef, Directeur Général des Archives Nationales.
            •Mines : en octobre 2007, la France remet à l’Algérie les plans des mines posées aux frontières est et ouest (lire).
            •Essais nucléaires français : adoption d’une loi d’indemnisation des victimes (lire).
            Notes
            [1] Benjamin Stora, historien, est spécialiste de l’Algérie contemporaine et de l’immigration algérienne en France. Docteur en histoire et sociologie, il enseigne l’histoire du Maghreb et de la colonisation française à l’INALCO et à l’université Paris XIII.
            Son dernier ouvrage publié : Le nationalisme algérien avant 1954, éd. CNRS éditions, 346 pages, 23 €.

            [2] Cet entretien avec Benjamin Stora a été publié sur Mediapart avec l’intitulé « Le temps colonial est devenu un instrument d’action politique ».
            LDH TOULON
            « Mais quand on parle au peuple dans sa langue, il ouvre grand les oreilles. On parle de l'arabe, on parle du français, mais on oublie l'essentiel, ce qu'on appelle le berbère..."

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            • #7
              ARTICLE 4 : Un tribunal criminel algérien sera spécialement créé dans le but de juger tous les criminels de guerre et les crimes contre l’humanité.
              Ce n’est pas crédible ce projet. Depuis quand nous avons une justice en Algérie ?!

              Les rentiers de la légitimité révolutionnaire exploitent une autre fois l’histoire pour se maintenir au pouvoir et envenimer les relations avec la France.

              Comme dit Benjamin Stora dans un dossier paru dans le dernier numéro de Jeune Afrique et consacré aux relations algéro-francaises :

              "Cinquante après l’indépendance, il faudrait être d’avantage tourné vers les défis de l’avenir pour que l’Histoire ne soit pas utilisée pour justifier les insuffisances du présent."
              Dernière modification par shadok, 27 février 2010, 18h45.
              Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

              Commentaire


              • #8
                excellent et merci mr stora. Un grand mr que j ai rencontré.

                L amnésie française le président hongrois actuel veut l effacer aux noms d intérêts actuels français.
                Or un président doit assumer toute l histoire s il veut un jour se prénommer grand.
                C mouloudji ki chantait la chanson? Lui c sur c un français un grand de la chanson
                « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

                Commentaire


                • #9
                  Pour eux meme BUSH ne saurait etre coupable de quoi que ce soit devant qui que ce soit......
                  Alors c est avec fierte que je salue une ALGERIE DECOMPLEXEE............
                  Stora preche pour son clocher ,moi pour mon minaret ..........

                  Commentaire


                  • #10
                    ARTICLE 4 : Un tribunal criminel algérien sera spécialement créé dans le but de juger tous les criminels de guerre et les crimes contre l’humanité.
                    ARTICLE 5 : Sera jugée devant le tribunal criminel algérien toute personne ayant commis ou participé à tout acte contre le peuple algérien cité dans l’article 2 de cette loi.
                    Pour une fois , nos députés ont fait du bon travail !
                    Ce n’est pas crédible ce projet. Depuis quand nous avons une justice en Algérie ?!

                    Les rentiers de la légitimité révolutionnaire exploitent une autre fois l’histoire pour se maintenir au pouvoir et envenimer les relations avec la France.
                    Tu penses vraiment que la loi française du 23 fevrier 2005 a été votée dans le but d'apaiser les relations entre les deux pays ???
                    Quant à l'etat de notre justice ou la légitimité de nos gouvernants actuels , c'est du ressort exclusif du seul peuple algérien , en tout cas , ça ne pourra jamais excuser les crimes du colonialisme !
                    "Cinquante après l’indépendance, il faudrait être d’avantage tourné vers les défis de l’avenir pour que l’Histoire ne soit pas utilisée pour justifier les insuffisances du présent."
                    shadok , tu peux citer les plus grands historiens et juristes du monde , ça ne changera en rien la volonté du peuple algérien de faire reconnaitre à la France ses crimes coloniaux ; s'il fallait se tourner vers l'avenir alors pourquoi la France a jugé et condamné Klaus Barbie et pas Aussaress sachant que le français a fait des aveux où il ne regrette rien et qu'il a commis plus de crimes que l'allemand selon Maitre Vergès à moins que tu penses que les Algériens font toujours partie du 2eme collège et qu'ils doivent tout accepter du maitre !!!
                    Dernière modification par DZone, 27 février 2010, 21h07.

                    Commentaire


                    • #11
                      +1 dzone La France doit payer les affres du colonialisme qu elle a fait subir au peuple algérien la responsabilité de l état français est pleinnement engage nous exigeons une indemnisation de 1500milliars d' euros si celle ci n est pas. Satisfaite la rupture de toutes relations avec ce pays maudit dit être prononcer et exécuter l Algérie ne doit plus tergiverser avec ces hautains et bandits de grand chemins nous savons tous ici pourquoi nos responsables politiques font profil bas devant la France car souvent compromis qui l un par son faux passe l autre par corruption pour cela Kouchner n a pas tort il faut enterrer ces pseudo mammouths révolutionnaire la nouvelle génération n est pas ligotée par la france et on n a rien a cache (en cela il a tort s il pense trouve en la nouvelle generation une quelquonque docilité il se fourre le doigt dans l œil nous sommes plus enclin a voir vers les chinois les américains )
                      The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

                      Commentaire


                      • #12
                        1500 milliards d'euros ok, mais tu crois que les algériens en profiteront.
                        ils profitent meme pas des ressources de leur pays. ressources qui dépassent largement les 1500 milliards.
                        le métro d'alger il est en route ou pas?

                        Commentaire


                        • #13
                          1500 milliards d'euros ok, mais tu crois que les algériens en profiteront.
                          On dirait que tu es plus préoccupée par ta touffe que par l'honneur et la dignité des Algériens qui ont subi le joug colonial !
                          Le topic est sur la criminalisation du colonialisme et non sur la corruption en Algérie mais si tu es si préoccupée que ça par l'etat du trésor public et si tu es honnete avec toi-même , tu devrais dénoncer l'utilisation de l'argent du contribuable français pour faire le siège maritime de Gaza et du Liban au profit des Sionistes!

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                          • #14
                            Ré plus un avec ces gens la il faut taper la ou ça mal c a d' a la poche de toute façon même s il y a excuses elles ne seront pas sincères explorons plutôt le cote indemniation
                            The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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                            • #15
                              Je ne vois aucune utilité à cette loi...
                              Juger des gens pour la majorité morts, ça donne quoi à l'Algérie ?

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