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Plus une société patriarcale se montre dure à l’égard du sexe féminin, et plus, elle exprime sa peur. Peur de la castration mais peur aussi d’une révolte des femmes qui briserait le bel édifice ordonné par les hommes, à leur profit. La logique de l’exclusion les protège de la concurrence des femmes. Elle les rassure sur leur spécificité et interdit la comparaison avec l’autre sexe.
Elisabeth Badinter ”L’un est l’autre”
Le rappel de Nassera Merah. Chercheur universitaire, féministe en Algérie : Le 8 Mars ? Trois petites heures, d’une journée, qui dérangent
Comment et pourquoi le 8 Mars est devenu notre journée ? Contrairement à ce que prétendent certains, la Journée internationale des femmes et la demi-journée accordée aux femmes travailleuses ne sont pas un cadeau offert par le patronat. Cette journée représente la commémoration des luttes des femmes depuis le XIXe siècle pour leurs droits. Est-elle dépassée aujourd’hui ? Bien au contraire, elle reste d’une brûlante actualité. C’est l’occasion que saisissent les femmes, les Etats et les organisations de dresser les bilans et proposer des mesures en vue de promouvoir les droits des femmes. Tant que les femmes ne sont pas reconnues comme citoyennes à part entière, cette journée doit rester un symbole du combat des femmes et doit être célébrée.
Elle symbolise, d’une part, les fruits des combats et luttes menés et, d’autre part, les résistances et parcours silencieux des femmes opprimées et interdites de parole. En Algérie, la journée a été instaurée après l’indépendance car les pays de l’Est, où cette date était retenue, influençaient la politique socialisante du pays. Contrairement aux idées préconçues, cette journée n’est pas une invention des mouvements de libération des femmes des années 60 et 70. Elle a été instaurée, depuis le début du XXe siècle, par les femmes qui se sont réunies pour défendre leurs droits et réclamer le droit de vote.
En 1917, après la grève des ouvrières de Saint Pétersbourg, cette date a été retenue. Dix ans après la proposition faite par Clara Zetkin, lors de la conférence internationale des femmes socialistes, tenue en 1910 à Copenhague. Après la Seconde Guerre mondiale, la Journée internationale des femmes devient une tradition dans le monde entier. La Journée internationale de la femme a été officialisée, en 1977, par les Nations unies, deux ans après l’année internationale de la femme. Elle est là pour rappeler, aux détenteurs du pouvoir, la nécessité d’adopter les mesures pour concrétiser les victoires des luttes féminines et éliminer les discriminations. En France, elle n’est reconnue qu’en 1982.
1857 ? la date et les événements sont contestés. Comme toutes les dates symboliques, le 8 Mars n’est pas la date anniversaire d’un seul événement historique. La manifestation du 8 mars 1857 des ouvrières américaines du textile n’est plus retenue comme étant l’origine de cette commémoration. Cependant, il est incontestable que cette journée s’ancre bel et bien dans les luttes ouvrières et les nombreuses manifestations de femmes réclamant le droit de vote, de meilleures conditions de travail et l’égalité entre les hommes et les femmes, qui agitèrent l’Europe, au début du XXe siècle. 1910 : Conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague et proposition du 8 mars.
1911 : Des manifestations impressionnantes ont lieu dans un grand nombre de pays d’Europe et aux États-Unis. Dans la seule ville de Berlin, 45 meetings rassemblent plus de 40 000 participants et plus de 30 000 femmes défilèrent dans les rues de Vienne en Autriche. 1913 : Des rassemblements clandestins sont organisés en Russie, notamment à Saint-Pétersbourg. 1914 : Mary Richardson lacère de coups de couteau la statue de la Vénus de Vélasquez et déclare vouloir, « détruire le portrait de Vénus, la plus belle femme de l’histoire mythologique, pour protester contre le gouvernement qui détruit Miss Pankhurst, le plus beau caractère de l’histoire moderne ».
1915 : Alexandra Kollontaï organise à Christiana, près d’Oslo, une manifestation des femmes contre la guerre et Clara Zetkin propose une conférence internationale des femmes, prélude à la conférence de Zimmerwald.
Le 8 mars 1917 (dans le calendrier géorgien, le 23 février) des femmes manifestent en Russie. „Sans tenir compte de nos instructions, les ouvrières de plusieurs « tisseries » se sont mises en grève et ont envoyé des délégations aux métallurgistes pour leur demander de les soutenir… Il n’est pas venu à l’idée d’un seul travailleur que ce pourrait être le premier jour de la Révolution„ (Trotsky, Histoire de la Révolution russe). En 1925, on se contente d’appeler les femmes à lutter contre le colonialisme et en 1932/1933 à se révolter contre le fascisme. Depuis les années 70, le 8 Mars reprendra une place symbolique importante dans les luttes des femmes. Les activités sont souvent lancées un 8 mars. Quand un Etat ou une institution veut montrer qu’il - ou elle - se préoccupe de la condition et de la place des femmes, il - ou elle - profite du 8 Mars pour faire des déclarations. Les femmes sont « honorées » lors de cérémonies qu’on organise le 8 mars. Ce même jour, les femmes manifestent pour leurs droits ou en solidarité avec les femmes qui luttent dans d’autres pays.
Le premier 8 mars historique date de 1965. Elles ont exprimé leur révolte contre l’arriération où elles sont maintenues trois ans après l’indépendance. Depuis, les femmes s’en saisissent pour affirmer leur position et exprimer leurs revendications. Nombre de rassemblements et réunions se sont tenus depuis. Des protestations contre le projet de code de la famille aux amendements, elles se sont mobilisées tous les 8 mars depuis plus de trente ans. Politiquement la journée est instrumentalisée. Des galas sont offerts aux femmes. Dans les faits, socialement elle est reconnue. Presque toutes les femmes et les hommes s’y préparent. Les fleuristes préparent des bouquets pour la circonstance.
C’est le jour où les hommes, en Algérie, sont en paix avec eux-mêmes. Ils oublient pour une journée leur agressivité et sourient aux femmes en leur souhaitant bonne fête. Cependant, qu’elle soit instrumentalisée, manipulée ou détournée de son objectif initial, cette journée reste et doit rester la journée des femmes. C’est le seul repère qui leur soit reconnu en tant que groupe social. L’existence de cette journée rappelle l’existence des femmes. Aux femmes de lui donner le contenu qui leur convient.
Par Nassera Merah, El Watan
Elisabeth Badinter ”L’un est l’autre”
Le rappel de Nassera Merah. Chercheur universitaire, féministe en Algérie : Le 8 Mars ? Trois petites heures, d’une journée, qui dérangent
Comment et pourquoi le 8 Mars est devenu notre journée ? Contrairement à ce que prétendent certains, la Journée internationale des femmes et la demi-journée accordée aux femmes travailleuses ne sont pas un cadeau offert par le patronat. Cette journée représente la commémoration des luttes des femmes depuis le XIXe siècle pour leurs droits. Est-elle dépassée aujourd’hui ? Bien au contraire, elle reste d’une brûlante actualité. C’est l’occasion que saisissent les femmes, les Etats et les organisations de dresser les bilans et proposer des mesures en vue de promouvoir les droits des femmes. Tant que les femmes ne sont pas reconnues comme citoyennes à part entière, cette journée doit rester un symbole du combat des femmes et doit être célébrée.
Elle symbolise, d’une part, les fruits des combats et luttes menés et, d’autre part, les résistances et parcours silencieux des femmes opprimées et interdites de parole. En Algérie, la journée a été instaurée après l’indépendance car les pays de l’Est, où cette date était retenue, influençaient la politique socialisante du pays. Contrairement aux idées préconçues, cette journée n’est pas une invention des mouvements de libération des femmes des années 60 et 70. Elle a été instaurée, depuis le début du XXe siècle, par les femmes qui se sont réunies pour défendre leurs droits et réclamer le droit de vote.
En 1917, après la grève des ouvrières de Saint Pétersbourg, cette date a été retenue. Dix ans après la proposition faite par Clara Zetkin, lors de la conférence internationale des femmes socialistes, tenue en 1910 à Copenhague. Après la Seconde Guerre mondiale, la Journée internationale des femmes devient une tradition dans le monde entier. La Journée internationale de la femme a été officialisée, en 1977, par les Nations unies, deux ans après l’année internationale de la femme. Elle est là pour rappeler, aux détenteurs du pouvoir, la nécessité d’adopter les mesures pour concrétiser les victoires des luttes féminines et éliminer les discriminations. En France, elle n’est reconnue qu’en 1982.
Pourquoi cette date a été choisie ? Quelles sont ses origines ?
1857 ? la date et les événements sont contestés. Comme toutes les dates symboliques, le 8 Mars n’est pas la date anniversaire d’un seul événement historique. La manifestation du 8 mars 1857 des ouvrières américaines du textile n’est plus retenue comme étant l’origine de cette commémoration. Cependant, il est incontestable que cette journée s’ancre bel et bien dans les luttes ouvrières et les nombreuses manifestations de femmes réclamant le droit de vote, de meilleures conditions de travail et l’égalité entre les hommes et les femmes, qui agitèrent l’Europe, au début du XXe siècle. 1910 : Conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague et proposition du 8 mars.
1911 : Des manifestations impressionnantes ont lieu dans un grand nombre de pays d’Europe et aux États-Unis. Dans la seule ville de Berlin, 45 meetings rassemblent plus de 40 000 participants et plus de 30 000 femmes défilèrent dans les rues de Vienne en Autriche. 1913 : Des rassemblements clandestins sont organisés en Russie, notamment à Saint-Pétersbourg. 1914 : Mary Richardson lacère de coups de couteau la statue de la Vénus de Vélasquez et déclare vouloir, « détruire le portrait de Vénus, la plus belle femme de l’histoire mythologique, pour protester contre le gouvernement qui détruit Miss Pankhurst, le plus beau caractère de l’histoire moderne ».
1915 : Alexandra Kollontaï organise à Christiana, près d’Oslo, une manifestation des femmes contre la guerre et Clara Zetkin propose une conférence internationale des femmes, prélude à la conférence de Zimmerwald.
Le 8 mars 1917 (dans le calendrier géorgien, le 23 février) des femmes manifestent en Russie. „Sans tenir compte de nos instructions, les ouvrières de plusieurs « tisseries » se sont mises en grève et ont envoyé des délégations aux métallurgistes pour leur demander de les soutenir… Il n’est pas venu à l’idée d’un seul travailleur que ce pourrait être le premier jour de la Révolution„ (Trotsky, Histoire de la Révolution russe). En 1925, on se contente d’appeler les femmes à lutter contre le colonialisme et en 1932/1933 à se révolter contre le fascisme. Depuis les années 70, le 8 Mars reprendra une place symbolique importante dans les luttes des femmes. Les activités sont souvent lancées un 8 mars. Quand un Etat ou une institution veut montrer qu’il - ou elle - se préoccupe de la condition et de la place des femmes, il - ou elle - profite du 8 Mars pour faire des déclarations. Les femmes sont « honorées » lors de cérémonies qu’on organise le 8 mars. Ce même jour, les femmes manifestent pour leurs droits ou en solidarité avec les femmes qui luttent dans d’autres pays.
Que s’est-il passé les 8 mars en Algérie ?
Le premier 8 mars historique date de 1965. Elles ont exprimé leur révolte contre l’arriération où elles sont maintenues trois ans après l’indépendance. Depuis, les femmes s’en saisissent pour affirmer leur position et exprimer leurs revendications. Nombre de rassemblements et réunions se sont tenus depuis. Des protestations contre le projet de code de la famille aux amendements, elles se sont mobilisées tous les 8 mars depuis plus de trente ans. Politiquement la journée est instrumentalisée. Des galas sont offerts aux femmes. Dans les faits, socialement elle est reconnue. Presque toutes les femmes et les hommes s’y préparent. Les fleuristes préparent des bouquets pour la circonstance.
C’est le jour où les hommes, en Algérie, sont en paix avec eux-mêmes. Ils oublient pour une journée leur agressivité et sourient aux femmes en leur souhaitant bonne fête. Cependant, qu’elle soit instrumentalisée, manipulée ou détournée de son objectif initial, cette journée reste et doit rester la journée des femmes. C’est le seul repère qui leur soit reconnu en tant que groupe social. L’existence de cette journée rappelle l’existence des femmes. Aux femmes de lui donner le contenu qui leur convient.
Par Nassera Merah, El Watan