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Camus, un humaniste et un moraliste courageux

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  • Camus, un humaniste et un moraliste courageux

    Dans cet entretien passionnant,Hamid Grine l’auteur de Cueille le jour avant la nuit donne sa position sur cette polémique «Camus» en Algérie qui fait les choux gras de la presse française. Ni pour ni contre. Il s’explique...

    L’Expression: Etes-vous pour la caravane célébrant Albert Camus en Algérie?

    Hamid Grine: La caravane Camus en Algérie. Au secours? philosophiquement, je suis contre cette attitude qui consiste à se figer dans la réaction. Et à tirer sur tout ce qui bouge. Nom de Dieu, bougeons: lançons une caravane Mammeri, une caravane Dib, une autre Kateb, Feraoun, Haddad... personne ne nous en empêche, hormis notre inertie. Et elle est plus dangereuse que la caravane qui ne fait que passer alors que notre inertie demeure.

    Qu’en est-il de la célébration de son cinquantième anniversaire en France et en Algérie. Etes-vous pour ou contre?

    Parlons d’abord de l’écrivain. Camus est un grand écrivain français né en Algérie. C’est un humaniste et un moraliste qui a pris des positions courageuses quand certains de ses contemporains, écrivains algériens, préféraient écrire sous des noms d’emprunt pour ne pas être inquiétés. Notre problème, nous Algériens, c’est qu’on passionne tout ce qu’on touche. On passe d’un extrême à un autre, on juge, on condamne émotionnellement.
    Si on considère Camus comme un écrivain algérien, on peut, c’est vrai, lui reprocher durant la guerre de Libération son silence et, pour tout dire, sa tiédeur. Les écrivains algériens, à l’exception d’un seul, n’ont pas fait mieux que lui. Je peux même dire que certains, et c’est important de le souligner, ont fait moins.

    Changeons de perspective: regardons Camus comme un écrivain français, et croyez-moi, on appréciera mieux ses prises de position courageuses dans ses reportages de Alger Républicain sur la Kabylie, en 1939 ainsi que les articles dans Combats, en 1945 pour fustiger, il était bien le seul, la répression aveugle et sanglante des populations du Constantinois. Je n’ai pas vu d’autres voix françaises à l’époque.

    Camus est venu de France pour témoigner et condamner.

    Alors célébration ou non en Algérie? Si on veut célébrer l’humaniste, le moraliste, le prix Nobel né en Algérie, le journaliste courageux, pourquoi pas?
    Mais si on veut célébrer l’homme qui a mis dos à dos les forces d’occupation et le FLN ainsi que l’ALN, moi je dis non. Camus n’était pas un héros de la cause algérienne comme l’étaient Jean Daniel, Jules Roy, tous deux Algériens de souche ou André Mandouze et Sartre. Camus n’était pas pour l’indépendance de l’Algérie, mais pour l’autodétermination reliée à la France. Il était français, non un colon, mais un petit Blanc de Belcourt. Il se définissait comme tel, d’ailleurs.

    Un mot sur cette pétition qui circule à Alger afin d’interdire justement cette caravane qui se rendra bientôt à Alger pour le célébrer. Qu’en pensez-vous?

    Pétition: ni pour ni contre. Il est heureux que chacun exprime démocratiquement et librement sa position. Par le dialogue et les débats. Qu’il y ait réaction à la venue de la caravane, moi j’y vois comme une sorte de vitalité et de réactivité démocratique.

    Il ne faut pas qu’elle se transforme en querelle d’hommes et en anathèmes du genre hizb frança et autres «joyeusetés». Nul n’est dépositaire du nationalisme et du patriotisme.

    Par L'Expression
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