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Algérie, une histoire culturelle à reconstituer

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  • Algérie, une histoire culturelle à reconstituer

    En Algérie, c’est une course contre la montre à laquelle sont soumis les pouvoirs publics chargés de veiller sur le patrimoine sous ses deux formes matérielle et immatérielle.

    A vrai dire, depuis que les traces historiques des différentes civilisations ont commencé à prendre quelques rides supplémentaires sous le poids de l’inconscience générée par l’amnésie, voire par l’insouciance pour la préservation des valeurs historiques formant le puzzle de l’identité des sociétés et des peuples, il y a eu une sorte d’éveil. Ces dernières années, on tente de reconstituer le diaporama des régions riches en vestiges et coutumes à travers l’Algérie.

    Toutefois, les résultats des actions et tentatives menées pour sauvegarder les cités anciennes censées être rénovées à temps avant de tomber en ruine demeurent pour le moins mitigés.

    Le cas le plus éloquent est celui de la Casbah d’Alger qui attend toujours d’être restaurée. La population locale de l’Algérie profonde prend toujours comme échantillon cette mosaïque ancestrale pour tirer des parallèles avec tout ce qui se trame au fond du pays. «Si ce lieu riche d’histoire et de surcroît implanté dans la capitale tarde à voir sa propre réhabilitation, comment peut-on espérer une prise en charge effective de ce genre de cités en d’autres régions reculées ?» s’interrogent des citoyens soucieux de la préservation du patrimoine.

    Même son de cloche, avec un bémol, chez un autre Constantinois plus optimiste qui avoue sa satisfaction sur ce qui se fait dans la capitale de l’Est en matière de sauvegarde et de récupération du patrimoine en déperdition. A cet effet, il donnera l’exemple de la médina en réhabilitation partielle. «Je pense que le plus dur est passé… La vieille ville reprend quelques facettes de son lustre… quoique dénaturée par des massacres ultérieurs», estimera-t-il. En fait, Constantine doit son salut à son rocher et relief inébranlables.

    A cela faudra-t-il ajouter peut-être un peu de baraka ? Sans quoi la cité millénaire aurait depuis longtemps sombré dans le néant et les mémoires n’en auraient gardé que quelques contours, jusqu’à ce qu’elles s’éteignent elles-mêmes.

    Aujourd’hui, l’étape de la protection est dépassée.

    Il importe de songer à promouvoir cet acquis avec de nouveaux concepts pour pouvoir le faire adopter, d’abord, aux générations dont les tendances sont variables, avant de les amener à le considérer comme partie intégrante de leur identité.

    De tout temps, la population clame l’oubli dans lequel sont tombés les us et traditions locaux. Mais à chaque rendez-vous qui se présente pour débattre du sujet, on se limite toujours à faire le constat, sans suggérer des actions concrètes à mener pour préserver ces pans de la mémoire collective, ni même ouvrir, pour le moins, des voies de réflexion qui permettraient d’aboutir à une meilleure prise en charge des patrimoines tangibles et intangibles de la ville. En dépit de l’existence de plusieurs associations sur le terrain, actives les unes comme les autres, Constantine peine à recouvrer son lustre de capitale historique à multiples facettes. Et repousse les quelques tentatives qui voudraient
    remédier à cette situation. «On ne veut pas que notre ville soit assimilée uniquement au maalouf, aux gâteaux traditionnels…» dira un universitaire adepte des anciennes civilisations, mais aussi ayant un penchant indéfectible pour l’universalité. Cet avis fait l’unanimité, ou presque. Il est clair que les habitants de Constantine, dans leur majorité, ne veulent guère voir leur ville se renfermer sur elle-même pour garder jalousement quelques bribes de son identité culturelle, au lieu de s’ouvrir au monde et de travailler à réunir et préserver toutes ses richesses patrimoniales qu’elle pourra dès lors exhiber aux yeux du monde.

    Pour ce faire, il faudrait asseoir une nouvelle politique, estiment des historiens et des défenseurs du patrimoine. Ainsi, multiplier les rencontres culturelles, réaliser des excursions aux abords des lieux chargés d’histoire, diffuser cette histoire et la faire connaître en mettant à contribution ces nouvelles technologies de la communication permettrait de ressusciter l’identité des villes.

    Pourquoi ne pas établir des rendez-vous supplémentaires, parallèlement aux dates officielles de cette culture événementielle, afin que ces témoins de l’histoire soient connus et interrogés ?

    Autrement dit, que chaque contrée puisse disposer de sa carte d’identité culturelle et civilisationnelle. Ce faisant, quand bien même les villes subiraient les métamorphoses et les extensions urbanistiques imposées par l’évolution socio-économique et la nécessité de moderniser le tissu urbain, et c’est le cas de Constantine, elles ne s’étendront pas au détriment de témoins de leur histoire et de leur identité qui ont été répertoriés au préalable.

    Aussi, historiens (les vrais), archéologues, ethnologues, architectes et hommes de culture devraient avoir leur mot à dire quand il s’agira d’élaborer ces fameux plans d’urbanisation, extension et aménagements urbains, ce qui n’est pas le cas.

    Et le résultat, on le connaît : de nombreux témoins de l’histoire qui ont résisté au temps se sont retrouvés balayés par cette vague de «bétonnisation»…

    Par la Tribune
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