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Détresse et colère des fellahs des Moualid et de Ouled Chafaâ

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  • Détresse et colère des fellahs des Moualid et de Ouled Chafaâ

    Les fellahs de la région des Moualid et Ouled Chafaâ, dans la commune de Saf-Saf, n’ont plus que leurs larmes pour supporter le massacre à ciel ouvert que viennent de commettre des engins de travaux publics censés apporter le progrès dans cette région enclavée de l’Agboub.

    Sur place, la désolation se lit sur tous les visages. Ni les anciens ni les plus jeunes ne seront demeurés insensibles à ce qui ressemble à un vrai cataclysme environnemental.

    En empruntant le CW 6 reliant Bouguirat à Sidi Khettab, via Saf-Saf, on a une idée précise de la largeur d’une route départementale, mais une fois le village traversé, dès que l’on aborde le chemin communal 42 reliant Saf-Saf à Bouguirat via Moualdia et Ouled Chafaâ, on débouche rapidement sur un immense chantier qui fait de suite penser à l’aménagement d’une bretelle d’autoroute, tant la largeur de la chaussée dépasse tout entendement.

    Les bulldozers se sont donnés à cœur joie pour réduire les haies, détruisant les brise- vents qui protègent les vergers d’agrumes et de vignes.

    Sur toute la longueur du trajet reliant Ouled Chafaâ, une large bande de gravats, d’où émergent racines et troncs et branches, met à découvert les plantations. Certaines maisons auront été dangereusement rapprochées de la chaussée, les poteaux téléphoniques ou ceux de Sonelgaz sont souvent contournés par les bulldozers et les gravats.

    Les engins auront mis une rare application à élargir inconsidérément les bas-côtés, si bien que, par endroit, en plus des 10 m de la chaussée centrale, on peut mesurer jusqu’à 4 m de chaque côté. De toutes parts, nous sommes harcelés par les riverains qui tempêtent contre cette expédition sur leurs terres.

    Tantôt ce sont de séculaires figuiers et oliviers, tantôt ce sont les vieux cépages ou les alignements des maraichages qui auront fait les frais de cette furie destructrice.


    Certains interlocuteurs parlent de menaces proférées par l’entrepreneur à qui on fait dire qu’une pénalité de 4 millions serait appliquée à tout riverain qui entraverait les travaux.

    Menaces sur les récoltes et la faune

    D’autres soutiendront que certains conducteurs d’engins, face à l’opposition des fellahs, auraient sciemment travaillé la nuit. Cependant, tous les habitants sont unanimes pour convenir que la réfection de ce chemin était fortement souhaitée par la population. Par contre, tous craignent les conséquences à long terme sur le milieu. Un spécialiste de l’agriculture traditionnelle se souvient des effets catastrophiques provoqués par le remembrement des années 60 en France qui n’aura pas été sans conséquence sur la faune et la flore du milieu.

    Ajoutant sentencieusement que la diversité et la population de toutes les espèces présentes, et utiles à la chaîne alimentaire, vont diminuer en raison des perturbations imposées à ces milieux naturels. Pour ces vignobles et ces vergers, la saison estivale risque de mettre à nu toute la végétation.

    En effet, alors qu’en de rares endroits, des haies artificielles auraient été érigées afin de protéger les champs du vent d’ouest, les fellahs appréhendent l’apparition des premiers bourgeons et des premières fleurs.

    L’absence de brise-vents que constituaient les haies de Casuarina et d’Acacias laissera passer les rafales de vents de sables qui s’acharneront sur les jeunes pousses. Ni les feuilles ni les fleurs et les grappes ne seront alors épargnées, ce qui se traduira par une perte considérable sur les récoltes futures. La mise à nu des bordures de la route sera une proie facile pour la pluie et les vents dominants qui sont, ici plus qu’ailleurs, des facteurs d’érosion.

    Les talus, s’ils ne sont pas renforcés, iront encombrer la chaussée et les champs. Dans les agglomérations, ce sont les ruelles qui serviront de réceptacles aux vagues de sables dont la région regorge. Certains riverains, excédés par ce chantier de toutes les dérives, auront fait appel à un huissier afin de faire constater les dégâts occasionnés à leur milieu.

    Tous auront apparemment pris conscience que ces dérives auront un prolongement car, curieusement, ni les élus locaux ni l’administration ne semblent avoir de prise sur ces évènements d’une extrême gravité pour cette fertile région agricole.


    Par Yacine Alim , El watan
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