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Les élèves, otages du conflit syndicats-ministère de l’Education en Algérie

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  • Les élèves, otages du conflit syndicats-ministère de l’Education en Algérie

    Des syndicats de l’Education nationale créent le suspense. Ils font presque du chantage aux responsables du ministère ainsi qu’aux parents d’élèves pour la satisfaction d’un ensemble de revendications considérées pourtant comme satisfaites par l’opinion publique nationale en Algérie.

    Confusion et indignation


    Des voix s’interrogent sur les raisons de cette nouvelle grève qui n’a pas lieu d’être après l’annonce d’augmentations salariales «assez importantes» pour tout le corps enseignant. Elle est d’autant plus inquiétante qu’elle survient en pleine période de compositions.

    Le programme scolaire est trop chargé pour permettre des arrêts de cours, et les préjudices causés par le débrayage de 20 jours du mois de novembre dernier ne sont pas encore réparés.

    Les enfants sont à la croisée des chemins.

    Ils sont plus indignés qu’inquiets pour leur avenir. Chaque matin, ils se lèvent de bonne heure, prennent le chemin de l’école et attendent devant le portail, sinon dans la cour, l’arrivée du surveillant général ou d’autre responsable qui leur donnera le programme du jour. Quel est l’enseignant qui fait la grève et quel est celui qui assure les cours. «Les enfants sont tous dehors. Il n’y a pas de cours…», affirme une femme sur un ton réprobateur. Elle ne prend pas le parti du ministère mais ne soutient pas non plus les syndicats à l’origine du mouvement. «Ils ont bénéficié d’augmentations de salaires et elles sont conséquentes. Ils touchent mieux que beaucoup d’autres fonctionnaires et pour quelques heures de travail seulement», s’exclament des citoyens.

    «Nous allons, nous aussi, faire grève», lancent d’autres qui voient leurs salaires inférieurs à ceux octroyés aux enseignants. Cette dernière grève risque de durer avec la possibilité d’aller vers une année blanche au grand dam des élèves et des parents.

    Quels que soient les arguments donnés par les deux syndicats à l’origine de ce mouvement, à savoir l’UNPEF (Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation) et le CNAPEST (Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique), ils restent trop peu convaincants pour justifier un tel durcissement, surtout que d’autres syndicats ayant menacé, eux aussi, de recourir à la grève ont renoncé après l’annonce des nouvelles augmentations. Et ils ne sont pas des moindres : CLA (Conseil des lycées d’Algérie), SATEF (Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation) et SNAPEST (Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique).

    Que se passe-t-il donc dans le secteur de l’éducation pour qu’il y ait autant d’agitation et de confusion ?

    Pourquoi ce recours systématique à des grèves qui n’aboutissent pas toujours aux objectifs tracés ?

    Les deux syndicats qui ont opté pour la grève, affirment être révoltés par la manière adoptée par le ministère pour résoudre un conflit social. C’est-à-dire le fait d’avoir rendu publics leurs salaires et dans pratiquement tous les journaux de la presse écrite, ainsi que dans les médias lourds.
    De plus, indiquent-ils, les chiffres donnés par le ministère ont été «gonflés» pour «tromper l’opinion publique».

    Perte de confiance et manque de communication

    Si cela s’avère exact, ce sera vraiment déplorable pour toute l’institution de Boubekeur Benbouzid qui aura ainsi perdu toute sa crédibilité non seulement auprès des enseignants et de la famille éducative mais aussi auprès de toute la composante de la société civile.

    Cette perte de confiance pourrait entraîner plus de problèmes qu’elle n’en résoudrait. La confiance et la communication efficace, voire la communication tout court, sont les deux éléments indispensables à l’établissement de relations humaines dont dépendent les relations professionnelles. Si elles ne reprennent pas leur place, la situation restera bloquée.

    Autre point soulevé par les deux syndicats : la gestion des œuvres sociales.

    «Nos revendications ne portent pas seulement sur des augmentations de salaires mais aussi sur la gestion des œuvres sociales et la réhabilitation de la médecine du travail», soutiennent-ils. En ce qui concerne le premier point, les syndicalistes rappellent qu’un accord avait été conclu avec le département de Benbouzid avant l’arrêt de la grève du mois de novembre 2009 pour retirer à l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens) le droit de gérer seule ce fonds de plusieurs milliards de dinars.

    «Le ministre hésite encore à signer le document concernant la gestion des œuvres sociales. Il semble qu’il y ait des pressions sur lui», entend-on dire, faisant allusion à l’UGTA. Et tant que cette question n’est pas réglée, leur position restera la même : le maintien du mouvement de grève.
    Toutefois, le fait que les deux syndicats insistent sur cette question, contrairement à d’autres, suscite une autre interrogation : l’UNPEF et le CNAPEST ne cherchent-ils pas à gérer eux-mêmes ce fonds ? De toutes les façons, c’est ce que pensent de nombreux citoyens interrogés sur la question. «Ils prennent en otages les enfants pour une histoire d’argent», lancent des parents d’élèves.

    Et ces derniers d’attirer l’attention sur la persistance de nombreux problèmes concernant le côté pédagogique mais pour lesquels les syndicats ne réagissent pas.

    «Ils ne pensent qu’à leurs propres intérêts», s’insurgent-ils. Surcharge des programmes scolaires, manque d’enseignants dans certaines matières, surcharge des classes, manque de transport, manque de réfectoires, absence de chauffage… jusqu’à la qualité médiocre de l’enseignement sont des problèmes assez sérieux qui attendent d’être résolus rapidement.

    Sans compter le recours des élèves à des cours de soutien assurés par les mêmes enseignants qui les instruisent en classe.

    Les syndicats parlent de leurs problèmes salariaux et professionnels mais pas du «malaise» et de la «souffrance» de leurs élèves qui n’arrivent pas à suivre les cours ni à tracer leur avenir en raison des problèmes pédagogiques, psychologiques et, bien entendu, des conditions sociales de nombre de parents qui gagnent mal leur vie et font difficilement face aux problèmes du quotidien.

    Les enseignants ne parlent pas des problèmes des élèves, lesquels n’expriment pas non plus leurs doléances et ne font pas de propositions.
    Rares sont les établissements où l’on encourage ce genre d’initiatives.

    Quant aux parents d’élèves, ils ne se manifestent qu’en de rares occasions.
    Une Fédération nationale des associations des parents d’élèves existe mais elle ne réagit que lorsque le ministre lui demande de lui apporter son soutien.

    Du côté des partis politiques et du mouvement associatif, les débats sur le sujet sont renvoyés aux calendes grecques. Les élèves semblent être livrés à eux-mêmes, confrontés à des problèmes pédagogiques et aux conflits syndicats-ministère.

    Par Karima Mokrani, La Tribune
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